Lot Essay
Cette oeuvre sera incluse dans le catalogue raisonné de l'oeuvre d' Yves Tanguy actuellement en préparation par le Comité Yves Tanguy. Une attestation d'inclusion sera remise à l'acquéreur.
Les motifs que dépeint Tanguy dans ses compositions sont indescriptibles, telles des formes tridimensionnelles appartenant à un monde imaginaire. Exécuté minutieusement, dans un souci du détail, ces volumes semblent réels, tout en restant insaisissables. Franchissant la frontière entre l'abstrait et le figuratif, Tanguy enchevêtre ses formes tantôt courbées, bosselées; d'autres plus inquiétantes: des aiguilles, des lames, des crochets. La couleur qui leur est donnée les met en vie même si elles restent pour autant translucides et incorporelles. Cet amoncellement de motifs au premier plan, par un jeu de contraste des ombres portées, se détache du support, une feuille brune tachetée de gouache blanche. Dans le langage propre surréaliste, les formes de cette composition semblent à la fois familières et totalement incompréhensible. Tanguy partage avec le peintre flamand Jêrôme Bosch le goût de l'étrange et du symbole. En artisant ne connaissant pas la notion du temps, Tanguy aime ces objets qui ont une belle facture, et il exécute ses gouaches avec le même soin et la persuasion qu'un peintre de nature morte. Ces Inscapes, paysages de l'esprit, sont toujours en équilibre entre l'ordre et le chaos. "L'élément de surprise dans la création d'une oeuvre d'art est, pour moi, le facteur le plus important - une surprise pour l'artiste lui-même ainsi que pour les autres. [...] Je travaille de façon très irrégulières et selon mes crises. Devrais-je chercher les raisons de ma peinture, je pense que ce serait une auto-détention" (cité in "The creative process," Art Digest, New York, 15 Janvier 1954, vol. 28, no. 8, p. 14).
Exécuté en 1946, notre gouache, inédite sur le marché et d'une fraîcheur remarquable, est un exemple frappant de l'évolution plastique de l'artiste depuis son arrivée aux États-Unis en Novembre 1939. Bien que Tanguy ne modifie ni son style pictural, ni sa méthode de travail, et qu'il continue à construire minutieusement des formes intuitives dans des paysages mystérieux, les États-Unis ont amplifié sa perception des volumes et des lumières. Tanguy lui-même observait le changement de sa palette. Dans une interview qu'il donne à James Johnson Sweeney, du New York Museum of Modern Art en 1946, Tanguy fait remarquer ce récent changement "Ici, aux Etats-Unis, le seul changement que j'ai pu distinguer dans mon travail, c'est peut-être dans ma palette. Quelle est la cause de cette intensification de la couleur? C'est ce que je ne peux pas dire. Mais je reconnais un changement considérable. Peut-être cela est dû à la lumière. J'ai aussi un sentiment de plus d'espace ici un côté plus "pièce à vivre". C'est de toute façon la raison pour laquelle je suis venu". (cité in Onze artistes européens, catalogue d'exposition., The Museum of Modern Art Bulletin, vol. 13, p. 22f).
The motifs used by Tanguy in his compositions defy description, like three-dimensional shapes from an imaginary world. Carefully executed, minutely attentive to detail, these volumes seem real and yet remain elusive. Blending the borders between the abstract and the figurative, Tanguy tangles his forms sometimes curved or rippled, sometimes more disturbing: needles, blades and hooks. The colour they are given brings them to life, even where they remain translucent and intangible. The accumulation of motifs in the foreground stands out from their surroundings in a game of contrasting shadows a brown sheet mottled with white gouache. In the language of surrealism, the forms in this composition seem both familiar and totally incomprehensible. Tanguy shares the taste of Flemish painter Hieronymus Bosch for the strange and the symbolic. As an artisan unaware of the concept of time, he favours objects that are beautifully crafted, and creates his gouaches with the same care and persuasion as a still life painter. These mindscapes, or Inscapes, always evoke a balance between order and chaos. "For me, the element of surprise in the creation of a work of art is the most important factor - a surprise for the artist himself and for others. [...] I work very irregularly, impelled by my crises. If I had to explain why I paint, I think it would be a form of self-imprisonment" (cited in "The creative process" Art Digest, New York, 15 January1954, vol. 28, no. 8, p. 14).
Produced in 1946, our gouache, appearing here at auction for the first time and in remarkably fresh condition, is a striking example of the plastic artist's evolution following his arrival in the United States in November 1939. Tanguy changed neither his painting style nor his method of work, continuing to carefully fashion intuitive forms in mysterious landscapes. However, the United States enhanced his perception of volumes and light. Tanguy himself noticed the change in his palette. In an interview he gave to James Johnson Sweeney of the New York Museum of Modern Art in 1946, he remarked on this recent development, "Here in the United States, the only change I could make out in my work is perhaps my palette. What brought about this intensification of colour? It's hard to say. But I have seen a significant change. Perhaps this is due to the light. I also have a feeling of greater space here, of more "living space." That is of course why I came." (Cited in Onze artistes européens, exhib. cat. The Museum of Modern Art Bulletin, vol. 13, p. 22f ).
Les motifs que dépeint Tanguy dans ses compositions sont indescriptibles, telles des formes tridimensionnelles appartenant à un monde imaginaire. Exécuté minutieusement, dans un souci du détail, ces volumes semblent réels, tout en restant insaisissables. Franchissant la frontière entre l'abstrait et le figuratif, Tanguy enchevêtre ses formes tantôt courbées, bosselées; d'autres plus inquiétantes: des aiguilles, des lames, des crochets. La couleur qui leur est donnée les met en vie même si elles restent pour autant translucides et incorporelles. Cet amoncellement de motifs au premier plan, par un jeu de contraste des ombres portées, se détache du support, une feuille brune tachetée de gouache blanche. Dans le langage propre surréaliste, les formes de cette composition semblent à la fois familières et totalement incompréhensible. Tanguy partage avec le peintre flamand Jêrôme Bosch le goût de l'étrange et du symbole. En artisant ne connaissant pas la notion du temps, Tanguy aime ces objets qui ont une belle facture, et il exécute ses gouaches avec le même soin et la persuasion qu'un peintre de nature morte. Ces Inscapes, paysages de l'esprit, sont toujours en équilibre entre l'ordre et le chaos. "L'élément de surprise dans la création d'une oeuvre d'art est, pour moi, le facteur le plus important - une surprise pour l'artiste lui-même ainsi que pour les autres. [...] Je travaille de façon très irrégulières et selon mes crises. Devrais-je chercher les raisons de ma peinture, je pense que ce serait une auto-détention" (cité in "The creative process," Art Digest, New York, 15 Janvier 1954, vol. 28, no. 8, p. 14).
Exécuté en 1946, notre gouache, inédite sur le marché et d'une fraîcheur remarquable, est un exemple frappant de l'évolution plastique de l'artiste depuis son arrivée aux États-Unis en Novembre 1939. Bien que Tanguy ne modifie ni son style pictural, ni sa méthode de travail, et qu'il continue à construire minutieusement des formes intuitives dans des paysages mystérieux, les États-Unis ont amplifié sa perception des volumes et des lumières. Tanguy lui-même observait le changement de sa palette. Dans une interview qu'il donne à James Johnson Sweeney, du New York Museum of Modern Art en 1946, Tanguy fait remarquer ce récent changement "Ici, aux Etats-Unis, le seul changement que j'ai pu distinguer dans mon travail, c'est peut-être dans ma palette. Quelle est la cause de cette intensification de la couleur? C'est ce que je ne peux pas dire. Mais je reconnais un changement considérable. Peut-être cela est dû à la lumière. J'ai aussi un sentiment de plus d'espace ici un côté plus "pièce à vivre". C'est de toute façon la raison pour laquelle je suis venu". (cité in Onze artistes européens, catalogue d'exposition., The Museum of Modern Art Bulletin, vol. 13, p. 22f).
The motifs used by Tanguy in his compositions defy description, like three-dimensional shapes from an imaginary world. Carefully executed, minutely attentive to detail, these volumes seem real and yet remain elusive. Blending the borders between the abstract and the figurative, Tanguy tangles his forms sometimes curved or rippled, sometimes more disturbing: needles, blades and hooks. The colour they are given brings them to life, even where they remain translucent and intangible. The accumulation of motifs in the foreground stands out from their surroundings in a game of contrasting shadows a brown sheet mottled with white gouache. In the language of surrealism, the forms in this composition seem both familiar and totally incomprehensible. Tanguy shares the taste of Flemish painter Hieronymus Bosch for the strange and the symbolic. As an artisan unaware of the concept of time, he favours objects that are beautifully crafted, and creates his gouaches with the same care and persuasion as a still life painter. These mindscapes, or Inscapes, always evoke a balance between order and chaos. "For me, the element of surprise in the creation of a work of art is the most important factor - a surprise for the artist himself and for others. [...] I work very irregularly, impelled by my crises. If I had to explain why I paint, I think it would be a form of self-imprisonment" (cited in "The creative process" Art Digest, New York, 15 January1954, vol. 28, no. 8, p. 14).
Produced in 1946, our gouache, appearing here at auction for the first time and in remarkably fresh condition, is a striking example of the plastic artist's evolution following his arrival in the United States in November 1939. Tanguy changed neither his painting style nor his method of work, continuing to carefully fashion intuitive forms in mysterious landscapes. However, the United States enhanced his perception of volumes and light. Tanguy himself noticed the change in his palette. In an interview he gave to James Johnson Sweeney of the New York Museum of Modern Art in 1946, he remarked on this recent development, "Here in the United States, the only change I could make out in my work is perhaps my palette. What brought about this intensification of colour? It's hard to say. But I have seen a significant change. Perhaps this is due to the light. I also have a feeling of greater space here, of more "living space." That is of course why I came." (Cited in Onze artistes européens, exhib. cat. The Museum of Modern Art Bulletin, vol. 13, p. 22f ).