Lot Essay
Dans la photographie Au Tambour, Eugène Atget (1857-1927) propose un jeu de miroir et de superposition où le reflet de son corps se rattache à la tête d'un homme. Certains historiens pensent qu'il faut voir dans cet 'autoportrait' le résultat d'un heureux hasard. Est-il judicieux de réduire la place d'Eugène Atget dans le paysage photographique, à celui d'un simple opérateur? En étudiant plus attentivement le travail d'Atget, l'historienne Molly Nesbit comprend qu'il fait intervenir dans son travail, avec constance, les multiples fonctions de l'image : lumières, lignes, reflets...Dans la composition du 'Tambour', image mise en exergue dans de nombreux articles pour sa modernité, il est légitime de penser que la prise de vue et le processus aient été maîtrisés par son auteur, tant les différents éléments la composant s'imbriquent parfaitement. Man Ray sera le premier à reconnaître l'oeuvre d'Atget de son vivant. Il publiera ses photographies en 1926 dans la Révolution Surréaliste, reconnaissant ainsi la singularité et la modernité de son travail. Plus tard, il sera considéré par les surréalistes comme le photographe de l'étrangeté. En 1927, un jeune étudiant en art d'Harvard, Julien Lévy (1906-1981) quitte New York pour Paris. Sur le bateau qui l'emmène, il fait la rencontre de Marcel Duchamp (1887-1968). Les deux hommes sympathisent immédiatement. C'est avec l'aide de ce dernier que Julien Lévy fera la connaissance de Man Ray et de son assistante Berenice Abbott (1898-1991). Les deux photographes lui présentent Atget et Levy commence alors à collectionner ses tirages. A la mort d'Atget, Julien Levy achète avec Berenice Abbott une partie de son archive. En novembre 1930, Levy organise une exposition de photographies d'Atget à la galerie Weyhe de New York. Les images exposées chez Weyhe sont réunies dans un catalogue qui correspond à l'édition américaine de l'ouvrage préfacé par Pierre Mac Orlan, Atget : Photographe de Paris édité en France par Abbott et Henri Jonquières.