Lot Essay
"Le corps de la femme, présent dans la plupart de mes tableaux et dessins à partir de 1954, réduit souvent à son expression la plus élémentaire, et soumis à toutes sortes de traitements tératologiques pourrait passer pour un exemple de plus accordé à la primauté de l'être humain dans l'art espagnol; alors qu'il est avant tout un appui structurel à l'action, pour éviter que je ne me perde, que je ne m'enfonce dans une activité picturale incontrôlée, où le chaos et la démesure annulent l'affirmation." (cité in G. de Cortanze, Antonio Saura, Paris, 1994, p. 89) Dans la série des 'Dames' à laquelle appartient ce tableau, Antonio Saura remet en question l'automatisme surréaliste et l'abstraction au profit de la figure et de l'image.
Cependant, il ne considère ces présences anthropomorphiques qu'en tant que simple support pour agir selon son gré, la toile devenant alors le réceptacle de l'action du peintre et l'oeuvre son empreinte visible. Ainsi, lorsqu'il peint une dame, Antonio Saura s'offre une structure et une image avec laquelle il peut s'affronter jusqu'au vertige, comme en témoigne la matière de ses toiles qui s'offre aussi bien à la vue qu'au toucher. Paradoxalement, l'homme se sent réel en tant que corps et en même temps expérimente sa capacité de représentation de la réalité en prenant comme référence la silhouette corporelle.
La peinture devient un combat régi par un ensemble de règles énumérées par Saura dans le catalogue de l'exposition Quinze portraits imaginaires présentée à Paris puis à Madrid en 1983: "Prédominance de l'action de peindre sur la narration, liberté de traitement, savoir d'un langage économique, emploi d'une gamme restreinte de couleurs et, surtout, une extraordinaire capacité inventive et déformatrice à partir d'un schéma défini." Le présent tableau nous livre la fièvre créatrice de l'artiste et le combat entre la forme et la matière conservées intactes dans l'empreinte du support sacrifié de la toile.
"The woman's body, present in most of my paintings and drawings since 1954, often reduced to its most elementary expression and subject to all kinds of monstrous treatments, could pass off as an additional example of the primacy of the human being in Spanish art; whereas it is firstly a structural support for action, to prevent me from losing myself, from immerging into an uncontrolled painting activity, where chaos and excessiveness cancel assertion" (quoted in G. de Cortanze, Antonio Saura, Paris 1994, p.89) In the Ladies series, to which this painting belongs, Antonio Saura reconsiders surrealist automatism and abstraction for the benefit of figures and images.
However, he considers these anthropomorphic presences only as simple supports, allowing him to act as he wishes; the canvas then becomes the repository of the painter's action and the painting bears the visible traces of this action. When he paints a Lady, Antonio Saura gives himself a structure and an image, which he can confront to the point of vertigo, as shown by the surface of his paintings, which are open to both sight and touch. Paradoxically, the artist feels the reality of his body and at the same time experiments on his capacity to represent reality, by taking the human figure as a reference.
Painting becomes a struggle, governed by a set of rules listed by Saura in the catalogue of the exhibition: Fifteen imaginary portraits, presented in Paris, then in Madrid, in 1983: "Predominance of the action of painting on the narrative, freedom of treatment, knowledge of an economical language, use of a limited palette of colours, and above all, an extraordinary capacity to invent and deform from a given pattern." This painting reveals the artist's intense creative fever and the struggle between form and matter, surviving intact in the traces left on the ravaged canvas.
Cependant, il ne considère ces présences anthropomorphiques qu'en tant que simple support pour agir selon son gré, la toile devenant alors le réceptacle de l'action du peintre et l'oeuvre son empreinte visible. Ainsi, lorsqu'il peint une dame, Antonio Saura s'offre une structure et une image avec laquelle il peut s'affronter jusqu'au vertige, comme en témoigne la matière de ses toiles qui s'offre aussi bien à la vue qu'au toucher. Paradoxalement, l'homme se sent réel en tant que corps et en même temps expérimente sa capacité de représentation de la réalité en prenant comme référence la silhouette corporelle.
La peinture devient un combat régi par un ensemble de règles énumérées par Saura dans le catalogue de l'exposition Quinze portraits imaginaires présentée à Paris puis à Madrid en 1983: "Prédominance de l'action de peindre sur la narration, liberté de traitement, savoir d'un langage économique, emploi d'une gamme restreinte de couleurs et, surtout, une extraordinaire capacité inventive et déformatrice à partir d'un schéma défini." Le présent tableau nous livre la fièvre créatrice de l'artiste et le combat entre la forme et la matière conservées intactes dans l'empreinte du support sacrifié de la toile.
"The woman's body, present in most of my paintings and drawings since 1954, often reduced to its most elementary expression and subject to all kinds of monstrous treatments, could pass off as an additional example of the primacy of the human being in Spanish art; whereas it is firstly a structural support for action, to prevent me from losing myself, from immerging into an uncontrolled painting activity, where chaos and excessiveness cancel assertion" (quoted in G. de Cortanze, Antonio Saura, Paris 1994, p.89) In the Ladies series, to which this painting belongs, Antonio Saura reconsiders surrealist automatism and abstraction for the benefit of figures and images.
However, he considers these anthropomorphic presences only as simple supports, allowing him to act as he wishes; the canvas then becomes the repository of the painter's action and the painting bears the visible traces of this action. When he paints a Lady, Antonio Saura gives himself a structure and an image, which he can confront to the point of vertigo, as shown by the surface of his paintings, which are open to both sight and touch. Paradoxically, the artist feels the reality of his body and at the same time experiments on his capacity to represent reality, by taking the human figure as a reference.
Painting becomes a struggle, governed by a set of rules listed by Saura in the catalogue of the exhibition: Fifteen imaginary portraits, presented in Paris, then in Madrid, in 1983: "Predominance of the action of painting on the narrative, freedom of treatment, knowledge of an economical language, use of a limited palette of colours, and above all, an extraordinary capacity to invent and deform from a given pattern." This painting reveals the artist's intense creative fever and the struggle between form and matter, surviving intact in the traces left on the ravaged canvas.