Lot Essay
Cette huile sur carton, réalisée par Henri de Toulouse-Lautrec en 1894, est une étude préparatoire pour la reliure du recueil de gravures de Francisco de Goya, Goya - La Taureaumachie [sic] (fig. 1). Cette reliure fut exécutée en 1894 en mosaïque de cuirs par le maître relieur nancéien René Wiéner et fut présentée la même année à l'Exposition des Arts Décoratifs de Nancy, puis, sans doute, au Salon du Champ-de-Mars à Paris l'année suivante.
Cette collaboration inhabituelle du peintre à la réalisation d'une reliure d'art avait été encouragée par le critique influent de l'époque Claude Roger-Marx, grand admirateur de Lautrec, intéressé par le renouveau de cette discipline associée aux arts décoratifs1. Bien que submergé de commandes, l'artiste albigeois avait accepté cette commission touchant à un domaine qui ne lui était pas familier. Grand admirateur de Francisco de Goya, sans aucun doute sensible au regard critique, voire cynique, que ce dernier jetait, comme lui, sur la comédie humaine, il avait déjà illustré par une lithographie un autre recueil de gravures du maître espagnol, Los Desastres de la Guerra (1893). En outre, Toulouse-Lautrec était très intéressé par les combats de taureaux, ayant assisté à plusieurs tauromachies dans l'arène de la rue Pergolèse.
Pour l'élaboration de cette reliure, l'artiste choisit d'employer un répertoire iconographique symboliste pour évoquer l'univers tragique de la tauromachie placé sous le signe de la mort. Au lieu de représenter l'action du combat, l'artiste peint un crâne de taureau et un crâne humain dont les restes d'une perruque noire macabre révèlent l'identité d'un torero. Ceux-ci son reliés par une ligne diagonale rouge formée par la cape et par l'épée de la victime. Cette mise en scène crée une tension dramatique, plongeant le lecteur dans un combat à mort. Cette véritable allégorie de la mort évoque l'art des vanitas cher aux maîtres flamands du XVIIe siècle. Exemple singulier du génie spontané de Toulouse-Lautrec et de sa grande liberté picturale, cette oeuvre rappelle aussi qu'il fut l'un des plus brillants affichistes parisiens durant la Belle Epoque.
Notes :
1 T. Charpentier, "Un aspect peu connu de l'activité de Lautrec: sa collaboration à la reliure d'art", in Gazette des Beaux-Arts, septembre 1960, pp. 165-177.
(fig. 1) Henri de Toulouse-Lautrec, couverture de l'ouvrage de René Wiener Goya - La Taureaumachie [sic], 1894.
Musée Historique Lorrain, Nancy.
Cette collaboration inhabituelle du peintre à la réalisation d'une reliure d'art avait été encouragée par le critique influent de l'époque Claude Roger-Marx, grand admirateur de Lautrec, intéressé par le renouveau de cette discipline associée aux arts décoratifs
Pour l'élaboration de cette reliure, l'artiste choisit d'employer un répertoire iconographique symboliste pour évoquer l'univers tragique de la tauromachie placé sous le signe de la mort. Au lieu de représenter l'action du combat, l'artiste peint un crâne de taureau et un crâne humain dont les restes d'une perruque noire macabre révèlent l'identité d'un torero. Ceux-ci son reliés par une ligne diagonale rouge formée par la cape et par l'épée de la victime. Cette mise en scène crée une tension dramatique, plongeant le lecteur dans un combat à mort. Cette véritable allégorie de la mort évoque l'art des vanitas cher aux maîtres flamands du XVII
Notes :
(fig. 1) Henri de Toulouse-Lautrec, couverture de l'ouvrage de René Wiener Goya - La Taureaumachie [sic], 1894.
Musée Historique Lorrain, Nancy.