Francis Picabia (1879-1953)
PROVENANT D'UNE IMPORTANTE COLLECTION PRIVÉE PARISIENNE
Francis Picabia (1879-1953)

Siril

Details
Francis Picabia (1879-1953)
Siril
signé 'Francis Picabia' (en bas à gauche) et titré 'SIRIL' (en haut à droite)
huile sur toile
38 x 78 cm. (15 x 30¾ in.)
Peint vers 1929-30
Provenance
Vente, Me Blache, Versailles, 6 juin 1973, lot 75.
Acquis au cours de celle-ci par le propriétaire actuel.
Literature
C. Derouet, "Francis Picabia, lettres à Léonce Rosenberg 1929-1940", in Les Cahiers du Musée d'Art Moderne, Paris, 2000, p. 32 (illustré).
G. Sebbag, Memorabilia, Constellations inaperçues, Dada et Surréalisme 1916-1970, Paris, 2010, p. 362 (illustré en couleurs, p. 123).
Exhibited
Saint-Louis, Espace d'Art Contemporain Fernet-Branca, Chassé-Croisé Dada-Surréaliste 1916-1969, janvier-juillet 2012, p. 180 (illustré en couleurs, p. 62).
Further Details
'Siril'; signed lower left and titled upper right; oil and traces of pencil on canvas.

Brought to you by

Jeanne Rigal
Jeanne Rigal

Lot Essay

Un certificat d'authenticité du Comité Francis Picabia sera remis à l'acquéreur.



Peint vers 1929-1930, Siril appartient à la fameuse série dite des "transparences" qui marque le parcours plastique de Francis Picabia à la fin des années 1920. Sur cette toile, se superposent dans un réseau de lignes inextricables des têtes de chevaux, la silhouette d'un toucan, une main aux doigts contractés, une branche avec un riche feuillage. "Tout un monde de sensations, d'harmonie et de pensée" commente le critique Edouard Ramond lorsqu'il découvre ces tableaux. Superpositions de figures dans un espace sans perspective, sans rapport d'échelle, sans hiérarchie de plan, les "transparences" mêlent une prodigieuse variété de citations tirées du grand art universel. Les références à la beauté classique empruntent à un large répertoire iconographique, depuis la citation d'une niobide grecque jusqu'aux chastes figures de Fra Angelico en passant par des références aux Carrache, Reni, Botticelli, Dürer ou encore du Titien. Délaissant les revues et catalogues techniques, Picabia se plonge dans les ouvrages de vulgarisation de la peinture, exhumant ces images des grands maîtres qui, dans son enfance, s'entassaient dans une grande malle rassemblant les livres d'art. Dans Siril, la main évoque celle de la statuaire antique, les têtes de chevaux des oeuvres d'époque Baroque.
Si Picabia reste fidèle à la pratique - qu'il a mise en place depuis les "Machines" - de réemploi d'images trouvées qu'il décontextualise, le procédé très simple de la superposition est une trouvaille qui équivaut pour lui à celle du ready-made de Marcel Duchamp. Alors que Duchamp a décelé dans ces peintures une volonté d'expression de la troisième dimension, en dehors des moyens traditionnels de la perspective, certains critiques ont voulu y voir l'influence du cinéma, en particulier des techniques de superposition, que Picabia et René Clair avaient déjà expérimentées dans leur film "instantanéiste" Entr'acte en 1924. De son côté, Picabia a mis en relation la genèse de ce style avec un choc visuel qu'il avait éprouvé à Marseille lorsque les images de la rue et de l'intérieur d'un restaurant s'étaient superposées sur la vitre de celui-ci.
Les références néo-classiques des peintures de Picabia semblent faire écho au caractère néo-humaniste des oeuvres de Georgio de Chirico ou de Gino Severini. Les motivations de Picabia sont cependant assez éloignées de ce qui pourrait ressembler à un "retour à l'ordre". L'emprunt d'éléments à des sources diverses a toujours caractérisé le processus créatif du peintre. Ce brassage iconographique est plus important que les sources elles-mêmes- puisées dans les iconographies mécaniques, populaires, antiques ou dans l'histoire de l'art. L'oeuvre de Picabia n'a jamais cessé de se vouloir une ode aux caprices créatifs, au plaisir même de peindre et de vivre.



Painted circa 1930, Siril belongs to the famous "transparencies" series which exemplified Francis Picabia artistic journey towards the end of the 1920s. In this image, horses heads, the silhouette of a toucan, a clenched fist and a branch with dense foliage are superimposed over each other in a network of complex lines. A whole world of feelings, harmony and thought," commented the critic Edouard Ramond when he first saw these paintings. With their layering of figures in a space without perspective, scale, or any hierarchy of depth, these transparencies draw on an impressive range of references taken from a universal approach to art. References to classical beauty borrow from a wide iconographic repertoire, from the use of a Greek niobids to the chaste figures of Fra Angelico, via references to the Carracci family, Guido Reni, Botticelli, Drer and Titian. Spurning journals and technical catalogues, Picabia delved into works which popularised painting, revealing images by the great masters who he had discovered in his childhood thanks to art books piled up in a great chest. In Siril, the hand is reminiscent of an antique statue, the horses' heads of Baroque art. While the principle remains loyal to the practice that which he established with his "Machines" of re-using found images
which he then decontextualises, the very simple process of superimposition is something new, his equivalent of Marcel Duchamps ready-mades. While Duchamp indicated his desire to express the third dimension in his paintings, without resorting to the traditional means of perspective, some critics claimed to see cinemas influence in them, particularly the techniques of layering that Picabia and René Clair had already experimented with in their immediacy film Entracte from 1924. Picabia meanwhile combined the genesis of this style with a visual impact he discovered in Marseille when he saw images from the street and of the interior of a restaurant superimposed together on its window. The Neoclassical references in Picabias paintings seem to echo the Neohumanist character of works by Georgio de Chirico and Gino Severini. Picabias motivation is, however, quite far from anything which could be described as a return to order. The painters creative process was always characterised by the borrowing of elements from a wide range of sources. This iconographical mixing pot is more important than the sources themselves mechanical, popular or classical illustrations or images from art history. Picabias work always strived to be a paradigm to creative whimsy, to the very pleasure of painting and of life.

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