Lot Essay
Cette oeuvre est enregistrée dans les archives de Georg Baselitz.
"Dans tous les cas, la hiérarchie qui place le ciel en haut et la terre en bas n'est qu'une convention. Nous nous y sommes habitués, mais rien ne nous oblige à y croire. La seule chose qui m'intéresse, c'est de savoir comment je peux continuer à peindre des tableaux." (Baselitz, cit dans F. Dahlem, "Georg Baselitz", Cologne, 1990, p. 96).
Peint en 1985, Schwarzer Kopf offre un exemple sombre et troublant des peintures inverses de Georg Baselitz. L'artiste a commencé à peindre ses toiles à l'envers en 1969 pour détourner l'attention de l'image en soi et l'orienter vers la nature de la peinture et du tableau. Cette démarche s'exprime de manière évidente dans Schwarzer Kopf à travers l'incroyable richesse de la facture gestuelle qui orne la surface, les coups de pinceaux s'accumulant pour créer l'impression d'une tête à l'envers avec des boucles blondes représentées sur un arrière-plan foncé ponctué de saisissantes touches de couleurs rougeoyantes. Dans Schwarzer Kopf, le succès de la stratégie inventée par Baselitz apparaît clairement : le spectateur ne lit pas vraiment l'image, il regarde plutôt le tableau en soi, comme un objet à part entière.
Cette approche s'étend au processus même de la peinture. En peignant cette tête qui ressemble à certains autoportraits de la même période, Baselitz s'inscrit délibérément en rupture avec le processus de représentation traditionnellement associé à la peinture figurative. Au lieu de peindre le monde tel qu'on le voit, ce que Baselitz trouve absurde et fallacieux, il a utilisé le monde des visions, des souvenirs et des émotions comme un tremplin presque arbitraire pour explorer la toile. En un sens, c'est un puissant parallèle néo-expressionniste aux "photo-peintures" de Gerhard Richter : Baselitz cherchait comment pouvoir continuer à peindre. Contrairement à Richter, sa démolition du monde des images est néanmoins plus flagrante, plus entière et imposée en attirant l'attention sur une facture parfois presque brutale. Baselitz a expliqué que le genre de peinture où l'artiste reproduit l'image d'une chaise n'a aucune pertinence à ses yeux. A l'opposé, il a utilisé le sujet de la tête humaine dont parle le titre Schwarzer Kopf comme une incitation à une exploration nerveuse de la surface peinte en soi. Il a ainsi créé un objet totalement pictural qui, à travers l'inversion de l'image et sa matérialité patente, remet entièrement en question la nature de la peinture. A propos de ce processus, l'artiste a déclaré : "L'objet n'exprime rien du tout. La peinture n'est pas un moyen pour parvenir à une fin. Au contraire, la peinture est autonome. et je me suis dit : si tel est le cas, je dois prendre tout ce qui a fait l'objet de peintures - paysage, portrait et nu, par exemple - et le peindre à l'envers. C'est la meilleure façon de libérer la représentation de son contexte." (Baselitz, cité dans ibid, p. 88).
"Dans tous les cas, la hiérarchie qui place le ciel en haut et la terre en bas n'est qu'une convention. Nous nous y sommes habitués, mais rien ne nous oblige à y croire. La seule chose qui m'intéresse, c'est de savoir comment je peux continuer à peindre des tableaux." (Baselitz, cit dans F. Dahlem, "Georg Baselitz", Cologne, 1990, p. 96).
Peint en 1985, Schwarzer Kopf offre un exemple sombre et troublant des peintures inverses de Georg Baselitz. L'artiste a commencé à peindre ses toiles à l'envers en 1969 pour détourner l'attention de l'image en soi et l'orienter vers la nature de la peinture et du tableau. Cette démarche s'exprime de manière évidente dans Schwarzer Kopf à travers l'incroyable richesse de la facture gestuelle qui orne la surface, les coups de pinceaux s'accumulant pour créer l'impression d'une tête à l'envers avec des boucles blondes représentées sur un arrière-plan foncé ponctué de saisissantes touches de couleurs rougeoyantes. Dans Schwarzer Kopf, le succès de la stratégie inventée par Baselitz apparaît clairement : le spectateur ne lit pas vraiment l'image, il regarde plutôt le tableau en soi, comme un objet à part entière.
Cette approche s'étend au processus même de la peinture. En peignant cette tête qui ressemble à certains autoportraits de la même période, Baselitz s'inscrit délibérément en rupture avec le processus de représentation traditionnellement associé à la peinture figurative. Au lieu de peindre le monde tel qu'on le voit, ce que Baselitz trouve absurde et fallacieux, il a utilisé le monde des visions, des souvenirs et des émotions comme un tremplin presque arbitraire pour explorer la toile. En un sens, c'est un puissant parallèle néo-expressionniste aux "photo-peintures" de Gerhard Richter : Baselitz cherchait comment pouvoir continuer à peindre. Contrairement à Richter, sa démolition du monde des images est néanmoins plus flagrante, plus entière et imposée en attirant l'attention sur une facture parfois presque brutale. Baselitz a expliqué que le genre de peinture où l'artiste reproduit l'image d'une chaise n'a aucune pertinence à ses yeux. A l'opposé, il a utilisé le sujet de la tête humaine dont parle le titre Schwarzer Kopf comme une incitation à une exploration nerveuse de la surface peinte en soi. Il a ainsi créé un objet totalement pictural qui, à travers l'inversion de l'image et sa matérialité patente, remet entièrement en question la nature de la peinture. A propos de ce processus, l'artiste a déclaré : "L'objet n'exprime rien du tout. La peinture n'est pas un moyen pour parvenir à une fin. Au contraire, la peinture est autonome. et je me suis dit : si tel est le cas, je dois prendre tout ce qui a fait l'objet de peintures - paysage, portrait et nu, par exemple - et le peindre à l'envers. C'est la meilleure façon de libérer la représentation de son contexte." (Baselitz, cité dans ibid, p. 88).