Alphonse Marie Mucha (1860-1939)
L'ART NOUVEAU - UN ART SYMBOLISTE Lorsqu'Emile Gallé, père fondateur de l'École de Nancy, demande à Eugène Vallin en 1896 de graver sur les belles portes en bois qui ouvrent sur ses ateliers la devise 'Ma racine est au fond des bois', il met en exergue l'un des principes fondamentaux de l'Art Nouveau : la nécessité de se défaire des chaçnes qui rattachent toute création à l'historicisme pour célébrer un nouveau langage formel, qui prend ses sources dans la nature, les lignes fluides et libres des formes organiques des plantes. Cette devise essentielle propre au style qui se développe autour de 1900 trouvera autant d'expressions individuelles que d'artistes qui rejoindront ce mouvement. Certains comme Hector Guimard ou Henry van de Velde jouent avec l'abstraction des formes organiques, éliminant toute référence directe à une plante ou à un motif végétal précis. Pour d'autres le motif sera essentiel, à l'image de René Lalique et ses bijoux, d'Alphonse Mucha et ses lithogravures qui mettent en scène un monde de rêve, ou encore de Maurice Bouval et ses 'femmes-fleurs'. L'ébéniste et créateur Louis Majorelle fait partie des membres les plus distingués de l'École de Nancy aux côtés de Gallé. Son mobilier est une des expressions les plus séduisantes de cette volonté de retour à la nature. Il développera une approche personnelle, parfois très spécifiquement naturaliste, mais souvent allusive, plutôt que copie exacte des formes de la nature. Ses réalisations sont conçues à partir d'élégantes lignes fluides, les montants de ses meubles sont sculptés à l'image des tiges des plantes. Elles intègrent souvent des panneaux réalisés dans de riches placages ou des marqueteries figurant de gracieux motifs de plantes stylisées. Mais ce qui constitue aussi l'essence même de l'Art Nouveau le plus élaboré - et Majorelle est exemplaire à ce titre - c'est l'intérêt porté non seulement à l'aspect formel mais aussi au caractère expressif du dessin. Gallé publiera un texte important en 1900, 'Le décor symbolique', dans lequel il souligne la dimension poétique du rôle du créateur. Il explique que 'dans le grossier symbole éclate l'idéal', célébrant le rôle de l'artiste qui stimule l'imaginaire et nourrit l'âme. Majorelle, qui allie de façon magistrale virtuosité et vision artistique, appartient à ces artistes qui visent à créer par leur mobilier un univers de rêve, où la fantaisie et l'imagination doivent autant à l'inspiration des poètes symbolistes qu'à l'observation précise de la nature. Si des photographies nous sont parvenues le montrant à sa table de travail, d'autres nous le révèlent arborant une longue barbe et vêtu d'une robe bohème, perdu dans ses rêveries au milieu de son jardin - image même de l'artiste mystique. Ce n'est certainement pas un hasard, si ce sont les Surréalistes qui, dans les années 30, sont les premiers à redécouvrir les qualités sensuelles et l'aspect mystérieux qui sous-tendent l'Art Nouveau, alors que des styles plutôt contraires dominent. Les formes molles, étranges et déroutantes de Dali rendent hommage à cette écriture des formes qui régnera en maçtre en 1900, et dont la somptueuse chambre à coucher 'Aux Nénuphars' de Louis Majorelle constitue un véritable chef-d'oeuvre. Avec ses généreuses formes sculpturales, richement ornées de somptueux bronzes figurant des nénuphars et leurs tiges, cet ensemble est un tour de force de l'imagination et la parfaite démonstration que l'Art Nouveau est un art symboliste. ART NOUVEAU - A SYMBOLIST ART When Emile Gallé, founding father of the École de Nancy, asked Eugène Vallin in 1896 to carve the words 'Ma racine est au fond des bois' ('My roots are in the depths of the woods.') on the great wood doors to his workshops, he was underlining a fundamental principle of Art Nouveau - that it was time to cut the shackles of slavish historicism and celebrate a new language of design that took its inspiration from nature, from the fluid linearity and free, organic forms of plants. This key tenet of the style that flourished around 1900 found as many individual expressions as there were artists caught up in the movement. Some, such as Hector Guimard or Henry van de Velde, abstracted the elements of organic form but eliminated all traces of specific plants or motifs; for others the motif was all important, as in the inventive jewels of René Lalique, the dreamy lithographs of Alphonse Mucha or the gilt-bronze 'femmes-fleurs' of Maurice Bouval. Among the most distinguished of Gallé's École de Nancy associates was master cabinet-maker and designer Louis Majorelle, whose furniture became a most seductive expression of the principle of a return to nature. Majorelle evolved a distinct approach, sometimes specifically naturalistic, more often alluding to natural forms rather than copying them. His structures were conceived with elegantly fluid lines, frames and limbs sculpted like plant stems, frequently enclosing panels in richly figured veneer or in a marquetry of graciously stylised plant motifs. But central to the most engaging French Art Nouveau - and Majorelle was exemplary in this respect - was a concern not just with the formal but with the expressive potential of design. Gall published an important text 'Le Dcor Symbolique' in 1900 in which he emphasised the poetic dimension of the designer's role. 'Dans le grossier symbole clate l'idal,' ('From within the modest symbol shines out an ideal.') he explained, celebrating the role of the artist-designer to inspire the imagination and nourish the soul. Majorelle's exceptional alliance of craft skill and artistic vision situates him among the foremost artists who created the furnishings of a dream-like world of fantasy and imagination that owed as much to the inspiration of the Symbolist poets as to the formal lessons learned by the close observation of nature. There survive photographs of Majorelle at his drawing table that define him professionally; others, tellingly, show him with long beard and bohemian robe lost in reverie in his gardens - the very image of the mystic artist. It is surely no wonder that it was the Surrealists who, in the 1930s, when quite opposite styles dominated, were among the very first to re-appraise the qualities of sensuality and of mystery that infused Art Nouveau. Dali's strange and disconcerting melting forms pay homage to the style that reigned supreme in 1900 and of which Louis Majorelle's sumptuous bedroom suite 'Aux Nnuphars' is a truly masterful example. With its lush sculptural forms, richly ornamented with voluptuous gilt-bronze water-lilies and stems, this is a breath-taking tour-de-force of the imagination and the perfect exemplar of Art Nouveau as a Symbolist art.
Alphonse Marie Mucha (1860-1939)

'CLAIR DE LUNE', 'L'ÉTOILE POLAIRE', 'L'ÉTOILE DU MATIN' ET 'L'ÉTOILE DU SOIR', 1901

Details
Alphonse Marie Mucha (1860-1939)
'Clair de lune', 'L'étoile polaire', 'L'étoile du matin' et 'L'étoile du soir', 1901
Lithographie avec rehauts d'or, non doublée, encadrée
80 x 30,5 cm. (31½ x 12 in.)
Chacune signée en bas à gauche, titrée en bas à droite
Provenance
Vente Louis Savot, Affiches de collection, 5 décembre 1998, lot 279.
Further Details
'Moonlight', 'Polar Star', 'Morning Star' and 'Evening Star', four lithographs, with gilt highlights, by Alphonse Marie Mucha, 1901, each signed and titled to the lower edges, not backed, framed
Sale Room Notice
Veuillez noter que ce lot est daté de 1902 et non pas de 1901 comme indiqué dans le catalogue.
Please note that this lot is dated 1902 and not as stated in the catalogue.

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Lot Essay

Cf. : Jiri Mucha, Alphonse Mucha The Master of Art Nouveau, Knintisk Artia, Prague, 1966, page de couverture et p. 118-119 pour deux des lithographies et les maquettes de l'artiste datées de 1902 ;
Catalogue illustré de Panneaux et Estampes, oeuvres de A. Mucha, E. Sonrel, Médaille, Tauzin, Piot, Rossi, Fraipont, Tenré, Kaemmerer, Wely, les éditions F. Champenois, Paris, fin XIXème siècle ;
Jack Rennert et Alain Weill, Alphonse Mucha : toutes les affiches et panneaux, les éditions Henri Veyrier, Paris, 1984, p. 82

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