Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)
Ancienne collection Jeanne et Fernand Moch
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)

Femme au corsage rouge et au chapeau noir

Details
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)
Femme au corsage rouge et au chapeau noir
signé 'Renoir.' (en haut à droite)
pastel sur papier
55 x 47 cm. (21 5/8 x 18½ in.)
Exécuté en 1894
Provenance
Jeanne et Fernand Moch, Paris.
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Further Details
'Woman with Red Blouse and Black Hat; signed upper right; pastel on paper.

Brought to you by

Jeanne Rigal
Jeanne Rigal

Lot Essay

Cette oeuvre sera incluse dans le prochain volume du catalogue raisonné des peintures, pastels, dessins et aquarelles de Pierre-Auguste Renoir actuellement en préparation par Messieurs Guy-Patrice et Michel Dauberville aux Editions Bernheim-Jeune.


"Ah combien j'aime et vénère jusqu'aux plus obscurs des maîtres d'autrefois ! [...] Leur joie unique était de faire un métier noble. Les peintres de ces époques si enviables avaient bien quelques défauts, [...] mais, en voyant leurs oeuvres qui ont conservé tant de fraîcheur à travers les siècles, on ne leur trouve que des qualités. Ces oeuvres qu'on aime toucher du doigt comme des beaux marbres, ces pâtes merveilleuses, ce travail divin [...] me remplissent de joie." (Pierre-Auguste Renoir, cité in A. Vollard, Pierre-Auguste Renoir, tableaux, pastels et dessins, Paris, 1918, pp. 12-13.)

Le portrait occupe une place fondamentale dans l'oeuvre de Pierre-Auguste Renoir. L'artiste doit d'ailleurs son premier succès public à un ambitieux portrait familial, Portrait de Madame Charpentier et de ses enfants (New York, The Metropolitan Museum of Art) (fig.1), exposé au Salon de 1879 dont, le modèle principal, Madame Charpentier, épouse de l'éditeur de Flaubert, de Zola, des Goncourt et de Huysmans, est à l'origine du regain des commandes de portraits à Renoir au tournant des années 1880.

Bien qu'à partir des années 1890, le marchand de Renoir, Paul Durand- Ruel, constatant une demande moins soutenue de la part des collectionneurs pour les portraits, tente de le convaincre de diminuer sa production d'oeuvres de ce genre, l'artiste y reste profondément attaché. Ainsi, entre 1890 et 1900, la majorité de ses oeuvres ont pour sujet des "figures en costume moderne élégant - des jeunes filles coiffées souvent de chapeaux fantaisistes, quelques-unes en buste, certaines à mi-corps, d'autres en pied, seules ou avec une comparse" (J. House, Renoir, catalogue d'exposition, Paris, Galeries Nationales du Grand Palais, 1985, p. 255).

À cette époque, Renoir renonce à la structure rigide des formes du milieu des années 1880 au profit d'un traitement plus libre et plus aérien. Il approfondit ses recherches sur la manière d'associer la netteté de la forme avec le libre jeu des touches de couleurs. Ses principales sources d'inspiration sont l'art du XVIIIe siècle français et plus particulièrement Corot, qui modelait la forme et suggérait l'espace avec le pinceau, au lieu de séparer la peinture du dessin et la couleur de la ligne.

Il applique ces enseignements à la technique du pastel qu'il explore dès les années 1880 influencé par les oeuvres de ses contemporains Edouard Manet et Edgar Degas mais aussi par le maître ancien Jean-Antoine Watteau.

Femme au corsage rouge et au chapeau noir illustre la maîtrise de Renoir tant dans l'art du portrait que dans l'utilisation du pastel. Le modèle, une jeune femme à la chevelure blond vénitien est vêtue d'une robe rouge agrémentée d'un ruban noir auquel fait écho un chapeau richement orné de plumes. Bien qu'exécutée de manière fort délicate, elle se distingue clairement de l'arrière-plan. Celui-ci, réduit à une sorte de simple toile de fond colorée, loin d'envahir la figure, agit comme son repoussoir, tournant autour de sa robe et relevant les tons roux de sa chevelure, ainsi que les accents orangés de son col et noirs de son chapeau et de son noeud. Les chairs sont modelées par un dégradé de tons beiges et rosés et non plus, comme dans les années précédentes par des contrastes de tons chauds et froids avec notamment l'usage de la teinte bleue. Les formes sont façonnées par des mouvements cursifs, rythmés, qui, d'un même geste, les définissent et créent le motif.

Avec ce portrait gracieux d'élégante, Renoir s'illustre comme un grand dessinateur. Paul Gauguin avait d'ailleurs perçu tout le pouvoir suggestif des dessins de l'artiste: "chez Renoir, rien n'est en place: ne cherchez pas la ligne, elle n'existe pas; comme par magie une jolie tache de couleur, une lumière caressante parlent suffisamment. Sur les joues comme sur une pêche, un léger duvet ondule, animé par la brise d'amour qui raconte aux oreilles sa musique" (P. Gauguin cité in Renoir au XXe siècle, catalogue d'exposition, Paris, Galeries Nationales du Grand Palais, 2009, p. 87).


"Oh, how much I love and venerate even the most obscure of the old master! [...] Their only joy came from their noble work. The enviable painters of those days certainly had their faults, [...] but, seeing the works by them which have retained such freshness over the centuries, we only see their qualities. These paintings, which we like to touch with our fingertip like fine marble, these wonderful pastes, these divine works [...] fill me with joy. (Pierre-Auguste Renoir, quoted in A. Vollard, Tableaux, pastels et dessins de Pierre-Auguste Renoir, Paris, 1918, pp. 12-13. )

Portraiture occupies a fundamental place in the work of Pierre-Auguste Renoir. The artist owed his first public success to an ambitious family portrait,
Portrait de Madame -Charpentier et de ses enfants (New York, The Metropolitan Museum), exhibited at the Paris Salon in 1879 and whose main model, Madame Charpentier - the wife of the publisher of Flaubert, Zola, the Goncourt brother and Huysmans - was behind the rise in Renoir's portrait commissions at the start of the 1880s.

Although from the early 1890s, Renoir's dealer, Paul Durand-Ruel - observing a drop in demand for portraits from collectors - tried to convince him to reduce his production of this type of work, the artist remained very attached to portraiture. Between 1890 and 1900, the subject of most of his work was "figures in elegant modern dress - young ladies often wearing fantastic hats, some head-and-shoulders, some half body, others full length, alone or with a companion." (J. House,
Renoir, exhibition catalogue, Paris, Galeries Nationales du Grand Palais, 1985, p. 255).

However, at this time, Renoir did abandon the rigid structure employed the 1880s in favour of a freer treatment with more open space. He studied in greater depth how to combine sharpness of form with free play of touches of colour. His main sources of inspiration were 18th-century French artists, particularly Corot, who modelled form and suggested space with the brush, instead of distinguishing painting from drawing and colour from line.

He applied these lessons to the pastel technique which he explored from the 1880s, influenced by the work of his contemporaries Edouard Manet and Edgar Degas, as well as the Old Master Jean-Antoine Watteau.

Femme au corsage rouge et au chapeau noir illustrates Renoir's expertise in both the art of portraiture and the use of pastel. A young woman with strawberry blond hair is dressed in a red dress set off with a black ribbon, echoed in a hat richly decorated in feathers. Although executed very delicately, she stands out clearly from the background. This is reduced to a simple coloured backdrop and, far from invading the figure, makes her stand out even more, encircling her dress and highlighting the red tones of her hair, as well as the orangey accents of her neck and the blacks of her hat and bow. Skin tones are rendered in graduated beige and pinkish tones and not, as in previous years, in contrasts of hot and cold tones, particularly including blues. Forms are developed with cursory, rhythmic movements, which, in a single gesture, define them and create the meaning.

With this gracious and elegant portrait, Renoir distinguishes himself as a great draughtsman. Paul Gauguin had also noticed all the suggestive power of the artist's drawings: "Nothing is in place with Renoir. Do not look for lines, they do not exist. As if by magic a little dash of colour or a caressing light communicates enough. On cheeks, like on a peach, a layer of downy hairs undulate, stirred by the breeze of love which plays its music to the ears" (P. Gauguin, quoted
in Renoir in the 20th Century, exhibition catalogue, Paris, Galeries Nationales du Grand Palais; 2009, p. 87).

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