Lot Essay
Un certificat de Madame Ana Vazquez de Parga sera remis à l'acquéreur.
Composition au taureau et piano date de 1935, année marquant l'adhésion d'Oscar Dominguez au groupe surréaliste de Paris. Cette période charnière pour l'artiste vit ses oeuvres exposées pour la première fois hors de France aux côtés de celles des grands noms du surréalisme. Ce fut aussi la période où un esprit nouveau souffla sur le mouvement grâce à lui. Dominguez fut en effet l'un des grands précurseurs de l'objet surréaliste et l'inventeur de la décalcomanie. Cette technique consistant à appliquer de la peinture par pression pour créer des formes fortuites ressemblant à des grottes sera d'ailleurs adaptée par nombre de ses compagnons surréalistes à commencer par Max Ernst. L'atmosphère inquiétante des visions de Dominguez dont se dégage une qualité obsédante et viscérale plut aussi beaucoup à André Breton.
Dans Composition au taureau et piano s'expose la plupart des grands thèmes et motifs de Dominguez. L'artiste combine le hasard, le rêve et le subconscient pour les cristalliser en une image mirage où dominent une forme taurine, dont la partie en bois rappelle les tableaux de René Magritte, et sa Némésis, soit son ennemi, le torero. Ce sont les archétypes de l'identité hispanique de Dominguez, et sans nul doute un écho aux années sombres de violence qui précédèrent la guerre civile d'Espagne à laquelle s'ajoute la relation intemporelle entre l'homme, la nature et sa propre nature animale. A cela renvoie l'entremêlement des formes du torero et du taureau au Minotaure, monstre mythique moitié homme moitié taureau. Ce concept que l'on retrouve dans de nombreuses oeuvres surréalistes inspirera d'ailleurs le titre de la publication d'Albert Skira, coéditée par Breton en personne : Minotaure.
Dans Composition au taureau et piano, on décèle une interaction énigmatique entre l'animal, le végétal et le minéral. L'ossature du taureau qui ressemble en partie à un cheval à bascule est exposée tandis que des muscles se dédoublent comme des annotations musicales et que de la matière clouée au sol se délite pour se transformer en coulures de sang sur les touches d'un piano à queue qui semble servir de socle à l'ensemble de la composition. Les formes organiques de plantes fantomatiques s'entremêlent en partant du sol et de la tige sur le côté gauche, s'attachant les unes aux autres au sein même de la structure de l'oeuvre.
Dominguez était de nature instable et parfois dérangeante ; il y avait de la violence latente en lui comme le rapportent les anecdotes. C'est ce qui se retrouve sans équivoque dans la tension qui se dégage du taureau disséqué et du rituel de la vie, de la mort et du jeu que suggèrent le taureau et le torero. C'est en partie la qualité brute et provocante des oeuvres de cette période qui explique que Breton et ses amis les aient si chaleureusement accueillies. Ayant rencontré ses compagnons un an seulement avant de peindre Composition au taureau et piano, Dominguez s'est vite retrouvé aux avant-postes du mouvement, participant à deux expositions des Surréalistes à l'étranger, toutes deux en 1935. La première à Copenhague présenta des toiles de Dominguez, alors que la deuxième vit le jour grâce à son intervention et son organisation. C'est par l'entremise de son ami Edouardo Westerdahl, rédacteur en chef de la Gaceta del Arte à Tenerife, le natale de Dominguez, que cette exposition eut lieu. Elle permit d'établir des liens étroits entre son ancien cercle de connaissances artistiques et intellectuelles et le mouvement surréaliste à Paris. Dominguez n'ayant pu assister à la deuxième exposition, Breton s'y rendit en personne. Il fut frappé par la qualité unique, volcanique, surréelle du paysage de Tenerife, et par les célèbres dragonniers ; nul doute que ces deux éléments jouèrent un rôle essentiel dans l'oeuvre de Dominguez, au premier plan de laquelle figure Composition au taureau et piano.
Painted in 1935, Composition au taureau et piano dates from the highpoint of Oscar Dominguez' involvement with the Surrealist group in Paris. This was a watershed period for him, during which his works were exposed on an international level alongside the most important Surrealists in some of their earliest international group exhibitions. It was also a period during which he had himself reinvigorated the movement: Dominguez had been one of the great pioneers of the objet surréaliste, and was also the inventor of decalcomania, a technique involving pressing paint in order to create chance-fuelled, grotto-like patterns that would be adopted by many of his fellow Surrealists, not least Max Ernst. Similarly, the brooding atsmosphere of Dominguez' visions had a haunting, visceral quality that appealed to André Breton in particular.
Composition au taureau et piano contains many of Dominguez' most important themes and motifs. In this picture, the artist has allowed chance, dream and his subconscious to fuse together to crystallise in a mirage-like image dominated by a bull-like form - partly made of wood reminiscent of Ren Magritte's paintings - and its nemesis, the torero. These are archetypes of Dominguez' identity as a Spaniard, which was doubtless a cause of anxiety in the dark years of violence preceding the Spanish Civil War, and also of the timeless relationship between Man and Nature, and indeed his own inner, animal nature. This relates the interweaving forms of the torero and the bull to the Minotaur, the monstrous mythical hybrid between Man and Beast. This concept lay at the heart of much of Surrealism: it is no coincidence that it became the title of Albert Skira's publication, Minotaure, which was co-edited by Breton himself.
In Composition au taureau et piano, there is a mysterious interplay between the animal, vegetable and mineral. The bones of the bull, which in part resembles a hobby-horse of some sort, are exposed; meanwhile, some of its muscles double as musical annotations, while some material which has been pinned to the ground transforms into blood, dripping onto the keys of a grand piano which seemingly provides the base to the entire composition. Meanwhile, the organic forms of ghostly plants intertwine, from the ground and from the stalk at the side, lacing themselves into the fabric of the composition.
Dominguez was an unsettled, and sometimes unsettling, man; there was a latent violence to his character, according to anecdote, and this is clearly indicated by the tension present in the vivisected bull in this painting and by the ritual of life, death and play invoked by the bull and the bullfighter. It was in part the raw, disturbing quality of his works from this period that led to his being so enthusiastically embraced by Breton and his colleagues. Having met them only the year before Composition au taureau et piano was painted, Dominguez soon found himself at the forefront of the movement, and participated in two of the Surrealists' earliest group exhibitions abroad, both of which took place in 1935. The first was held in Copenhagen and featured some of Dominguez' works, while the second came about through his own intervention and organisation. It was through his friend Edouardo Westerdahl, the editor in chief of the Gaceta del Arte in Dominguez' native Tenerife, that this exhibition came about, leading to strong links between his old circle of artistic and intellectual acquaintances there and the Surrealist movement in Paris. While Dominguez himself was unable to attend this second exhibition in 1935, Breton went in person and was struck by the unique, volcanic, otherworldly quality of the landscape in Tenerife, as well as the famous Dragon Trees; both of these played an important part in Dominguez' paintings, not least in Composition au taureau et piano.
Composition au taureau et piano date de 1935, année marquant l'adhésion d'Oscar Dominguez au groupe surréaliste de Paris. Cette période charnière pour l'artiste vit ses oeuvres exposées pour la première fois hors de France aux côtés de celles des grands noms du surréalisme. Ce fut aussi la période où un esprit nouveau souffla sur le mouvement grâce à lui. Dominguez fut en effet l'un des grands précurseurs de l'objet surréaliste et l'inventeur de la décalcomanie. Cette technique consistant à appliquer de la peinture par pression pour créer des formes fortuites ressemblant à des grottes sera d'ailleurs adaptée par nombre de ses compagnons surréalistes à commencer par Max Ernst. L'atmosphère inquiétante des visions de Dominguez dont se dégage une qualité obsédante et viscérale plut aussi beaucoup à André Breton.
Dans Composition au taureau et piano s'expose la plupart des grands thèmes et motifs de Dominguez. L'artiste combine le hasard, le rêve et le subconscient pour les cristalliser en une image mirage où dominent une forme taurine, dont la partie en bois rappelle les tableaux de René Magritte, et sa Némésis, soit son ennemi, le torero. Ce sont les archétypes de l'identité hispanique de Dominguez, et sans nul doute un écho aux années sombres de violence qui précédèrent la guerre civile d'Espagne à laquelle s'ajoute la relation intemporelle entre l'homme, la nature et sa propre nature animale. A cela renvoie l'entremêlement des formes du torero et du taureau au Minotaure, monstre mythique moitié homme moitié taureau. Ce concept que l'on retrouve dans de nombreuses oeuvres surréalistes inspirera d'ailleurs le titre de la publication d'Albert Skira, coéditée par Breton en personne : Minotaure.
Dans Composition au taureau et piano, on décèle une interaction énigmatique entre l'animal, le végétal et le minéral. L'ossature du taureau qui ressemble en partie à un cheval à bascule est exposée tandis que des muscles se dédoublent comme des annotations musicales et que de la matière clouée au sol se délite pour se transformer en coulures de sang sur les touches d'un piano à queue qui semble servir de socle à l'ensemble de la composition. Les formes organiques de plantes fantomatiques s'entremêlent en partant du sol et de la tige sur le côté gauche, s'attachant les unes aux autres au sein même de la structure de l'oeuvre.
Dominguez était de nature instable et parfois dérangeante ; il y avait de la violence latente en lui comme le rapportent les anecdotes. C'est ce qui se retrouve sans équivoque dans la tension qui se dégage du taureau disséqué et du rituel de la vie, de la mort et du jeu que suggèrent le taureau et le torero. C'est en partie la qualité brute et provocante des oeuvres de cette période qui explique que Breton et ses amis les aient si chaleureusement accueillies. Ayant rencontré ses compagnons un an seulement avant de peindre Composition au taureau et piano, Dominguez s'est vite retrouvé aux avant-postes du mouvement, participant à deux expositions des Surréalistes à l'étranger, toutes deux en 1935. La première à Copenhague présenta des toiles de Dominguez, alors que la deuxième vit le jour grâce à son intervention et son organisation. C'est par l'entremise de son ami Edouardo Westerdahl, rédacteur en chef de la Gaceta del Arte à Tenerife, le natale de Dominguez, que cette exposition eut lieu. Elle permit d'établir des liens étroits entre son ancien cercle de connaissances artistiques et intellectuelles et le mouvement surréaliste à Paris. Dominguez n'ayant pu assister à la deuxième exposition, Breton s'y rendit en personne. Il fut frappé par la qualité unique, volcanique, surréelle du paysage de Tenerife, et par les célèbres dragonniers ; nul doute que ces deux éléments jouèrent un rôle essentiel dans l'oeuvre de Dominguez, au premier plan de laquelle figure Composition au taureau et piano.
Painted in 1935, Composition au taureau et piano dates from the highpoint of Oscar Dominguez' involvement with the Surrealist group in Paris. This was a watershed period for him, during which his works were exposed on an international level alongside the most important Surrealists in some of their earliest international group exhibitions. It was also a period during which he had himself reinvigorated the movement: Dominguez had been one of the great pioneers of the objet surréaliste, and was also the inventor of decalcomania, a technique involving pressing paint in order to create chance-fuelled, grotto-like patterns that would be adopted by many of his fellow Surrealists, not least Max Ernst. Similarly, the brooding atsmosphere of Dominguez' visions had a haunting, visceral quality that appealed to André Breton in particular.
Composition au taureau et piano contains many of Dominguez' most important themes and motifs. In this picture, the artist has allowed chance, dream and his subconscious to fuse together to crystallise in a mirage-like image dominated by a bull-like form - partly made of wood reminiscent of Ren Magritte's paintings - and its nemesis, the torero. These are archetypes of Dominguez' identity as a Spaniard, which was doubtless a cause of anxiety in the dark years of violence preceding the Spanish Civil War, and also of the timeless relationship between Man and Nature, and indeed his own inner, animal nature. This relates the interweaving forms of the torero and the bull to the Minotaur, the monstrous mythical hybrid between Man and Beast. This concept lay at the heart of much of Surrealism: it is no coincidence that it became the title of Albert Skira's publication, Minotaure, which was co-edited by Breton himself.
In Composition au taureau et piano, there is a mysterious interplay between the animal, vegetable and mineral. The bones of the bull, which in part resembles a hobby-horse of some sort, are exposed; meanwhile, some of its muscles double as musical annotations, while some material which has been pinned to the ground transforms into blood, dripping onto the keys of a grand piano which seemingly provides the base to the entire composition. Meanwhile, the organic forms of ghostly plants intertwine, from the ground and from the stalk at the side, lacing themselves into the fabric of the composition.
Dominguez was an unsettled, and sometimes unsettling, man; there was a latent violence to his character, according to anecdote, and this is clearly indicated by the tension present in the vivisected bull in this painting and by the ritual of life, death and play invoked by the bull and the bullfighter. It was in part the raw, disturbing quality of his works from this period that led to his being so enthusiastically embraced by Breton and his colleagues. Having met them only the year before Composition au taureau et piano was painted, Dominguez soon found himself at the forefront of the movement, and participated in two of the Surrealists' earliest group exhibitions abroad, both of which took place in 1935. The first was held in Copenhagen and featured some of Dominguez' works, while the second came about through his own intervention and organisation. It was through his friend Edouardo Westerdahl, the editor in chief of the Gaceta del Arte in Dominguez' native Tenerife, that this exhibition came about, leading to strong links between his old circle of artistic and intellectual acquaintances there and the Surrealist movement in Paris. While Dominguez himself was unable to attend this second exhibition in 1935, Breton went in person and was struck by the unique, volcanic, otherworldly quality of the landscape in Tenerife, as well as the famous Dragon Trees; both of these played an important part in Dominguez' paintings, not least in Composition au taureau et piano.