Lot Essay
"Chaque jour commencez votre travail comme si vous peigniez pour la première fois. Voyez Cézanne, il semble peindre toujours de la même façon et, toujours, c'est nouveau." Serge Poliakoff
La peinture de Poliakoff est parfaitement abstraite : elle ne se contente pas d'être non-figurative et décorative, elle est tout entière tournée vers la recherche de la forme pure, celle qui ne dit rien d'autre que sa propre présence. En cela, son oeuvre se prête assez peu aux commentaires. C'est en effet toujours avec une extrême simplicité que l'artiste déploie son vocabulaire pictural : il n'y a dans sa peinture ni fioritures ni détours cérébraux. Il y a seulement des formes qui s'encastrent avec une évidence rare, des masses de couleurs qui s'équilibrent comme par miracle, et soudain une harmonie simple et puissante qui s'impose sur la toile.
Ainsi, dans Bleu rouge jaune et brun, oeuvre du début des années 1950, l'espace est délimité en haut et en bas par de larges bandes, l'une bleu intense, l'autre jaune. Entre les deux, flottant dans un magma bleu gris venu d'au-delà des limites de la toile, deux formes s'épanouissent, conférant à l'oeuvre une dimension monumentale, presque solennelle. Ces formes sont là, lumineuses, immobiles, et ne disent rien. La puissance du coloris, comme chez Cézanne, se suffit a elle-même : c'est ici le monde du silence et de la peinture pure.
La plénitude de l'abstraction sera la quête absolue de l'artiste. Sans jamais pour autant devenir répétitive, son oeuvre ne cessera d'approfondir cette recherche de la forme et de sa vibration silencieuse : "chacun des grands maîtres ne développe qu'un thème unique : ce thème loin d'être superficiel vient des profondeurs et la quantité des oeuvres exécutées ne l'epuise pas. Si on n'a pas un thème défini à explorer pendant des années, il vaut mieux ne pas être peintre."
"Each day, begin your work as if you were painting for the first time. Take Czanne, he always appears to paint in the same way, and it is always new."
Serge Poliakoff
Poliakoff's painting is perfectly abstract. It is not content to be non-figurative and decorative, it is completely focused on the search for the pure form, the one which conveys nothing more than its own presence. This makes his work hard to comment on, since the artist always deploys his pictorial vocabulary with extreme simplicity. His painting includes neither embellishments, nor cerebral tangents. It has only forms which fit in with rare aptness, masses of colour which balance as if by a miracle, with a simple and powerful harmony which suddenly marks the canvass.
For instance, in Bleu rouge jaune et brun, a work from the early 1950s, the space is bordered by wide strips at the top and bottom, one an intense blue, the other yellow. Between the two, floating in a blue-green magma from beyond the boundaries of the canvass, two forms merge, giving the work a monumental, almost solemn, aspect. The forms are there, luminous, immobile, saying nothing. As with Czanne, the power of colour alone is not enough. This is a world of silence and pure painting.
Complete abstraction was to be the artist's absolute goal. Although it was never repetitive, his work consistently pursued the search for this form and its silent resonance: "All the great masters developed only one unique theme. This theme, far from being superficial, comes from the depths and they were never exhausted by the number of works produced. If you do not have a defined theme to explore for years, it is better not to be a painter."
La peinture de Poliakoff est parfaitement abstraite : elle ne se contente pas d'être non-figurative et décorative, elle est tout entière tournée vers la recherche de la forme pure, celle qui ne dit rien d'autre que sa propre présence. En cela, son oeuvre se prête assez peu aux commentaires. C'est en effet toujours avec une extrême simplicité que l'artiste déploie son vocabulaire pictural : il n'y a dans sa peinture ni fioritures ni détours cérébraux. Il y a seulement des formes qui s'encastrent avec une évidence rare, des masses de couleurs qui s'équilibrent comme par miracle, et soudain une harmonie simple et puissante qui s'impose sur la toile.
Ainsi, dans Bleu rouge jaune et brun, oeuvre du début des années 1950, l'espace est délimité en haut et en bas par de larges bandes, l'une bleu intense, l'autre jaune. Entre les deux, flottant dans un magma bleu gris venu d'au-delà des limites de la toile, deux formes s'épanouissent, conférant à l'oeuvre une dimension monumentale, presque solennelle. Ces formes sont là, lumineuses, immobiles, et ne disent rien. La puissance du coloris, comme chez Cézanne, se suffit a elle-même : c'est ici le monde du silence et de la peinture pure.
La plénitude de l'abstraction sera la quête absolue de l'artiste. Sans jamais pour autant devenir répétitive, son oeuvre ne cessera d'approfondir cette recherche de la forme et de sa vibration silencieuse : "chacun des grands maîtres ne développe qu'un thème unique : ce thème loin d'être superficiel vient des profondeurs et la quantité des oeuvres exécutées ne l'epuise pas. Si on n'a pas un thème défini à explorer pendant des années, il vaut mieux ne pas être peintre."
"Each day, begin your work as if you were painting for the first time. Take Czanne, he always appears to paint in the same way, and it is always new."
Serge Poliakoff
Poliakoff's painting is perfectly abstract. It is not content to be non-figurative and decorative, it is completely focused on the search for the pure form, the one which conveys nothing more than its own presence. This makes his work hard to comment on, since the artist always deploys his pictorial vocabulary with extreme simplicity. His painting includes neither embellishments, nor cerebral tangents. It has only forms which fit in with rare aptness, masses of colour which balance as if by a miracle, with a simple and powerful harmony which suddenly marks the canvass.
For instance, in Bleu rouge jaune et brun, a work from the early 1950s, the space is bordered by wide strips at the top and bottom, one an intense blue, the other yellow. Between the two, floating in a blue-green magma from beyond the boundaries of the canvass, two forms merge, giving the work a monumental, almost solemn, aspect. The forms are there, luminous, immobile, saying nothing. As with Czanne, the power of colour alone is not enough. This is a world of silence and pure painting.
Complete abstraction was to be the artist's absolute goal. Although it was never repetitive, his work consistently pursued the search for this form and its silent resonance: "All the great masters developed only one unique theme. This theme, far from being superficial, comes from the depths and they were never exhausted by the number of works produced. If you do not have a defined theme to explore for years, it is better not to be a painter."