Lot Essay
Volontiers satyrique, le peintre belge James Ensor livre ici une caricature cocasse du milieu de la musique officielle bruxelloise. Dans une remarquable composition burlesque, l'artiste croque des personnalités du Conservatoire Royal: des choristes anonymes mais également des musiciens connus, tels que le célèbre violoniste Eugène Ysaye et Gustave Poncelet, créateur du premier ensemble de clarinettistes à la toute fin du XXe siècle.
Madame Cornelis Servais, célèbre professeur de chant, n'est pas épargnée. Placée au centre de la composition, elle tient entre ses mains la partition chantée de Walkyrie, fameux opéra de Richard Wagner dont le nom et l'ouverture sont retranscrits par le peintre sous forme de calembour. Wagner, justement, préside avec un visible mécontentement à la scène sous la forme d'un portrait vivant pendu au dessus des artistes. Après 1870, le compositeur allemand avait effectivement trouvé au Théâtre de la Monnaie le lieu idéal pour créer ses oeuvres en langue française, faisant de Bruxelles la capitale du Wagnérisme. Se bouchant les oreilles, versant quelques larmes sur l'atteinte portée à son oeuvre, le musicien disparu depuis une vingtaine d'années subit la conversion de son opéra en véritable cacophonie. Fleurs et couronnes de lauriers pleuvent pourtant, projetés dans les airs par le public. Mais Ensor a ajouté des éléments incongrus, un canard, une carotte, un chat.
La personnalité charismatique de Wagner semble ignorée des vivants, bafouée et humiliée. Une araigne a tissé sa toile sur son portrait, et la corde qui suspend le tableau évoque celle d'un pendu. Une nouvelle fois, Ensor stigmatise avec un talent acerbe la grossièreté des protagonistes. Le peintre se plaît à souligner le manque d'humilité et d'élégance des interprètes, perdus dans leurs postillons et les traits du visage profondément enlaidis. Le traitement de physionomies rejoint ici l'un des thèmes fétiches d'Ensor, celui des masques de carnaval et du travestissement, qui dénote la profondeur de son questionnement sur la vacuité du genre humain. La scène du Conservatoire témoigne du goût d'Ensor pour l'expression des monstruosités, et inscrit à la fois son art dans l'héritage du maître néerlandais Jérôme Bosch et dans la contemporanéité de l'expressionniste allemand Otto Dix.
Madame Cornelis Servais, célèbre professeur de chant, n'est pas épargnée. Placée au centre de la composition, elle tient entre ses mains la partition chantée de Walkyrie, fameux opéra de Richard Wagner dont le nom et l'ouverture sont retranscrits par le peintre sous forme de calembour. Wagner, justement, préside avec un visible mécontentement à la scène sous la forme d'un portrait vivant pendu au dessus des artistes. Après 1870, le compositeur allemand avait effectivement trouvé au Théâtre de la Monnaie le lieu idéal pour créer ses oeuvres en langue française, faisant de Bruxelles la capitale du Wagnérisme. Se bouchant les oreilles, versant quelques larmes sur l'atteinte portée à son oeuvre, le musicien disparu depuis une vingtaine d'années subit la conversion de son opéra en véritable cacophonie. Fleurs et couronnes de lauriers pleuvent pourtant, projetés dans les airs par le public. Mais Ensor a ajouté des éléments incongrus, un canard, une carotte, un chat.
La personnalité charismatique de Wagner semble ignorée des vivants, bafouée et humiliée. Une araigne a tissé sa toile sur son portrait, et la corde qui suspend le tableau évoque celle d'un pendu. Une nouvelle fois, Ensor stigmatise avec un talent acerbe la grossièreté des protagonistes. Le peintre se plaît à souligner le manque d'humilité et d'élégance des interprètes, perdus dans leurs postillons et les traits du visage profondément enlaidis. Le traitement de physionomies rejoint ici l'un des thèmes fétiches d'Ensor, celui des masques de carnaval et du travestissement, qui dénote la profondeur de son questionnement sur la vacuité du genre humain. La scène du Conservatoire témoigne du goût d'Ensor pour l'expression des monstruosités, et inscrit à la fois son art dans l'héritage du maître néerlandais Jérôme Bosch et dans la contemporanéité de l'expressionniste allemand Otto Dix.