PIERRE SOULAGES (NÉ EN 1919)
COLLECTION PRIVÉE EUROPÉENNE
PIERRE SOULAGES (NÉ EN 1919)

Peinture 92 x 65 cm, 1er juin 1953

Details
PIERRE SOULAGES (NÉ EN 1919)
Peinture 92 x 65 cm, 1er juin 1953
signé et daté 'soulages 53' (en bas à gauche); signé et daté 'soulages 1 juin 1953' (au dos); signé 'SOULAGES' (sur le châssis)
huile sur toile
92 x 65 cm. (36¼ x 25½ in.)
Peint en 1953.
Provenance
Gertrude Stein Gallery, New York
Collection Hugh Chisholm, Berne
Vente anonyme, Christie's Londres, 2 avril 1974
Collection privée, Hong Kong
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel en 2008
Literature
P. Encrevé, Soulages, l'Oeuvre complet - Peintures, Vol. I, 1946-1959, Paris, 1994, No. 124 (illustré en couleurs p. 146).
Exhibited
Berne, Kunsthalle, Tendances actuelles de l'École de Paris, février-mars 1954.
Further Details
'PEINTURE 92 X 65 CM, 1ER JUIN 1953'; SIGNED AND DATED LOWER LEFT, SIGNED AND DATED ON THE REVERSE, SIGNED ON THE STRETCHER; OIL ON CANVAS.
Sale Room Notice
Un certificat d'authenticité de Pierre Soulages sera remis à l'acquéreur.

Brought to you by

Eloïse Peyre
Eloïse Peyre

Lot Essay

Exécutée en 1953, Peinture 92 x 65 cm, 1er juin 1953 est un exemple précoce du style abstrait emblématique de Soulages. C'est en effet au cours de cette année-là que le peintre accède à une reconnaissance internationale, rentrant dans les collections publiques du MoMA de New York et de la Kunsthaus de Zurich.

Dès le début de sa pratique artistique, Soulages prend le parti de tourner le dos au matériel traditionnel des peintres au profit de spatules, grattoirs et larges brosses, qui lui permettent de mettre en avant la matière, la trace sur la toile plutôt que la ligne ou le dessin. Comme il l'a indiqué: 'C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche. La peinture vient toujours avant la pensée.' (cité in Sammlung Essl, Pierre Soulages: Painting the Light, juin-août 2006, p. 10). Estimant qu'une oeuvre n'est achevée qu'à partir de l'instant où il juge que tout nouvel ajout à la toile détruirait l'équilibre atteint dans la composition, Soulages a l'habitude de retourner les toiles dans son atelier et de les délaisser pendant un certain temps. Ce n'est qu'après cette pause dans le processus de création qu'il revient à la toile et décide si celle-ci est digne d'être exposée. Dans le cas contraire, l'exigence du peintre vis-à-vis de lui-même le conduit à brûler systématiquement les oeuvres qui ne le contentent pas.

Formée d'une multitude de coups de pinceaux de grande ampleur, cette oeuvre traduit l'attention portée par l'artiste à la puissance dynamique, à la tension réalisée par le tracé. 'J'ai voulu fonder mon travail sur l'épaule (et non sur le poignet), l'organiser sur des notions de haut et de bas qui m'importent toujours énormément.' explique-t-il d'ailleurs (cité in Entretien avec Bernard Ceysson, Musée de Saint Etienne, 1976).

Peinture 92 x 65 cm, 1er juin 1953 est révélatrice du parti pris de Soulages de mettre en valeur le noir si caractéristique de son oeuvre. La lumière surgit ici du contraste réalisé entre le fond clair du tableau et les aplats massifs de noir qui confèrent à la peinture sa monumentalité. La juxtaposition du noir et de couleurs éclatantes, comme le rouge orangé et le jaune souffre, vient souligner le travail de la matière picturale, qui semble prendre son autonomie sur le tracé et suggérer une 'impression de martèlement, de piétinement d'une touche sur l'autre' (P. Encrevé, Soulages, l'Oeuvre complet - Peintures, Vol. I, 1946-1959, Paris, 1994, p. 169).

Soulages entend ainsi renouveler son approche de la spatialité du tableau. En effet, lors d'une conférence donnée en 1953 et intitulée L'Espace, il exposait sa conception: 'Pour moi en tant que peinture il n'y a pas de problème de l'espace, il y a des solutions qui se présentent au cours de mon travail, toutes mêlées à un ensemble indissociable de couleurs, de formes, de matières, que je transforme soit en agissant directement, soit en ajoutant d'autres formes, elles-mêmes ensembles formes-matières-couleurs qui réagissent, complètent et modifient les premières formes posées sur la toile.' (cité in Soulages, catalogue d'exposition, Paris, Centre Pompidou - Musée National d'Art Moderne, octobre 2009-mars 2010, p. 305).

L'oeuvre offre ainsi au spectateur une frontalité singulière qui puise sa force dans une peinture libre de toute contrainte issue du dessin, laissant la place à une expressivité qui repose, par-dessus tout, sur la 'présence' unique et palpable du noir de Soulages.

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