Lot Essay
L'oeuvre sera intégrée au catalogue raisonné en préparation par Monsieur Rainer Michael Mason.
La pièce présentée ici est en fait le tiers inférieur d'une peinture presque carrée qui fut déchirée par l'artiste. La partie centrale fut irrémédiablement détruite. Le tiers supérieur existe, aujourd'hui dans une collection particulière française. C'est vraisemblablement après 1952 - date à partir de laquelle Jacques Putman (1926-1994) s'occupa de Bram van Velde - que les deux registres rescapés parvinrent l'un, celui du haut, chez Françoise Schildge (épouse de Putman de 1949 à 1959) et l'autre, celui du bas, chez Michel Guy (1927-1990), l'ami pépiniériste, futur ministre de la Culture. Le motif (au centre droit) du triangle marqué d'un 'oeil' et coiffé d'un demi-disque apparaît plusieurs fois dans l'oeuvre de Bram van Velde entre 1941 et 1956 (Rainer Michel Mason)
Lorsque la guerre éclate en 1939, Bram van Velde cesse de peindre. Il ne retrouvera ses pinceaux qu'après la Libération. À l'instar de nombreux artistes meurtris par la guerre et sa déferlante d'images, Bram van Velde ne peut plus retourner à la figuration. Un désir de renouveau, de renaissance se manifeste dans l'oeuvre de l'artiste : ses formes se géométrisent, il les fait apparaître anguleuses mais souples, il les cerne de noir, leur ôte leur profondeur. Ces aplats de couleurs presque pures contrastent et côtoient les mélanges de teintes, les stries. Enfin, la légèreté et la matité de la gouache prend peu à peu la place de la peinture à l'huile. Ces éléments réunis lui permettent d'exprimer la modernité, de 'rendre visible les phénomènes de notre époque', situé entre expressionisme abstrait et art informel.
Son style s'enrichit au fil des ans et bénéficie de ses premières expositions personnelles à partir de 1946, à Paris et à New York.
La technique et les choix picturaux de Bram Van Velde lui attirent l'amitié de Samuel Beckett, avec qui il partage la même vision du monde et de l'esthétisme. Ainsi, l'année 1948 est marquée par la publication de l'article Peintre de l'empêchement dans la revue Derrière le miroir. Beckett commente avec justesse la peinture des frères van Velde, et leur place dans la peinture moderne. On y comprend la filiation de l'art du peintre avec la sensibilité artistique de l'écrivain, en ce que leurs arts respectifs expriment ce qui n'est pas visible, 'ce qui empêche de peindre'.
La pièce présentée ici est en fait le tiers inférieur d'une peinture presque carrée qui fut déchirée par l'artiste. La partie centrale fut irrémédiablement détruite. Le tiers supérieur existe, aujourd'hui dans une collection particulière française. C'est vraisemblablement après 1952 - date à partir de laquelle Jacques Putman (1926-1994) s'occupa de Bram van Velde - que les deux registres rescapés parvinrent l'un, celui du haut, chez Françoise Schildge (épouse de Putman de 1949 à 1959) et l'autre, celui du bas, chez Michel Guy (1927-1990), l'ami pépiniériste, futur ministre de la Culture. Le motif (au centre droit) du triangle marqué d'un 'oeil' et coiffé d'un demi-disque apparaît plusieurs fois dans l'oeuvre de Bram van Velde entre 1941 et 1956 (Rainer Michel Mason)
Lorsque la guerre éclate en 1939, Bram van Velde cesse de peindre. Il ne retrouvera ses pinceaux qu'après la Libération. À l'instar de nombreux artistes meurtris par la guerre et sa déferlante d'images, Bram van Velde ne peut plus retourner à la figuration. Un désir de renouveau, de renaissance se manifeste dans l'oeuvre de l'artiste : ses formes se géométrisent, il les fait apparaître anguleuses mais souples, il les cerne de noir, leur ôte leur profondeur. Ces aplats de couleurs presque pures contrastent et côtoient les mélanges de teintes, les stries. Enfin, la légèreté et la matité de la gouache prend peu à peu la place de la peinture à l'huile. Ces éléments réunis lui permettent d'exprimer la modernité, de 'rendre visible les phénomènes de notre époque', situé entre expressionisme abstrait et art informel.
Son style s'enrichit au fil des ans et bénéficie de ses premières expositions personnelles à partir de 1946, à Paris et à New York.
La technique et les choix picturaux de Bram Van Velde lui attirent l'amitié de Samuel Beckett, avec qui il partage la même vision du monde et de l'esthétisme. Ainsi, l'année 1948 est marquée par la publication de l'article Peintre de l'empêchement dans la revue Derrière le miroir. Beckett commente avec justesse la peinture des frères van Velde, et leur place dans la peinture moderne. On y comprend la filiation de l'art du peintre avec la sensibilité artistique de l'écrivain, en ce que leurs arts respectifs expriment ce qui n'est pas visible, 'ce qui empêche de peindre'.