CLAUDE-JOSEPH VERNET (AVIGNON 1714-1789 PARIS)
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CLAUDE-JOSEPH VERNET (AVIGNON 1714-1789 PARIS)

Matin : la tempête ; et Soir : le calme

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CLAUDE-JOSEPH VERNET (AVIGNON 1714-1789 PARIS)
Matin : la tempête ; et Soir : le calme
Huile sur toile marouflée sur carton, circulaire
8,2 cm. (3¼ in.) diam., une paire (2)
Special Notice
No VAT will be charged on the hammer price, but VAT payable at 19.6% (5.5% for books) will be added to the buyer’s premium which is invoiced on a VAT inclusive basis
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THE STORM AND THE CALM, OIL ON CANVAS LAID DOWN ON BOARD, CIRCULAR, A PAIR, BY CLAUDE-JOSEPH VERNET

Lot Essay

Joseph Vernet a connu dès son séjour romain un succès considérable qui ne s'est jamais démenti. Choyé par la clientèle britannique qui le découvre, distingué par le précieux mécénat de Louis XV qui lui confie la commande des Ports de France, Joseph Vernet entre à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture déjà auréolé d'une réputation internationale. Malgré cela, Vernet n'est pas à sa place.

En effet, ami intime de Subleyras à Rome, il bénéficie des études de la figure grâce à un régime dérogatoire qui lui permet de suivre les mêmes cours que son camarade, alors qu'il n'est pas pensionnaire de l'Académie de France. Aussi Joseph est-il accoutumé au difficile exercice de l'étude sur le vif propre à celle d'un artiste du grand genre. L'expression d'une attitude, la spiritualité d'un visage sont autant de morceaux de bravoure dans lesquels il excelle et qui demeurent inaccessibles au commun des peintres de paysages. Les passions de l'âme humaine, leur traduction graphique dramatique dans le registre de l'allégorie, de la peinture religieuse ou historique sont en revanche le domaine de prédilection des peintres d'histoire pour lesquels ceux-ci reçoivent commande. Joseph, formé aux mêmes enseignements, en est en revanche privé. Et c'est dans cette frustration qui met aux prises sa carrière avec ses aspirations qu'il convient peut-être de rechercher l'une des clés du génie de ce maître. Confronté à l'obstacle insurmontable que représente la Surintendance des Bâtiments du Roi, Vernet réclame sans cesse la permission au marquis de Marigny de peindre des tempêtes, en lieu et place des calmes qui sont exigés de lui. Cette querelle redondante est emblématique du désir de Vernet de mettre en scène l'expression déchainée des passions humaines. Et notamment de la tragédie. Bien loin des vues topographiques qui lui sont réclamées, l'art de Vernet prend pour objet non pas le paysage, mais bel et bien la figure.

Dans cette perspective, le théâtre de la nature est un paysage tourmenté bordé de part et d'autre d'arbres et de rochers dans une véritable conscience scénographique. Ainsi par exemple ses oeuvres présentent un paysage non pas décoratif, inerte, mais qui participe bien au contraire activement à l'expression des passions. Le pêcheur reprend son filet sous les assauts furieux d'une mer déchainée, la femme lève les bras au ciel dans la crainte de voir son époux disparaître, tandis que les arbres ploient sous le vent, le feuillage retourné par des bourrasques violentes. La mer est l'écho de ces craintes, et l'on se prend au spectacle virtuose de ces dangers, à trembler de concert avec les pêcheurs, les marins, leurs épouses.

Comment ne pas songer que dans ces oeuvres de petit format, le génie de Vernet s'exprime sans la contrainte d'une commande officielle ? Libre dans son art, le maitre d'Avignon brosse ici tout à la fois délicatement et vigoureusement les figures, l'admirable napolitain allongé dans une tentative désespérée pour sauver le fruit de sa pêche, tandis que les proches, abrités, appréhendent avec anxiété un sort funeste. A l'aune de cette tragédie qui peut se jouer, la tempête, comme catalyseur des passions, rejoint la peinture d'histoire.

Dans le 'calme', tout est reposant, harmonieux. Le paysage est plus précis, la lumière douce, les navires plus étudiés. Le calme est une relation idyllique et apaisée des activités humaines, relation littéraire mise en image et qui peut se lire de gauche à droite, avec un début, un milieu et une fin. Commençant par la gauche, le regard s'arrête sur une tour de guet chargée de surveiller un bâtiment dans le lointain qui négocie l'entrée du chenal. Dans le même temps, un autre vaisseau plus à droite est avitaillé par une chaloupe toujours de gauche à droite. Au bord de la composition, des pêcheurs et des curieux assistent à cette scène tandis qu'un gréement penché suggère un calfatage à l'extrême droite de la scène. Au premier plan, un couple de pêcheurs accompagné de son chien, converse. A proximité, usant de l'un de ses motifs favori, le maître d'Avignon place ce chien, toujours de la même race, toujours expressif, la queue relevée, le museau pointé. Vivant rappel du sujet principal de la scène, cet acteur muet fait écho à l'interrogation du spectateur: que se disent les pêcheurs? Quel est ce discours, qui, échappant au langage articulé, anime une oeuvre, une relation de voyage?

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