JEAN DUBUFFET (1901-1985)
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JEAN DUBUFFET (1901-1985)

TÊTE

Details
JEAN DUBUFFET (1901-1985)
Tête
signé et daté 'J.Dubuffet 50' (en haut à gauche)
huile sur isorel
54.5 x 46 cm. (21 3/8 x 18 1/8 in.)
Peint en janvier-avril 1950.
Provenance
Collection Gabriel Giraud, Paris
Galerie BFAS, Genève
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel en 1991
Special Notice
" f " : In addition to the regular Buyer’s premium, a commission of 7% (i.e. 7.49% inclusive of VAT for books, 8.372% inclusive of VAT for the other lots) of the hammer price will be charged to the buyer. It will be refunded to the Buyer upon proof of export of the lot outside the European Union within the legal time limit.(Please refer to section VAT refunds)
Further Details
'TETE'; SIGNED AND DATED UPPER LEFT; OIL ON MASONITE.

Brought to you by

Alexandre Carel
Alexandre Carel

Lot Essay

Cette oeuvre sera reproduite dans la troisième édition du Fascicule VI du Catalogue des travaux de Jean Dubuffet, actuellement en préparation.
Un certificat de la Fondation Jean Dubuffet sera remis à l'acquéreur.


Tête est une oeuvre issue de la série des Intermèdes - terme dont la paternité revient à Max Loreau lors d'une exposition au Cercle Volney en 1954 - regroupant en réalité toutes les oeuvres produites par Dubuffet entre janvier 1950 et février 1951 qui ne pouvaient être rattachées à la série des Corps de dames. En effet, contrairement au travail esthétique effectué sur le corps féminin de la série Corps de dames, Tête est une oeuvre qui se recentre uniquement sur la représentation de la figure, qui devient ici, par la composition et la technique picturale, un corps à part entière.
Le goût de Dubuffet pour l'expérimentation des matériaux se retrouve ici, dans la lignée de ses recherches esthétiques ré alisées pour la série des Paysages grotesques de 1949. Comme le souligne Max Loreau, "c'est le personnage des Paysages grotesques qui continue à vivre ici; tout simplement, ses membres se sont effacés, il n'est plus que visage" (M. Loreau, Catalogue des travaux de Jean Dubuffet, Fascicule VI, 1987, p. 12). Cette matière spécifique chez Dubuffet produit des effets contradictoires sur le spectateur partagé entre une sensation d'éloignement par l'aspect brut de la surface et paradoxalement une attirance spontanée, naturelle, pour une peinture volontairement extraite de tout contexte qui offre l'expérience d'une figure réduite à son essence.
L'origine de ce parti pris dans le traitement de la figure est à rechercher, comme l'indique Max Loreau, dans la volonté de " dépersonnalisation manifeste" présente chez Dubuffet. En effet, la représentation du visage humain par le biais du portrait remonte à la série des Hautes pâtes de 1946 où, déjà, ses personnages subissaient cette épuration spécifique pour ne laisser qu'un dessin inscrit, gravé dans la matière. L'année suivante, il continue cet exercice avec la série des Portraits, à travers laquelle il poursuit dans cette optique de "désacraliser sans profaner" (Giulio-Carlo Argan, Paris, Centre Pompidou, Jean Dubuffet, 13 septembre - 31 décembre 2001, p. 17). Il s'est d'ailleurs exprimé à ce sujet: "Il me semblait qu'en dépersonnalisant mes modèles, en les transportant sur un plan très général d'élémentaire figure humaine, j'aidais à déclencher, pour l'usager de la peinture, je ne sais quels mé canismes d'imagination ou de suscitation augmentant beaucoup le pouvoir de l'effigie." ("Notes du peintre", publiées en annexe dans G. Limbour, Tableau bon levain, à vous de cuire la pâte. L'art brut de Jean Dubuffet, Paris, René Drouin, 1953).
Tête offre ainsi une synthèse de la volonté de Dubuffet de réduire la figure à une forme simple dont l'intensité est d'autant plus accrue qu'elle n'est plus parasitée par la multiplication de détails. Le regard de ce visage se veut aussi énigmatique que pénétrant, à la fois proche et distant, réduisant à sa plus simple et plus profonde expression le genre du 8ortrait:
"Pour qu'un portrait fonctionne vraiment bien j'ai besoin que ça soit à peine un portrait. A la limite de n'être plus un portrait. C'est alors que ça prend son fonctionnement dans toute sa force. J'aime beaucoup les choses portées à leur extrême limite possible."
Jean Dubuffet (Préface au catalogue de l'exposition Les Gens sont bien plus beaux qu'ils croient, Paris, Galerie René Drouin, 1947.)

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