Lot Essay
Cette enfilade, pièce unique, occupe une place déterminante dans le travail d'Eileen Gray. Alors que sa forme générale trouve ses sources dans le dessin du buffet anglais de la fin du 18ème-début du 19ème siècle (voir illustration p.68), son examen détaillé révèle de nombreuses caractéristiques, qui restent sans références spécifiques et reflètent davantage l'élégance et la créativité de son auteur.
La construction du meuble suggère une fabrication anglaise, ce qui laisse supposer qu'il sera réalisé durant la Première Guerre Mondiale. Eileen Gray rentre effectivement à Londres durant cette période, après avoir servi en tant qu'ambulancière pendant la première phase du conflit, emmenant avec elle son collaborateur, le laqueur Seijo Sugawara. Elle y séjournera de mi-1915 à fin 1917. Les trois inscriptions japonaises au dos du meuble, indications de montage, laissent à penser qu'il sera assemblé par Sugawara.
Il n'est pas surprenant qu'Eileen Gray s'inspire d'un modèle traditionnel anglais, dans la mesure où ce mobilier classique fait alors l'objet d'un regain d'intérêt, étayé par la publication, entre 1904 et 1908, de l'ouvrage de Percy Macquoid : Histoire du mobilier anglais. L'importance de la datation du meuble est considérable. Habituellement situé au début des années 1920, par association avec la commande de Suzanne Talbot en 1919, la réalisation de notre enfilade semble bien être antérieure de quelques années. Elle apparaît ainsi comme le meuble d'Eileen Gray le plus ancien connu à ce jour et certainement l'un des tout premiers qu'elle réalise. D'une extraordinaire ambition technique, il en est encore plus remarquable, constituant une véritable prouesse de par l'impressionnante maîtrise des différentes techniques de la laque, dont fait alors déjà preuve Eileen Gray.
L'enfilade appartient probablement aux quelques pièces acquises par Suzanne Talbot directement auprès de l'artiste, indépendemment de sa commande et destinées à la compléter.
This unique enfilade occupies a key place in the oeuvre of Eileen Gray. While its basic form derives from that of the traditional English sideboard of the late 18th or early 19th century, its detailing reveals many characteristics that are without specific precedent and reflect the elegant inventiveness of its creator. Close examination suggests that the piece is of British construction. This in turn would imply that it was most likely executed during the years of World War I that Miss Gray spent in London, after her service in the ambulance corps in the war zone during the first phase of the conflict. Her collaborator, lacquer craftsman Seijo Sugiwara, accompanied her on the trip that lasted from mid 1915 till late 1917. The three Japanese inscriptions on the reverse of the enfilade are instructions for its assembly, most likely by Sugiwara.
It is not surprising that Miss Gray should refer to a traditional model as the starting point for her own design since historic English furniture was the subject of renewed interest at that time, in part stimulated by the publication between 1904 and 1908 of Percy Macquoid's History of English Furniture. The relevance of the dating is considerable since it would qualify this extraordinarily ambitious work as Miss Gray's earliest known cabinet piece, and in the range of techniques employed a landmark tour de force demonstration of her accomplishments in the challenging medium of lacquer.
Conventionally dated to the early 1920s by association with the commission for the refurbishment of the rue de Lota apartment of Suzanne Talbot initiated in 1919, the enfilade is perhaps more accurately situated as a slightly earliest concept, one of the several independently created pieces that the client purchased from Miss Gray to complement the furniture and furnishings that constituted the commission
La construction du meuble suggère une fabrication anglaise, ce qui laisse supposer qu'il sera réalisé durant la Première Guerre Mondiale. Eileen Gray rentre effectivement à Londres durant cette période, après avoir servi en tant qu'ambulancière pendant la première phase du conflit, emmenant avec elle son collaborateur, le laqueur Seijo Sugawara. Elle y séjournera de mi-1915 à fin 1917. Les trois inscriptions japonaises au dos du meuble, indications de montage, laissent à penser qu'il sera assemblé par Sugawara.
Il n'est pas surprenant qu'Eileen Gray s'inspire d'un modèle traditionnel anglais, dans la mesure où ce mobilier classique fait alors l'objet d'un regain d'intérêt, étayé par la publication, entre 1904 et 1908, de l'ouvrage de Percy Macquoid : Histoire du mobilier anglais. L'importance de la datation du meuble est considérable. Habituellement situé au début des années 1920, par association avec la commande de Suzanne Talbot en 1919, la réalisation de notre enfilade semble bien être antérieure de quelques années. Elle apparaît ainsi comme le meuble d'Eileen Gray le plus ancien connu à ce jour et certainement l'un des tout premiers qu'elle réalise. D'une extraordinaire ambition technique, il en est encore plus remarquable, constituant une véritable prouesse de par l'impressionnante maîtrise des différentes techniques de la laque, dont fait alors déjà preuve Eileen Gray.
L'enfilade appartient probablement aux quelques pièces acquises par Suzanne Talbot directement auprès de l'artiste, indépendemment de sa commande et destinées à la compléter.
This unique enfilade occupies a key place in the oeuvre of Eileen Gray. While its basic form derives from that of the traditional English sideboard of the late 18th or early 19th century, its detailing reveals many characteristics that are without specific precedent and reflect the elegant inventiveness of its creator. Close examination suggests that the piece is of British construction. This in turn would imply that it was most likely executed during the years of World War I that Miss Gray spent in London, after her service in the ambulance corps in the war zone during the first phase of the conflict. Her collaborator, lacquer craftsman Seijo Sugiwara, accompanied her on the trip that lasted from mid 1915 till late 1917. The three Japanese inscriptions on the reverse of the enfilade are instructions for its assembly, most likely by Sugiwara.
It is not surprising that Miss Gray should refer to a traditional model as the starting point for her own design since historic English furniture was the subject of renewed interest at that time, in part stimulated by the publication between 1904 and 1908 of Percy Macquoid's History of English Furniture. The relevance of the dating is considerable since it would qualify this extraordinarily ambitious work as Miss Gray's earliest known cabinet piece, and in the range of techniques employed a landmark tour de force demonstration of her accomplishments in the challenging medium of lacquer.
Conventionally dated to the early 1920s by association with the commission for the refurbishment of the rue de Lota apartment of Suzanne Talbot initiated in 1919, the enfilade is perhaps more accurately situated as a slightly earliest concept, one of the several independently created pieces that the client purchased from Miss Gray to complement the furniture and furnishings that constituted the commission