Lot Essay
Les premiers paysages fauves d'André Derain, à l'instar des Péniches au Pecq (Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris), révèlent son inclination pour un expressionnisme par la couleur pure encore inédit et jugé provocateur. Fasciné par l'art primitif africain, la peinture de Paul Cézanne et de Vincent Van Gogh, Derain n'en reniait pas pour autant la peinture des maîtres. Il arpentait assidûment les couloirs du Musée du Louvre et visita probablement la grande exposition des Arts Primitifs au Pavillon de Marsan en 1904.
Peintre au talent à la fois classique et novateur, Derain fut, avec Henri Matisse, un des précurseurs du Fauvisme. C'est en 1904, année de la réalisation de Nature morte à la table, que Derain se consacre définitivement à la peinture et cette oeuvre magistrale annonce par sa palette la période fauve de l'artiste. La toile témoigne du désir d'inscrire son art tout à la fois dans la tradition classique et la modernité. En effet, à travers cette oeuvre, l'artiste livre un brillant hommage à la peinture de Cézanne, la composition réunissant dans un décor rustique un ensemble de cruches, de plats portant des fruits, de soupière et de bouteilles peints dans des gammes de couleurs et de contrastes chères au maître d'Aix. Mais, loin du pastiche, Derain se distingue de son prédécesseur en donnant la primeur à l'organisation des masses colorées sur le rendu des volumes. Sans sécheresse, il choisit en effet délibérément de travailler les fruits en réduisant les effets de modelage au profit des aplats de couleurs, à la manière de Paul Gauguin qu'il admirait également.
D'autre part, le contraste entre la simplicité des objets et la complexité du traitement de la nappe révèle la connaissance intime de Derain des grands maîtres classiques étudiés dans ses années de formation. L'orchestration savante des plis met en valeur la blancheur immaculée de la surface et les ombres travaillées en bleu. Cette harmonie subtile, qui n'a rien à envier aux toiles impressionnistes, démontre la grande maîtrise de Derain des complémentarités chromatiques. Oeuvre importante, rare et ambitieuse par le choix du sujet associé au grand format, Nature morte à la table contient en germe toutes les audacieuses qualités qui feront de ce grand artiste indépendant l'un des talents les plus féconds de la peinture française du XXe siècle.
Peintre au talent à la fois classique et novateur, Derain fut, avec Henri Matisse, un des précurseurs du Fauvisme. C'est en 1904, année de la réalisation de Nature morte à la table, que Derain se consacre définitivement à la peinture et cette oeuvre magistrale annonce par sa palette la période fauve de l'artiste. La toile témoigne du désir d'inscrire son art tout à la fois dans la tradition classique et la modernité. En effet, à travers cette oeuvre, l'artiste livre un brillant hommage à la peinture de Cézanne, la composition réunissant dans un décor rustique un ensemble de cruches, de plats portant des fruits, de soupière et de bouteilles peints dans des gammes de couleurs et de contrastes chères au maître d'Aix. Mais, loin du pastiche, Derain se distingue de son prédécesseur en donnant la primeur à l'organisation des masses colorées sur le rendu des volumes. Sans sécheresse, il choisit en effet délibérément de travailler les fruits en réduisant les effets de modelage au profit des aplats de couleurs, à la manière de Paul Gauguin qu'il admirait également.
D'autre part, le contraste entre la simplicité des objets et la complexité du traitement de la nappe révèle la connaissance intime de Derain des grands maîtres classiques étudiés dans ses années de formation. L'orchestration savante des plis met en valeur la blancheur immaculée de la surface et les ombres travaillées en bleu. Cette harmonie subtile, qui n'a rien à envier aux toiles impressionnistes, démontre la grande maîtrise de Derain des complémentarités chromatiques. Oeuvre importante, rare et ambitieuse par le choix du sujet associé au grand format, Nature morte à la table contient en germe toutes les audacieuses qualités qui feront de ce grand artiste indépendant l'un des talents les plus féconds de la peinture française du XX