Lot Essay
Cette oeuvre sera incluse dans le catalogue critique de l'oeuvre peint de Pierre-Auguste Renoir actuellement en préparation par le Wildenstein Institute établi sur le fonds d'archives de François Daulte, Durand-Ruel, Venturi, Vollard et Wildenstein.
Cette oeuvre sera incluse dans le volume II ou les prochains volumes du catalogue raisonné des peintures, pastels, dessins et aquarelles de Pierre-Auguste Renoir actuellement en préparation par Messieurs Guy-Patrice et Michel Dauberville aux Editions Bernheim-Jeune.
Pierre-Auguste Renoir fut l'un des premiers maîtres de l'impressionnisme, et un amoureux passionné du nu féminin. "En considérant l'ensemble de l'oeuvre de Renoir, on reconnaît qu'il a surtout été le peintre de la femme," affirmait à son sujet le critique Théodore Duret en 1906 (Histoire des peintres impressionnistes, Paris). Les nus de Renoir possèdent tous cette douceur bien particulière, qui tient tant au regard du peintre sur la femme qu'à sa technique. Le jeune modèle pose ici de dos, allongé sur un canapé tendu d'un drap blanc. A l'arrière-plan, le décor apparaît comme celui d'un bel intérieur agrémenté de tentures et de boiseries peintes. Le spectateur est placé à la frontière du rêve et de la réalité, comme plongé dans l'intimité d'une femme endormie au corps souple et délié.
Renoir s'inscrit ici dans une tradition picturale remontant à l'antiquité, celle de la Vénus nue et allongée de dos. Ce thème, à forte connotation érotique, se distingue des autres représentations de la déesse de l'amour et de la beauté, telles que la Vénus d'Urbino peinte par le Titien (Galerie des Offices, Florence). L'oeuvre de Renoir, par la position du modèle, se rattache plus fortement au thème de la Vénus au miroir rendu célèbre par le précédent du maître espagnol Diego Velázquez (fig. 1). En effet, bien qu'il ne figure aucun miroir dans la toile de Renoir, et que le peintre ne fasse pas une référence explicite à la mythologie, le médaillon décoratif placé à l'arrière plan de la composition évoque le procédé utilisé par Velázquez dans sa toile. Fonctionnant comme une fenêtre, il permet au spectateur d'entrer dans la chaleur d'une alcôve dont il devrait être exclu. Enfin, par sa nature contemplative et sa richesse colorée, cette Femme nue au canapé évoque le goût de Renoir pour l'orientalisme et le thème de l'odalisque déjà présent dans son oeuvre.
Renoir met ici pleinement en valeur son talent de coloriste. Comme Titien, l'artiste ne dessinait pas au préalable sur la toile mais travaillait directement sa composition au pinceau. Il s'appliquait par ce procédé à créer des effets d'estompage vaporeux qui annoncent par leur liberté les travaux des futures générations d'avant-garde mais rappellent aussi ses talents de peintre sur céramique, qui fut son premier métier.
(fig 1) Diego Velázquez, La toilette de Vénus, 1649-51.
The National Gallery, Londres.
Photo©2004. The National Gallery, London.
Cette oeuvre sera incluse dans le volume II ou les prochains volumes du catalogue raisonné des peintures, pastels, dessins et aquarelles de Pierre-Auguste Renoir actuellement en préparation par Messieurs Guy-Patrice et Michel Dauberville aux Editions Bernheim-Jeune.
Pierre-Auguste Renoir fut l'un des premiers maîtres de l'impressionnisme, et un amoureux passionné du nu féminin. "En considérant l'ensemble de l'oeuvre de Renoir, on reconnaît qu'il a surtout été le peintre de la femme," affirmait à son sujet le critique Théodore Duret en 1906 (Histoire des peintres impressionnistes, Paris). Les nus de Renoir possèdent tous cette douceur bien particulière, qui tient tant au regard du peintre sur la femme qu'à sa technique. Le jeune modèle pose ici de dos, allongé sur un canapé tendu d'un drap blanc. A l'arrière-plan, le décor apparaît comme celui d'un bel intérieur agrémenté de tentures et de boiseries peintes. Le spectateur est placé à la frontière du rêve et de la réalité, comme plongé dans l'intimité d'une femme endormie au corps souple et délié.
Renoir s'inscrit ici dans une tradition picturale remontant à l'antiquité, celle de la Vénus nue et allongée de dos. Ce thème, à forte connotation érotique, se distingue des autres représentations de la déesse de l'amour et de la beauté, telles que la Vénus d'Urbino peinte par le Titien (Galerie des Offices, Florence). L'oeuvre de Renoir, par la position du modèle, se rattache plus fortement au thème de la Vénus au miroir rendu célèbre par le précédent du maître espagnol Diego Velázquez (fig. 1). En effet, bien qu'il ne figure aucun miroir dans la toile de Renoir, et que le peintre ne fasse pas une référence explicite à la mythologie, le médaillon décoratif placé à l'arrière plan de la composition évoque le procédé utilisé par Velázquez dans sa toile. Fonctionnant comme une fenêtre, il permet au spectateur d'entrer dans la chaleur d'une alcôve dont il devrait être exclu. Enfin, par sa nature contemplative et sa richesse colorée, cette Femme nue au canapé évoque le goût de Renoir pour l'orientalisme et le thème de l'odalisque déjà présent dans son oeuvre.
Renoir met ici pleinement en valeur son talent de coloriste. Comme Titien, l'artiste ne dessinait pas au préalable sur la toile mais travaillait directement sa composition au pinceau. Il s'appliquait par ce procédé à créer des effets d'estompage vaporeux qui annoncent par leur liberté les travaux des futures générations d'avant-garde mais rappellent aussi ses talents de peintre sur céramique, qui fut son premier métier.
(fig 1) Diego Velázquez, La toilette de Vénus, 1649-51.
The National Gallery, Londres.
Photo©2004. The National Gallery, London.