Lot Essay
'La cuvette du Vaucluse l'infini, de bons rochers, du marbre blanc, trois ou quatre essences de bois différentes et la mer verte dedans'.
Nicolas de Staël, Lettre à Jean Bauret, Lagnes, juillet 1953
La personnalité de Nicolas de Staël a souvent fait oublier l'innovation de sa peinture et l'indépendance de sa démarche à une époque où de nombreux artistes balancent entre la figuration et l'abstraction en fonction des différents courants d'influence de leurs ainés.
Pour Nicolas de Staël, la recherche picturale se situe au-delà de cette problématique et le tableau résulte à la fois de la figuration d'un sujet, toujours existant, comme de l'abstraction du traitement de la matière des plans picturaux.
Sa démarche plastique en constante évolution et en perpétuel recommencement l'amène à explorer diférentes voies dans un 'renouvellement continu'. Chaque nouvelle phase, une fois son apogée atteinte, l'entraîne vers de nouveaux questionnements. Ainsi des abstractions sombres et graphiques des premières années, son oeuvre évolue vers les compositions structurées de matière polychrome et ces 'Compositions' elles-mêmes se transforment en 'Natures mortes', 'Paysages', 'Bouteilles'...
Dans le parcours de l'artiste, 1953 représente une année importante. Elle commence par un voyage à New York avec une exposition à la galerie Knoedler et la consécration de la critique outre-Atlantique, et se termine par une retraite entre les murs austères et délabrés d'une vieille bâtisse du Luberon.
Entre les deux, Nicolas de Staël s'approprie la lumière et l'atmosphère toute particulière du Midi.
Extrêmement fatigué par son exposition new yorkaise pour laquelle il a travaillé sans relâche pendant toute l'année 1952, il suit les conseils de René Char et part s'installer dans le Lavandou dans une ancienne magnanerie près d'Avignon, à l'extrémité du village du Lagnes. Cette maison est si grande qu'il parvient à y installer trois ateliers et qu'il se remet immédiatement au travail. L'environnement l'enthousiasme, comme il le confie à René Char dans une de ses lettres: 'C'est fou la richesse du pays au point de vue formel'.
La lumière, les paysages, la nature foisonnante et calme, l'atmosphère vive et langoureuse du Midi rejaillissent rapidement sur les peintures de l'artiste, dont la palette devient éclatante et dont la composition s'étire en de longues bandes horizontales de matière non plus appliquée au couteau mais travaillée à la spatule.
Les toiles réalisées pendant ces deux mois dans le lavandou, puis par extension celles qu'il exécute en Sicile révèlent la profondeur de l'engagement pictural de Nicolas de Staël, qui puise dans ses propres émotions comme dans le travail des peintres classiques, matière à ses propres compositions.
Comme nombre d'artistes avant lui ayant découvert la lumière du Sud, Nicolas de Staël se laisse emporter par la palette vive et éclatante, par les ciels changeants et la lumière éblouissante qui éclabousse sur chaque arête, gommant les ombres, effaçant les contrastes. Les parallèles entres son travail et celui de Braque, Bonnard, Corot ou encore Courbet sont ici des plus frappants et ,
pourtant ne peuvent résumer à eux-seuls la force des compositions qu'il exécute au cours de cette année.
Sa démarche est une réconciliation de l'immédiateté de l'impressionnisme et du choix chromatique du fauvisme. A cela s'ajoute un ingrédient qui fait le génie de l'artiste, qui tient tout à la fois de l'émotion comme de la retenue et de l'ugence à rendre visible l'impalpable.
'Ses peintures ne sont pas seulement des réponses sensibles à la lumière, à l'espace et au volume; elles existent par elles-mêmes, et leur existence est assurée par le sentiment passionné de l'artiste pour la peinture et pour des tensions qui n'existent que dans l'art-dans une surface plane et encadrée'. (Jammes Fitzimmons, In love with Paint, The Art Digest (New York), No. 12, 15 mars 1953, pp. 16-17)
Nicolas de Staël, Lettre à Jean Bauret, Lagnes, juillet 1953
La personnalité de Nicolas de Staël a souvent fait oublier l'innovation de sa peinture et l'indépendance de sa démarche à une époque où de nombreux artistes balancent entre la figuration et l'abstraction en fonction des différents courants d'influence de leurs ainés.
Pour Nicolas de Staël, la recherche picturale se situe au-delà de cette problématique et le tableau résulte à la fois de la figuration d'un sujet, toujours existant, comme de l'abstraction du traitement de la matière des plans picturaux.
Sa démarche plastique en constante évolution et en perpétuel recommencement l'amène à explorer diférentes voies dans un 'renouvellement continu'. Chaque nouvelle phase, une fois son apogée atteinte, l'entraîne vers de nouveaux questionnements. Ainsi des abstractions sombres et graphiques des premières années, son oeuvre évolue vers les compositions structurées de matière polychrome et ces 'Compositions' elles-mêmes se transforment en 'Natures mortes', 'Paysages', 'Bouteilles'...
Dans le parcours de l'artiste, 1953 représente une année importante. Elle commence par un voyage à New York avec une exposition à la galerie Knoedler et la consécration de la critique outre-Atlantique, et se termine par une retraite entre les murs austères et délabrés d'une vieille bâtisse du Luberon.
Entre les deux, Nicolas de Staël s'approprie la lumière et l'atmosphère toute particulière du Midi.
Extrêmement fatigué par son exposition new yorkaise pour laquelle il a travaillé sans relâche pendant toute l'année 1952, il suit les conseils de René Char et part s'installer dans le Lavandou dans une ancienne magnanerie près d'Avignon, à l'extrémité du village du Lagnes. Cette maison est si grande qu'il parvient à y installer trois ateliers et qu'il se remet immédiatement au travail. L'environnement l'enthousiasme, comme il le confie à René Char dans une de ses lettres: 'C'est fou la richesse du pays au point de vue formel'.
La lumière, les paysages, la nature foisonnante et calme, l'atmosphère vive et langoureuse du Midi rejaillissent rapidement sur les peintures de l'artiste, dont la palette devient éclatante et dont la composition s'étire en de longues bandes horizontales de matière non plus appliquée au couteau mais travaillée à la spatule.
Les toiles réalisées pendant ces deux mois dans le lavandou, puis par extension celles qu'il exécute en Sicile révèlent la profondeur de l'engagement pictural de Nicolas de Staël, qui puise dans ses propres émotions comme dans le travail des peintres classiques, matière à ses propres compositions.
Comme nombre d'artistes avant lui ayant découvert la lumière du Sud, Nicolas de Staël se laisse emporter par la palette vive et éclatante, par les ciels changeants et la lumière éblouissante qui éclabousse sur chaque arête, gommant les ombres, effaçant les contrastes. Les parallèles entres son travail et celui de Braque, Bonnard, Corot ou encore Courbet sont ici des plus frappants et ,
pourtant ne peuvent résumer à eux-seuls la force des compositions qu'il exécute au cours de cette année.
Sa démarche est une réconciliation de l'immédiateté de l'impressionnisme et du choix chromatique du fauvisme. A cela s'ajoute un ingrédient qui fait le génie de l'artiste, qui tient tout à la fois de l'émotion comme de la retenue et de l'ugence à rendre visible l'impalpable.
'Ses peintures ne sont pas seulement des réponses sensibles à la lumière, à l'espace et au volume; elles existent par elles-mêmes, et leur existence est assurée par le sentiment passionné de l'artiste pour la peinture et pour des tensions qui n'existent que dans l'art-dans une surface plane et encadrée'. (Jammes Fitzimmons, In love with Paint, The Art Digest (New York), No. 12, 15 mars 1953, pp. 16-17)