Lot Essay
Cette oeuvre sera incluse dans le prochain volume du catalogue critique de Pierre-Auguste Renoir actuellement en préparation par l'Institut Wildenstein d'après les archives de Françoise Daulte, Durand-Ruel, Venturi, Vollard et Wildenstein.
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les étoffes et la mode occupaient une place de choix dans les conversations. A cette époque la mode était devenue synonyme de modernisme, de démocratisation, de nouvelles façons de commercer et de consommer. L'intérêt porté à ce sujet atteignit son apogée pendant les années de l'impressionnisme français. Les nouveaux magazines de mode et de chapellerie ainsi que l'apparition de la photographie favorisaient une diffusion large et permettaient des comparaisons.
La mode et l'industrie textile devinrent des facteurs essentiels de l'économie française, et chaque française soutenait, à sa façon, la mode française.
Le mythe de "La Parisienne", véritable icône de la mode, citadine élégante, inspira le monde entier et déclencha une forte demande de tissus et de créations de mode françaises (...). "Il [Renoir] aimait les belles étoffes, particulièrement le brillant de la soie et la douceur du satin, dont l'éclat changeait avec l'effet de la lumière et qui inévitablement suivait au plus près le mouvement du corps; mais il aimait tout autant peindre du coton à deux sous du mètre, déclara-t-il. Avant d'être produit en grande série au XIXe siècle, les tissus de soie étaient onéreux et représentatifs d'un statut social. Pour l'artiste ils étaient caractéristiques de l'élégance de la période rococo du XVIIIe siècle français, qui privilégiait les étoffes soyeuses comme on le voit dans les tableaux de Watteau et de Fragonard que Renoir appréciait tant". (Karin Sagner, Pierre-Auguste Renoir - Wie Seide gemalt, Stoffe der Mode und der Malerei, Munich, 2011, p. 17).
La notion d'élégance exprime, entre autres choses, le goût pour la mode et la finesse, le souhait de se distinguer, la délicatesse et la souplesse du mouvement, le caractère élaboré de la forme et de l'apparence, la subtilité, la distinction et la grâce. La présente oeuvre reflète toutes ces considérations.
Le fait que Renoir fut le fils d'un tailleur et d'une couturière explique en partie son talent à exprimer tout cela dans un même portrait.
Son travail de peintre décorateur sur des assiettes et des vases de porcelaine à la manufacture des frères Lévy à Paris quand il avait 13 ans, et où plus tard il peignit des portraits, le forma probablement à décrire des sujets délicats. Dans Femme debout de profil, Renoir saisi son modèle dans un mouvement spontané. Elle semble regarder le miroir et ajuster sa robe de la main. Son corsage à volants et son chapeau, accessoire pour lequel Renoir eut une faiblesse tout au long de sa vie, révèlent la virtuosité du maître à traiter la forme, la lumière et la couleur. La mode est ainsi le moyen idéal pour Renoir d'exprimer la beauté féminine dans ses tableaux.
Le modèle est sans doute Gabrielle Renard, d'abord employée comme nurse des enfants de Jean Renoir puis devenue l'un des modèles de prédilection du peintre.
In the second half of the 19th century, fabrics and fashion were central topics of conversation. In those days fashion became synonymous with modernism, democratisation, new ways of trade and consumption. This fascination reached its climax in the years of French impressionism. Numerous newly founded fashion journals, recently invented photography and millions of millinery catalogues made for broad distribution, possibilities of comparison and forums for discussion. Fashion and the textile industry became essential factors for the French economy, so that it was almost a duty of French women to patronise French fashion. The myth of the fashion icon 'La Parisienne', the chic, fashionable city dweller, fired international imagination and triggered the demand for French fabrics and fashion creations (...).' 'He [Renoir] loved beautiful fabrics, especially shimmering silk and smooth satin, whose lustre changed with the incidence of light and which closely and inimitably followed the movement of the body, but he liked equally painting cotton ware price at "deux sous" per meter, declared Renoir. Until their mass-production in the 19th century, silk fabrics were expensive and considered a status symbol. For Renoir they were a sign of the elegance he recognized in the Rococo period of 18th century France, which had a preference for silk fabrics, visibly shown in the paintings by Watteau and Fragonard, much appreciated by Renoir'. (Karin Sagner, Pierre-Auguste Renoir - Wie Seide gemalt, Stoffe der Mode und der Malerei, Munich, 2011, p. 17 f.). The notion of 'elegance' expresses amongst others fashion taste and finesse, exclusiveness in respect to outside appearance, finesse and suppleness in movement, sophistication in shape and appearance, subtlety, daintiness and grace. The painting by Pierre-Auguste Renoir offered here reflects all these aspects. The fact that Renoir was the son of a tailor and a seamstress may be one of the reasons why he was able to express all this in a single portrait.
His work as a porcelain painter in the manufacture of the Lévy brothers in Paris at the age of 13 - he decorated plates, vases and later on also painted portraits - probably trained him to depict dainty, pretty things in the present work, Renoir lends the lady something spontaneous. She appears to be looking into the mirror and adjusting her dress with her hand. The frilly blouse and the fashionable hat, for which Renoir had a weakness all his life, show Renoir's virtuosity in dealing with form, light and colour. Fashion is thus the perfect means of expressing female beauty in Renoir's paintings. The portrayed lady could be Gabrielle Renard, who was first employed as nurse to Jean Renoir's children and later on became his favourite model.
Dans la deuxième moitié du XIX
La mode et l'industrie textile devinrent des facteurs essentiels de l'économie française, et chaque française soutenait, à sa façon, la mode française.
Le mythe de "La Parisienne", véritable icône de la mode, citadine élégante, inspira le monde entier et déclencha une forte demande de tissus et de créations de mode françaises (...). "Il [Renoir] aimait les belles étoffes, particulièrement le brillant de la soie et la douceur du satin, dont l'éclat changeait avec l'effet de la lumière et qui inévitablement suivait au plus près le mouvement du corps; mais il aimait tout autant peindre du coton à deux sous du mètre, déclara-t-il. Avant d'être produit en grande série au XIX
La notion d'élégance exprime, entre autres choses, le goût pour la mode et la finesse, le souhait de se distinguer, la délicatesse et la souplesse du mouvement, le caractère élaboré de la forme et de l'apparence, la subtilité, la distinction et la grâce. La présente oeuvre reflète toutes ces considérations.
Le fait que Renoir fut le fils d'un tailleur et d'une couturière explique en partie son talent à exprimer tout cela dans un même portrait.
Son travail de peintre décorateur sur des assiettes et des vases de porcelaine à la manufacture des frères Lévy à Paris quand il avait 13 ans, et où plus tard il peignit des portraits, le forma probablement à décrire des sujets délicats. Dans Femme debout de profil, Renoir saisi son modèle dans un mouvement spontané. Elle semble regarder le miroir et ajuster sa robe de la main. Son corsage à volants et son chapeau, accessoire pour lequel Renoir eut une faiblesse tout au long de sa vie, révèlent la virtuosité du maître à traiter la forme, la lumière et la couleur. La mode est ainsi le moyen idéal pour Renoir d'exprimer la beauté féminine dans ses tableaux.
Le modèle est sans doute Gabrielle Renard, d'abord employée comme nurse des enfants de Jean Renoir puis devenue l'un des modèles de prédilection du peintre.
In the second half of the 19th century, fabrics and fashion were central topics of conversation. In those days fashion became synonymous with modernism, democratisation, new ways of trade and consumption. This fascination reached its climax in the years of French impressionism. Numerous newly founded fashion journals, recently invented photography and millions of millinery catalogues made for broad distribution, possibilities of comparison and forums for discussion. Fashion and the textile industry became essential factors for the French economy, so that it was almost a duty of French women to patronise French fashion. The myth of the fashion icon 'La Parisienne', the chic, fashionable city dweller, fired international imagination and triggered the demand for French fabrics and fashion creations (...).' 'He [Renoir] loved beautiful fabrics, especially shimmering silk and smooth satin, whose lustre changed with the incidence of light and which closely and inimitably followed the movement of the body, but he liked equally painting cotton ware price at "deux sous" per meter, declared Renoir. Until their mass-production in the 19th century, silk fabrics were expensive and considered a status symbol. For Renoir they were a sign of the elegance he recognized in the Rococo period of 18th century France, which had a preference for silk fabrics, visibly shown in the paintings by Watteau and Fragonard, much appreciated by Renoir'. (Karin Sagner, Pierre-Auguste Renoir - Wie Seide gemalt, Stoffe der Mode und der Malerei, Munich, 2011, p. 17 f.). The notion of 'elegance' expresses amongst others fashion taste and finesse, exclusiveness in respect to outside appearance, finesse and suppleness in movement, sophistication in shape and appearance, subtlety, daintiness and grace. The painting by Pierre-Auguste Renoir offered here reflects all these aspects. The fact that Renoir was the son of a tailor and a seamstress may be one of the reasons why he was able to express all this in a single portrait.
His work as a porcelain painter in the manufacture of the Lévy brothers in Paris at the age of 13 - he decorated plates, vases and later on also painted portraits - probably trained him to depict dainty, pretty things in the present work, Renoir lends the lady something spontaneous. She appears to be looking into the mirror and adjusting her dress with her hand. The frilly blouse and the fashionable hat, for which Renoir had a weakness all his life, show Renoir's virtuosity in dealing with form, light and colour. Fashion is thus the perfect means of expressing female beauty in Renoir's paintings. The portrayed lady could be Gabrielle Renard, who was first employed as nurse to Jean Renoir's children and later on became his favourite model.