Lot Essay
Madame Wanda de Guébriant a confirmé l'authenticité de cette oeuvre. Un certificat d'authenticité peut être établi à la demande de l'acquéreur.
Matisse a peint Paysage de Corse en 1898, année qui marque un tournant important dans les recherches plastiques de l'artiste et le voit s'affranchir des nombreux courants qui avaient exercé leur influence sur lui. Dans Paysage de Corse, Matisse se libère du rayonnement impressionniste qui l'avait conduit à réaliser notamment le chef-d'oeuvre intitulé La desserte l'année précédente. La lumière est fondamentale, comme le sont tout autant les surfaces de couleur vive qui préfigurent la palette fauviste que Matisse adopte avec une intensité croissante au cours des années suivantes. Nombre des innovations de Matisse en cette année 1898 résultent de l'isolement relatif auquel il se prête, délaissant Paris pour passer la plus grande partie de l'année dans le sud de la France et en Corse.
Cette même année Matisse se rend à Londres en voyage de noces. Sur les conseils de Camille Pissarro il en profite pour aller voir les oeuvres de Turner à la National Gallery qui ne l'impressionnent guère. L'influence du maître est pourtant palpable dans le traitement de sa peinture. Le travail de Turner amène Matisse à se dégager de la touche impressionniste qui avait jusque-là dominé ses compositions. Il voit dans la peinture de Turner, non seulement une nouvelle façon de traiter la lumière, mais aussi un moyen de créer une perception onirique de la nature. Matisse étend ses recherches et élève sa peinture à un rang novateur, considérant que son art "consiste en une méditation d'après la nature, en l'expression d'un rêve toujours inspiré par la réalité" (Henri Matisse, cité in P. Schneider, Matisse, Paris, 1984, p. 60). Il est également fort possible que Matisse se soit senti redevable envers son ancien professeur, Gustave Moreau, décédé au début de 1898. Cela étant, le pur plaisir des couleurs vives, si évident dans cette oeuvre, montre combien Matisse dépasse et transcende l'enseignement du maître du Symbolisme.
L'oeuvre ici présentée semble devoir plus à Cézanne ou Gauguin qu'à aucun de leurs prédécesseurs. Ce que Matisse disait à propos des Impressionnistes est donc chargé de signification : "Une traduction rapide de paysage ne donne de lui qu'un moment de sa durée. Je préfère, en insistant sur son caractère, m'exposer à perdre le charme pour obtenir plus de stabilité" (ibid., p. 73).
Paysage de Corse was painted in 1898, a year of significant breakthroughs for Matisse, for it was in this year that he surpassed many of the influences to which he had formerly submitted. In Paysage de Corse, it is clear that Matisse has moved through the Impressionist phase that resulted in his early masterpiece, La desserte of the previous year. Light is crucial, but more so are the bold areas of colour that prefigure the Fauve palette that Matisse would increasingly adopt over the forthcoming years. Many of the advances that Matisse made during 1898 were due to the relative seclusion in which he kept himself, for he spent his time away from Paris for the majority of the year, instead spending his time in the South of France and in Corsica.
It was also in that same year that Matisse visited London on his honeymoon. However this was a pretext to view the Turners in the National Gallery in London, upon the advice of Camille Pissarro. Matisse was under-impressed; however despite this one can sense the influence of the master in his handling of paint. In seeing Turner, Matisse moved through the Impressionist phase that had formerly driven his compositions. For in Turner's paintings, Matisse saw not only a new way of treating light in the composition, but a means of creating a dreamlike sense of beauty that was still rooted in reality, but did not literally translate the scene that nature presented. This was an interest that Matisse took to new levels, considering his art to consist "of a meditation on nature, on the expression of a dream inspired by reality" (Henri Matisse, quoted in P. Schneider, Matisse, London, 1984, p. 60). The possibility remains that Matisse was still indebted in this regard to his former teacher, Gustave Moreau, who had died in early 1898. However, the sheer enjoyment of bold color that is evident in this picture shows the degree to which Matisse had moved on from Moreau's Symbolist leanings.
The present painting appears to owe more to Cézanne or to Gauguin than to any of their predecessors. Matisse's words about the Impressionists are therefore telling; "A rapid rendering of a landscape represents only one moment of its existence. I prefer, by insisting upon its essential character, to risk losing charm in order to gain greater stability"(ibid., p. 73).
Matisse a peint Paysage de Corse en 1898, année qui marque un tournant important dans les recherches plastiques de l'artiste et le voit s'affranchir des nombreux courants qui avaient exercé leur influence sur lui. Dans Paysage de Corse, Matisse se libère du rayonnement impressionniste qui l'avait conduit à réaliser notamment le chef-d'oeuvre intitulé La desserte l'année précédente. La lumière est fondamentale, comme le sont tout autant les surfaces de couleur vive qui préfigurent la palette fauviste que Matisse adopte avec une intensité croissante au cours des années suivantes. Nombre des innovations de Matisse en cette année 1898 résultent de l'isolement relatif auquel il se prête, délaissant Paris pour passer la plus grande partie de l'année dans le sud de la France et en Corse.
Cette même année Matisse se rend à Londres en voyage de noces. Sur les conseils de Camille Pissarro il en profite pour aller voir les oeuvres de Turner à la National Gallery qui ne l'impressionnent guère. L'influence du maître est pourtant palpable dans le traitement de sa peinture. Le travail de Turner amène Matisse à se dégager de la touche impressionniste qui avait jusque-là dominé ses compositions. Il voit dans la peinture de Turner, non seulement une nouvelle façon de traiter la lumière, mais aussi un moyen de créer une perception onirique de la nature. Matisse étend ses recherches et élève sa peinture à un rang novateur, considérant que son art "consiste en une méditation d'après la nature, en l'expression d'un rêve toujours inspiré par la réalité" (Henri Matisse, cité in P. Schneider, Matisse, Paris, 1984, p. 60). Il est également fort possible que Matisse se soit senti redevable envers son ancien professeur, Gustave Moreau, décédé au début de 1898. Cela étant, le pur plaisir des couleurs vives, si évident dans cette oeuvre, montre combien Matisse dépasse et transcende l'enseignement du maître du Symbolisme.
L'oeuvre ici présentée semble devoir plus à Cézanne ou Gauguin qu'à aucun de leurs prédécesseurs. Ce que Matisse disait à propos des Impressionnistes est donc chargé de signification : "Une traduction rapide de paysage ne donne de lui qu'un moment de sa durée. Je préfère, en insistant sur son caractère, m'exposer à perdre le charme pour obtenir plus de stabilité" (ibid., p. 73).
Paysage de Corse was painted in 1898, a year of significant breakthroughs for Matisse, for it was in this year that he surpassed many of the influences to which he had formerly submitted. In Paysage de Corse, it is clear that Matisse has moved through the Impressionist phase that resulted in his early masterpiece, La desserte of the previous year. Light is crucial, but more so are the bold areas of colour that prefigure the Fauve palette that Matisse would increasingly adopt over the forthcoming years. Many of the advances that Matisse made during 1898 were due to the relative seclusion in which he kept himself, for he spent his time away from Paris for the majority of the year, instead spending his time in the South of France and in Corsica.
It was also in that same year that Matisse visited London on his honeymoon. However this was a pretext to view the Turners in the National Gallery in London, upon the advice of Camille Pissarro. Matisse was under-impressed; however despite this one can sense the influence of the master in his handling of paint. In seeing Turner, Matisse moved through the Impressionist phase that had formerly driven his compositions. For in Turner's paintings, Matisse saw not only a new way of treating light in the composition, but a means of creating a dreamlike sense of beauty that was still rooted in reality, but did not literally translate the scene that nature presented. This was an interest that Matisse took to new levels, considering his art to consist "of a meditation on nature, on the expression of a dream inspired by reality" (Henri Matisse, quoted in P. Schneider, Matisse, London, 1984, p. 60). The possibility remains that Matisse was still indebted in this regard to his former teacher, Gustave Moreau, who had died in early 1898. However, the sheer enjoyment of bold color that is evident in this picture shows the degree to which Matisse had moved on from Moreau's Symbolist leanings.
The present painting appears to owe more to Cézanne or to Gauguin than to any of their predecessors. Matisse's words about the Impressionists are therefore telling; "A rapid rendering of a landscape represents only one moment of its existence. I prefer, by insisting upon its essential character, to risk losing charm in order to gain greater stability"(ibid., p. 73).