Auguste Rodin (1840-1917)
Auguste Rodin (1840-1917)

Roméo et Juliette

Details
Auguste Rodin (1840-1917)
Roméo et Juliette
signé 'A RODIN' (sur la terrasse)
terre cuite et plâtre
Hauteur: 53 cm. (20 7/8 in.)
Exécuté vers 1901-02; cette oeuvre est unique. Elle sera accomagnée de sa caisse d'origine et de deux lettres manuscrites de l'artiste addressées au propriétaire initial de l'oeuvre.
Provenance
Armand Cabrol, Paris (acquis en 1902).
Collection particulière, Boujan-sur-Libron (acquis en 1932).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
A. Le Normand-Romain, Rodin et le bronze, catalogue des oeuvres conservées au musée Rodin, Paris, 2007, vol. II., pp. 632-633.
Further Details
'Roméo and Juliette'; signed on the base; terracotta and plaster; executed in 1901-02; this work is unique and will be sold with its original packing case and two handwritten letters sent by the artist to the firt owner.
Sale Room Notice
Cette oeuvre sera incluse dans le Catalogue Critique de l'Oeuvre Sculpté d'Auguste Rodin actuellement en préparation par le comité Rodin sous la direction de Jérôme Le Blay sous le numéro d'archives 2000-411B.

This work will be included in the forthcoming catalogue critique of the sculpture by Auguste Rodin being prepared by Jérome Le Blay under the sponsortship from the Gallery Brame and Lorenceau under the number 2000-411B.

Brought to you by

Jeanne Rigal
Jeanne Rigal

Lot Essay

Conçu en 1901-02, Roméo et Juliette est la seule sculpture de l'artiste à aborder la tragédie de Shakespeare. La littérature est une source d'inspiration essentielle pour le sculpteur mais ce dernier est davantage séduit par des références françaises ou italiennes - La Divine Comédie de Dante lui ayant inspiré l'essentiel de son oeuvre. Il faut dire que le chef-d'oeuvre du poète, en traitant de la passion amoureuse, de la dualité des âmes, s'inscrit parfaitement dans le répertoire de l'artiste. Ici, Rodin montre une Juliette alanguie étreignant un Roméo appuyé sur une balustrade. Personne n'a su mieux que Rodin faire parler les corps. En montrant une Juliette presque évanouie, retenue par les seuls bras de Roméo, Rodin exprime parfaitement l'amour passionnel qui a gagné les jeunes amants. Cette composition n'est pas sans rappeler les grands chefs-d'oeuvre du sculpteur que sont Le Baiser et l'Eternel Printemps dans lesquels un couple s'unit dans une étreinte passionnée. Le modelé évoque également Paolo et Francesca, ces héros de La Divine Comédie qui seront condamnés pour l'éternité dans un tourbillon de passion. Sur le plan formel, Roméo et Juliette est la seule de ces sculptures à intégrer un élément architectural. La balustrade sur laquelle Roméo est appuyé situe clairement le couple dans un espace défini et place le sujet dans une narration.
La genèse de cette oeuvre est assez peu connue si l'on s'en tient aux différentes publications. La date de 1901-02 comme année de création semble même assez tardive si l'on considère le sujet de l'oeuvre, évoquant plutôt des thématiques des années 1880 ou 1890. Notre sculpture constitue vraisemblablement la première esquisse de cette oeuvre. L'empreinte des doigts est visible sur certaines parties du sujet. Du plâtre a été ajouté par le sculpteur lui-même à certains endroits de la composition. Rodin travaille habituellement à partir d'un bloc en terre cuite qui est ensuite retravaillé à l'aide de plâtre. Notre sculpture illustre parfaitement ce processus de création et témoigne des tâtonnements de l'artiste dans sa recherche plastique. La correspondance (Fig. 1) qui, par miracle, a été conservée, entre Auguste Rodin et Armand Cabrol, le premier propriétaire de l'oeuvre, rend compte de cette méthode de travail. Quatre épreuves en plâtre, conservées dans les ateliers de Meudon, montrent des états différents de l'oeuvre mais Rodin a manifestement retenu notre épreuve en terre cuite comme version définitive de l'oeuvre. C'est bien notre oeuvre qui servira de matrice pour les rares épreuves en bronze connues, notamment celle commanditée par Jacques-Emile Blanche, aujourd'hui conservée au Fogg Art Museum de Cambridge. Plus tard, Rodin recevra la commande de cette sculpture dans une version en marbre qui se trouve désormais au musée de l'Ermitage à Saint-Petersbourg. De taille plus importante, l'oeuvre reprend la composition générale de la première version mais présente un modelé plus achevé. Exceptionnelle par sa rareté, son état de conservation et sa fraîcheur sur le marché, notre sculpture est un témoignage unique qui permet de sentir au plus près le génie de Rodin dans le feu de la création.



Created in 1902,Roméo et Juliette is the only sculpture by the artist to adress Shakespeare's tragedy. Literature was an essential source of inspiration for Rodin, but he was drawn to French and Italian texts-It should be said that the bards masterpiece, on the theme of passionate love and the duality of souls, fits into the artists repertoire perfectly. Here, Rodin shows a swooning Juliette embracing Romeo as he leans against a balustrade. No-one knew better than Rodin how to make a body communicate. By showing Juliette almost collapsed, held up only by Roméos arms, Rodin perfectly expresses the passion which has overcome the two lovers. This composition is in some way reminiscent of the sculptors great masterpieces Le Baiser and L'Eternel Printemps in which a couple are united in a passionate embrace.
The model is also evocative of Paolo et Francesca, the heroes of the Divine Comédie condemned for eternity to a whirlwind of passion. On a formal level, Roméo et Juliette is the only one of these sculptures to incorporate an architectural element. The balustrade on which Romeo is leaning clearly locates the couple in a defined space and places the subject in a narrative.
Not much is known about the genesis of this work if we are to believe the various publications. The year of its creation, 1902, even seems a little late considering the subject of the piece, which is more evocative of themes from the 1880s or 1890s. Our sculpture apparently constitutes the first outline for the work.
The imprint of his fingers is visible on certain parts of the subject and plaster has been added by the sculptor himself in some parts of the composition. Rodin usually worked from a terracotta block which was then reworked using plaster. Our sculpture is a perfect illustration of this creative process and testifies to the artists experimentation in his artistic research. The correspondence which has been miraculously preserved between Auguste Rodin and Armand Cabrol, the works first owner, refers to this method of working (Fig. 1). Four test pieces in plaster, housed at the Meudon studios, reveal the various stages of the work, but Rodin clearly kept our terracotta test piece as the definitive version of the sculpture. It is our work which would serve as a model for the rare bronze pieces which are known, particularly the one commissioned by Jacques-Emile Blanche, now housed at the Fogg Art Museum in Cambridge. Later, Rodin would receive a commission for this sculpture in marble, now in the Hermitage museum.
Larger in scale, that piece follows the general composition of the first version, but represents a more complete model. Exceptional for its rarity, its state of conservation and freshness to the market, our sculpture is a unique testament, offering a first-hand insight into Rodins genius in the very throes of the creative act.

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