Lot Essay
La peinture de Kazuo Shiraga entend dépasser le simple plan traditionnel du tableau pour s'inscrire véritablement dans l'espace et dans le temps. Elle est et demeure avant tout non pas un résultat fini, mais le témoin d'une action, de la présence même du peintre sur la surface de l'oeuvre.
Ayant fait ses débuts avec le Groupe Zéro en 1952, Kazuo Shiraga rejoint en 1954 le Groupe Gutaï fondé par l'artiste Yoshihara Jiro. Il y partage une liberté absolue quant à l'approche de l'art, trouvant dans l'implication du corps au coeur de la matière une des problématiques essentielles de son oeuvre. Shiraga conçoit la peinture comme une performance, un temps de création pure qui transmet toute l'intensité de l'artiste sur la toile.
C'est cette force, cet engagement qui éclate à la vue de Chisozei Shomenko, peint en 1961, alors que Shiraga atteint la pleine maîtrise de sa technique. Suspendu à une corde, la peinture est appliquée par l'artiste sur l'oeuvre à même le sol et directement avec les pieds, dans une chorégraphie qui lie autant la violence d'un coup que le rythme d'une danse. Cette expression brute d'une énergie contenue totalement libérée sur la toile par le vecteur du seul corps de l'artiste, et non plus par le pinceau, entend retrouver la même explosion primaire, animale et nécessaire des fêtes religieuses japonaises dont Shiraga s'est imprégné:
'Je voulais que l'être humain que je suis dégage une énergie si considérable qu'elle ne saurait être celle d'un seul individu. Faire une déchirure unique et totale dans l'éther où rien n'existe. Quelque chose où tout art et toute matière soient invisibles.' (in Y. Atsuo, M. Tiampo et F. de Mèredieu, GUTAI, Moments de destruction, Moments de beauté, Paris, 2002, p. 82)
Ayant fait ses débuts avec le Groupe Zéro en 1952, Kazuo Shiraga rejoint en 1954 le Groupe Gutaï fondé par l'artiste Yoshihara Jiro. Il y partage une liberté absolue quant à l'approche de l'art, trouvant dans l'implication du corps au coeur de la matière une des problématiques essentielles de son oeuvre. Shiraga conçoit la peinture comme une performance, un temps de création pure qui transmet toute l'intensité de l'artiste sur la toile.
C'est cette force, cet engagement qui éclate à la vue de Chisozei Shomenko, peint en 1961, alors que Shiraga atteint la pleine maîtrise de sa technique. Suspendu à une corde, la peinture est appliquée par l'artiste sur l'oeuvre à même le sol et directement avec les pieds, dans une chorégraphie qui lie autant la violence d'un coup que le rythme d'une danse. Cette expression brute d'une énergie contenue totalement libérée sur la toile par le vecteur du seul corps de l'artiste, et non plus par le pinceau, entend retrouver la même explosion primaire, animale et nécessaire des fêtes religieuses japonaises dont Shiraga s'est imprégné:
'Je voulais que l'être humain que je suis dégage une énergie si considérable qu'elle ne saurait être celle d'un seul individu. Faire une déchirure unique et totale dans l'éther où rien n'existe. Quelque chose où tout art et toute matière soient invisibles.' (in Y. Atsuo, M. Tiampo et F. de Mèredieu, GUTAI, Moments de destruction, Moments de beauté, Paris, 2002, p. 82)