FERNAND LEGER (1881-1955)
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FERNAND LEGER (1881-1955)

Le profil noir

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FERNAND LEGER (1881-1955)
Le profil noir
signé et daté '28 F.LEGER' (en bas à droite); signé, daté et titré 'nature-morte 28 F.LEGER. le profil noir' (au revers)
huile sur toile
97.5 x 130 cm. (38 3/8 x 51 1/8 in.)
Peint en 1928
Provenance
Atelier de l'artiste.
Nadia Léger, Paris (par descendance).
Galerie Tarica, Paris (acquis auprès de celle-ci).
Acquis auprès de celle-ci par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé.
Literature
A. Verdet, Fernand Léger, Florence, 1969, p. 89, no. 10 (illustré en couleur).
P. de Francia, Fernand Léger, Londres, 1983, p. 107 (illustré, p. 111, fig. 6.4.).
"La Passion de l'Art: Yves Saint Laurent", in Du, no. 10, octobre 1986, p. 39 (illustré).
G. Bauquier, Fernand Léger, catalogue raisonné de l'oeuvre peint, 1925-1928, Paris, 1993, p. 310, no. 580 (illustré).
J. Coignard, "Chez Pierre Bergé et Yves Saint Laurent", in Connaissance des Arts, no. 634, janvier 2006, pp. 48 et 49 (illustré en couleur).
Exhibited
Musée de Lyon, Fernand Léger, 1955, no. 39.
Vienne, Museum des 20. Jahrhunderts, Fernand Léger, avril-juin 1968, no. 25.
Londres, The Tate Gallery, Léger and Purist Paris, novembre 1970-janvier 1971, p. 101, no. 73.
Paris, Grand Palais, Fernand Léger, octobre 1971-janvier 1972, p. 20, no. 107 (illustré, p. 90).
Special Notice
No VAT will be charged on the hammer price, but VAT payable at 19.6% (5.5% for books) will be added to the buyer’s premium which is invoiced on a VAT inclusive basis
Further Details
'THE BLACK PROFILE'; SIGNED AND DATED LOWER RIGHT; SIGNED, DATED AND TITLED ON THE REVERSE; OIL ON CANVAS.


If the factory was the site of Léger's most intense imaginative engagement at the end of the Great War, and the domestic interior was where he located his post-war celebrations of peace regained, by the end of the decade his most significant pictorial narratives unfold in a purely mental space, at once abstract and concrete. One of the major works of 1928, Le profil noir is, as its eponymous silhouette suggests, a picture about the workings of the mind, and the senses (Léger painted numerous works that featured profiles as key motifs, circa 1928). The painting is divided into five zones, plus an ochre border at the left, in which the dominant human shadow, probably female, generates its complementary double, rendered in chiaroscuro (apparently transformed into a lamp), and its triple, the brown profile that spreads and loses its distinctive shape as it moves towards the right. These undulating contours are bracketed on both sides by naturalistically rendered vegetal forms - three leaves at the left, and three small gourds or melons, with a bit of foliage, at the right. The previous year, leaves, seashells, and other natural forms had begun to float through Léger's canvases (fig. 1), just as a new organicism was beginning to exert its influence on Parisian aesthetics more broadly. This plethora of organic life is countered, and made vivid, by the rectilinear forms that punctuate the work and serve as framing devices for the individual shapes.

Léger was probably thinking here, among other things, about the temporal development of film as a model for his art, as if each of the vertical slices in Le profil noir were a frame of film. Not only had Leger been involved in film-making over the previous several years (he created Ballet Mécanique in 1923-24; see lot 49), but his visual ideas were being powerfully influenced by cinema. Especially important for his painting was the idea of radical and surprising cinematic juxtapositions/montages - and by the close-up: "These new means," he wrote the same year he painted Le profil noir, "have given us a new mentality. We want to see clearly, we want to understand mechanisms, functions, motors, down to their subtlest details. Composite wholes are no longer enough for us-we want to feel and grasp the details of those wholes-and we realize that these details, these fragments, if seen in isolation, have a complete and particular life of their own. Close-ups in the cinema are the consecration of this new vision."1

But if film gave Leger a new way to think about the individual object - "I myself have employed the close-up... The fragment of the object has also been of use to me; by isolating it you personalize it"2 - the movie screen also functioned as a kind of extension of that other, persistent interest of Léger's: the mural. As a public and collective form of art, as opposed to the privatized world of the easel painting (for which Léger blamed the mercantile Italian Renaissance), the mural responded to Léger's Left-wing politics. Le profil noir represents an impeccably executed balancing act of the intense subjectivity of individual experience (the spectator's own image may be imaginatively substituted for the black profile) and that of the collective life of the group, conveyed by the painting's large scale and billboard-like clarity of form. Its soigné palette, in which black-and-white is paired with ochre-yellow, brown, and blue violet, must have called out across the decades to Monsieur Saint Laurent, who was himself capable of equally striking, challenging, and satisfying coloristic innovations.

Kenneth E. Silver, November 2008.

Notes:
1 Fernand Léger, "Actualités," in Variétés, no.1, 1928, in Nicholas Serota, Fernand Léger: The Later Years, exhibition catalogue, Tate Gallery, London, 1987, p. 31.
2 Fernand Léger, "Autour de Ballet Mécanique," (probably 1926), in Ibid., p. 31.

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Lot Essay

Si l'usine était le lieu auquel l'imagination de Léger s'était le plus fortement attaché á la fin de la première Guerre Mondiale, et l'intérieur de la maison, celui où le peintre situait les célébrations de la paix retrouvée après-guerre, dès le début des années 1920, ses récits picturaux les plus significatifs se déroulent dans un espace purement mental, à la fois abstrait et concret. L'une de ses oeuvres majeures peinte en 1928, Le profil noir, est, comme le suggère sa silhouette éponyme, un tableau sur le fonctionnement de l'esprit et des sens (aux environs de 1928, Léger a peint de nombreuses oeuvres dont le motif central est un profil).

La toile se divise en cinq zones, plus une bordure ocre á gauche, dans laquelle l'ombre dominante, probablement celle d'une femme, génère son double complémentaire en clair-obscur (apparemment transformé en lampe), et son triple, le profil marron qui étend et perd sa forme en se déplaçant vers la droite. Ces contours ondoyants sont enserrés de part et d'autre par des formes végétales traitées de façon naturaliste - trois feuilles à gauche, et trois petites calebasses ou melons, avec une touche de feuillage á droite. L'année précédente, les feuilles, coquillages et autres formes naturelles s'étaient mis à éclore sur les toiles de Léger, à un moment où les motifs végétaux arrivaient en force dans l'esthétique à Paris. Le foisonnement de cette vie végétale s'oppose, tout en les renforçant, aux formes rectilignes qui ponctuent l'oeuvre et encadrent les motifs individuels.

Fort probablement, Léger voyait dans le déroulement temporel du cinéma, entre autres, un modèle pour son art: Un peu comme si chaque tranche verticale du Profil noir était un plan de film. Non seulement Léger avait travaillé dans le cinéma (il réalisa le film Ballet Mécanique en 1923-24; voir lot 49), mais il se trouvait en outre que le cinéma exerçait une forte influence sur ses idées visuelles (le montage, par ses juxtapositions filmiques radicales et surprenantes, était d'une importance capitale pour sa peinture, ainsi que le gros plan): "Ces moyens nouveaux, a-t-il écrit la même année qu'il a peint Le profil noir, nous ont donné une mentalité nouvelle. Nous voulons voir clairement, nous voulons comprendre les mécanismes, les fonctionnements, les moteurs, dans leurs moindres détails. Les assemblages ne nous suffisent plus - nous voulons ressentir et saisir les éléments qui les constituent - et nous réalisons que ces éléments, ces fragments, si on les considère isolément, sont dotés d'une vie bien à eux, entière et singulière. Les gros-plans, au cinéma, incarnent cette nouvelle vision"1.

Mais si le cinéma a offert à Léger une façon de penser l'objet individuel - "J'ai moi-même utilisé le gros plan [...] Le fragment d'objet m'a été bien utile; en l'isolant, vous le personnalisez,"2 -il se trouve également que l'écran de cinéma fonctionne comme extension de cet autre champ d'intérêt permanent chez Léger: Le mural. En tant que forme d'art publique et collective, en opposition au monde privé de la peinture de chevalet (dont Léger attribuait la responsabilité à la mercantile Renaissance italienne), le mural va dans le sens de l'engagement politique à gauche de Léger. Le profil noir représente l'équilibre parfait entre la subjectivité intense de l'expérience individuelle (le spectateur peut se substituer, en imagination, au profil noir) et celle de la vie collective du groupe, que transmet incontestablement l'échelle du tableau, et la clarté de sa forme, rappelant celle d'un panneau d'affichage. La palette soignée du tableau, où blanc et noir s'allient au jaune ocre, brun et bleu violacé, a dû traverser les décennies pour toucher Monsieur Saint Laurent, lui-même auteur d'innovations qui ont-elles aussi marqué, fait évoluer et comblé le monde de la couleur.

Par Kenneth E. Silver, novembre 2008.

Ce texte a été traduit de l'anglais.

Notes:
1 Fernand Léger, "Actualités Variétés", no. 1, 1928, cité in N. Serota, Fernand Léger: The Later Years, catalogue d'exposition, Londres, Tate Gallery, 1987, p. 31.
2 Fernand Léger, "Autour du Ballet Mécanique", vers 1926, ibid., p. 31.

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