Lot Essay
Le destin dans sa main, ou encore : la main de la destinée, la main en saurait-elle plus que le bras qu'elle prolonge ?
Admettons, la main est un sujet, ou plutôt décidons d'en faire un sujet ; esquisses, dessins, ébauches, sculptures, au travail ! C'est très étrange pour un artiste de sculpter une main. L'outil dans la main droite et le modèle dans la main gauche. Observer, scruter sa propre main, comme un sujet autonome, détachée de son corps, miroir inattendu, face à main prodigieux, autoportrait sans doute. Sa propre main comme archétype, somme de toutes les autres, cet exercice singulier pourrait vite devenir périlleux. Voyons cela.
Et si une main pouvait tout. Ainsi dressée, immobile, elle devient le support de tous les possibles. Essayons un changement d'échelle. Plus grande elle se transforme en énigmatique divinité. En perdant sa dimension humaine elle gagne en force. Quelque chose tourne à l'énigme, y aurait-il un secret dans cette histoire ?
Objet, sujet, miroir, tout se brouille. Bon, reprenons calmement.
Au début, au centre plutôt, était le sculpteur. Soudain, une divinité anthropomorphique surgit. D'accord, mais pour dire quoi ? Un trait de sagesse ? Un axe du monde ? Pourquoi pas mais lequel ? Le coup de main du destin, la main au doigt et à l'oeil, le secret par dessus et la passion au creux, la passion qui mute, qui autorise, qui embrase le travail de l'artiste et donne du sens, le sens peut-être.
Le secret de l'affaire serait donc le sens, la saveur, s'agirait-il de formuler des éléments de réponse ? Détaillons ce qui vient. Les doigts dressés comme des stèles, chacun d'eux pour dire un territoire. A l'extrémité, en équilibre, le signe du doigt. Allez-y : la connaissance au sommet c'est l'étoile. La pierre dorée, pépite percée c'est pour le monde minéral. Le bois noir, totem du monde végétal en balance sur le pouce qui saisit, exprime la vie en s'opposant aux autres doigts. Enfin la sphère du cosmos pose sur l'index et la clef du secret sur le plus petit. Cinq pistes, cinq parfums, au sommet d'une main inspire pour guider l'homme, faire de lui un philosophe, qui sait ?
En tous cas une main se dresse pour célébrer la vie, saisir le monde et aider celui qui veut bien regarder à trouver sa route.
Richard Texier in D. Pennac, Richard Texier : De l'abondance au Zénith, Paris, 2004.
Admettons, la main est un sujet, ou plutôt décidons d'en faire un sujet ; esquisses, dessins, ébauches, sculptures, au travail ! C'est très étrange pour un artiste de sculpter une main. L'outil dans la main droite et le modèle dans la main gauche. Observer, scruter sa propre main, comme un sujet autonome, détachée de son corps, miroir inattendu, face à main prodigieux, autoportrait sans doute. Sa propre main comme archétype, somme de toutes les autres, cet exercice singulier pourrait vite devenir périlleux. Voyons cela.
Et si une main pouvait tout. Ainsi dressée, immobile, elle devient le support de tous les possibles. Essayons un changement d'échelle. Plus grande elle se transforme en énigmatique divinité. En perdant sa dimension humaine elle gagne en force. Quelque chose tourne à l'énigme, y aurait-il un secret dans cette histoire ?
Objet, sujet, miroir, tout se brouille. Bon, reprenons calmement.
Au début, au centre plutôt, était le sculpteur. Soudain, une divinité anthropomorphique surgit. D'accord, mais pour dire quoi ? Un trait de sagesse ? Un axe du monde ? Pourquoi pas mais lequel ? Le coup de main du destin, la main au doigt et à l'oeil, le secret par dessus et la passion au creux, la passion qui mute, qui autorise, qui embrase le travail de l'artiste et donne du sens, le sens peut-être.
Le secret de l'affaire serait donc le sens, la saveur, s'agirait-il de formuler des éléments de réponse ? Détaillons ce qui vient. Les doigts dressés comme des stèles, chacun d'eux pour dire un territoire. A l'extrémité, en équilibre, le signe du doigt. Allez-y : la connaissance au sommet c'est l'étoile. La pierre dorée, pépite percée c'est pour le monde minéral. Le bois noir, totem du monde végétal en balance sur le pouce qui saisit, exprime la vie en s'opposant aux autres doigts. Enfin la sphère du cosmos pose sur l'index et la clef du secret sur le plus petit. Cinq pistes, cinq parfums, au sommet d'une main inspire pour guider l'homme, faire de lui un philosophe, qui sait ?
En tous cas une main se dresse pour célébrer la vie, saisir le monde et aider celui qui veut bien regarder à trouver sa route.
Richard Texier in D. Pennac, Richard Texier : De l'abondance au Zénith, Paris, 2004.