Lot Essay
Un certificat d'authenticité du Comité Marc Chagall sera remis à l'acquéreur.
Alors qu'il est exilé de Biélorussie, Marc Chagall se rend à Paris en 1924 à la demande d'Ambroise Vollard. Celui-ci lui a commandité la réalisation d'illustrations pour les Âmes Mortes de Nicolas Gogol. Cette collaboration est le passeport pour la France et la garantie d'une rente régulière pour l'artiste. Chagall, peut désormais s'intégrer et assimiler la culture française.
Toutefois, il se sent déraciné et il lui faut retrouver une terre. "L'exil déracine le moi, dans le sens où il l'arrache à la terre à laquelle il tient de toutes ses fibres biologiques. Moment dramatique de pesanteur terrible, car jamais l'exilé ne pourra plus pousser de racines dans d'autres terroirs. Ses racines resteront à nu exposées dans le vide et d'une certaine façon, on pourrait dire qu'elles n'auront plus que le ciel où passer désormais, ce vide où elles vont s'étendre en cherchant à retoucher terre" (S. Trigano, Le Temps de l'exil, Paris, 2008, p. 19).
Et c'est ce à quoi Chagall aspire, prendre racine dans un nouveau pays. Pour cela, il traverse la France de part en part et en découvre les nombreux paysages. Il est fasciné par cette nature et cette lumière : "Je me jetais sur des thèmes nouveaux comme je n'en avais jamais vu à Vitebsk, les fleurs du Midi, les paysans de Savoie, les bêtes bien nourries. Après la Révolution, la misère et la faim, je donnais libre cours à mon appétit. Dans le fantastique que je voyais, je ne pouvais oublier la terre d'où nous sortons" (C. Sorlier, Marc Chagall et Ambroise Vollard, Paris, 1981, p. 24).
Lors de ses pérégrinations, Marc Chagall s'arrête à Chambon-sur-Lac en 1926, dans le Parc Naturel des Volcans d'Auvergne, "Nous sommes en pleine campagne, entourés des vaches et des ânes. On s'entend très bien" (ibid., p. 26). C'est à cette même époque entre 1926 et 1927 qu'il peint une centaine de gouaches destinées à l'illustration des Fables de la Fontaine. Le Ruisseau s'inscrit dans la même veine plastique que la série de gouaches réalisée pour les Fables, le pinceau dessine le contour de l'image, la gouache se pose en touches profondes ou fluides, en éclaboussure ou poudroiement, jouant sur les transparences et les proportions des sujets, tantôt accentuées, tantôt miniaturisées.
During his exile in Belarus, Marc Chagall visited Paris in 1924 at the request of Ambroise Vollard, who commissioned him to produce the illustrations for Nicolas Gogol's Dead Souls. This collaboration brought the artist to France and guaranteed him a regular income. From this point on, Chagall assimilated and became part of French culture.
He felt out of place, however, and felt the need to put down new roots. "Exile uproots the Self, in the sense that it rips at the earth it clings to with all its biological fibres. This is a dramatic moment of terrible inertia, since the exile will never again be able to put down roots in other lands. His roots will remain bear, exposed in the void, and it could be said that they will always remain in some way up in the air, that void into which they will now stretch, seeking to touch the earth again". (S. Trigano, Le Temps de l'exil, Paris, 2008, p. 19).
And that is what Chagall aspired to - taking root in a new country. To do this he travelled all around France, discovering its many landscapes. He was fascinated by its nature and its light: "I threw myself at new themes I had never seen before in Vitebsk - the flowers in the south of France, the farm workers in Savoy, the well-fed animals. After the Revolution, the destitution and the hunger, I gave my appetite free reign. In all the fantastic things I saw, I could not forget the earth from which we come." (C. Sorlier, Marc Chagall et Ambroise Vollard, Paris, 1981, p. 24).
During the course of his travels, in 1926 Marc Chagall stopped at Chambon-sur-Lac, in the nature reserve around the Auvergne volcanoes: "We are in the middle of the countryside, surrounded by cows and donkeys. We are getting on very well (ibid., p. 26). It was during this same period during 1926 and 1927 that he painted around 100 gouaches to illustrate La Fontaine's Fables. Le Ruisseau falls into the same artistic vein as the series of gouaches produced for the Fables, the brush drawing the outline of the image with gouache being applied in deep or fluid touches, in splashes or sprinkles, playing on the transparencies and proportions of the subjects, which are sometimes accentuated, sometimes minimised.
Alors qu'il est exilé de Biélorussie, Marc Chagall se rend à Paris en 1924 à la demande d'Ambroise Vollard. Celui-ci lui a commandité la réalisation d'illustrations pour les Âmes Mortes de Nicolas Gogol. Cette collaboration est le passeport pour la France et la garantie d'une rente régulière pour l'artiste. Chagall, peut désormais s'intégrer et assimiler la culture française.
Toutefois, il se sent déraciné et il lui faut retrouver une terre. "L'exil déracine le moi, dans le sens où il l'arrache à la terre à laquelle il tient de toutes ses fibres biologiques. Moment dramatique de pesanteur terrible, car jamais l'exilé ne pourra plus pousser de racines dans d'autres terroirs. Ses racines resteront à nu exposées dans le vide et d'une certaine façon, on pourrait dire qu'elles n'auront plus que le ciel où passer désormais, ce vide où elles vont s'étendre en cherchant à retoucher terre" (S. Trigano, Le Temps de l'exil, Paris, 2008, p. 19).
Et c'est ce à quoi Chagall aspire, prendre racine dans un nouveau pays. Pour cela, il traverse la France de part en part et en découvre les nombreux paysages. Il est fasciné par cette nature et cette lumière : "Je me jetais sur des thèmes nouveaux comme je n'en avais jamais vu à Vitebsk, les fleurs du Midi, les paysans de Savoie, les bêtes bien nourries. Après la Révolution, la misère et la faim, je donnais libre cours à mon appétit. Dans le fantastique que je voyais, je ne pouvais oublier la terre d'où nous sortons" (C. Sorlier, Marc Chagall et Ambroise Vollard, Paris, 1981, p. 24).
Lors de ses pérégrinations, Marc Chagall s'arrête à Chambon-sur-Lac en 1926, dans le Parc Naturel des Volcans d'Auvergne, "Nous sommes en pleine campagne, entourés des vaches et des ânes. On s'entend très bien" (ibid., p. 26). C'est à cette même époque entre 1926 et 1927 qu'il peint une centaine de gouaches destinées à l'illustration des Fables de la Fontaine. Le Ruisseau s'inscrit dans la même veine plastique que la série de gouaches réalisée pour les Fables, le pinceau dessine le contour de l'image, la gouache se pose en touches profondes ou fluides, en éclaboussure ou poudroiement, jouant sur les transparences et les proportions des sujets, tantôt accentuées, tantôt miniaturisées.
During his exile in Belarus, Marc Chagall visited Paris in 1924 at the request of Ambroise Vollard, who commissioned him to produce the illustrations for Nicolas Gogol's Dead Souls. This collaboration brought the artist to France and guaranteed him a regular income. From this point on, Chagall assimilated and became part of French culture.
He felt out of place, however, and felt the need to put down new roots. "Exile uproots the Self, in the sense that it rips at the earth it clings to with all its biological fibres. This is a dramatic moment of terrible inertia, since the exile will never again be able to put down roots in other lands. His roots will remain bear, exposed in the void, and it could be said that they will always remain in some way up in the air, that void into which they will now stretch, seeking to touch the earth again". (S. Trigano, Le Temps de l'exil, Paris, 2008, p. 19).
And that is what Chagall aspired to - taking root in a new country. To do this he travelled all around France, discovering its many landscapes. He was fascinated by its nature and its light: "I threw myself at new themes I had never seen before in Vitebsk - the flowers in the south of France, the farm workers in Savoy, the well-fed animals. After the Revolution, the destitution and the hunger, I gave my appetite free reign. In all the fantastic things I saw, I could not forget the earth from which we come." (C. Sorlier, Marc Chagall et Ambroise Vollard, Paris, 1981, p. 24).
During the course of his travels, in 1926 Marc Chagall stopped at Chambon-sur-Lac, in the nature reserve around the Auvergne volcanoes: "We are in the middle of the countryside, surrounded by cows and donkeys. We are getting on very well (ibid., p. 26). It was during this same period during 1926 and 1927 that he painted around 100 gouaches to illustrate La Fontaine's Fables. Le Ruisseau falls into the same artistic vein as the series of gouaches produced for the Fables, the brush drawing the outline of the image with gouache being applied in deep or fluid touches, in splashes or sprinkles, playing on the transparencies and proportions of the subjects, which are sometimes accentuated, sometimes minimised.