Lot Essay
Madame Wanda de Guébriant a confirmé l'authenticité de cette oeuvre.
Ce tableau a été peint au cours de l'été 1919, dans les bois de Meudon, non loin de la maison familiale d'Henri Matisse à Issy-les-Moulineaux, au sud-ouest de Paris. Matisse a pris l'habitude de passer le printemps à Nice et de retourner à Issy pour l'été, où il explore les environs. Comme il l'écrit à son ami Charles Camoin: "Je peux me déplacer aux alentours, grâce à la petite voiture que j'ai achetée et qui me permet de me transporter avec mon matériel, jusque dans la forêt" (cité in S. D'Alessandro et J. Elderfield, Matisse, Radical invention, 1913-1917, Chicago, 2010, p. 316). Dans l'ombre des dernières années de la Grande Guerre, Matisse semble trouver un certain apaisement dans la réalisation de paysages de petit format : le fait de pouvoir les achever en une journée, et souvent en plein air, lui fixe un objectif accessible et lui accorde des moments de solitude dans un environnement naturel intime, indemne des ravages de la guerre.
Le retour de Matisse au paysage s'explique également par son intérêt renouvelé pour le travail des Impressionnistes. Après l'enivrante période du Fauvisme et le développement de l'abstraction, Matisse est partagé entre le désir instinctif d'explorer de nouveaux horizons et ses doutes sur les conséquences possibles de cette recherche. Pour s'aider dans sa réflexion, il entre en relation avec plusieurs artistes de la génération précédente, avide de leurs conseils. A partir de novembre 1916, il échange régulièrement avec Claude Monet; en 1917, il initie avec Pierre Bonnard une correspondance qui se poursuivra durant trente ans; et tout au long du printemps 1919, il rend régulièrement visite à Pierre-Auguste Renoir dans sa villa Les Collettes, à Cagnes-sur-Mer. C'est au cours de ces échanges que point une dimension essentielle de la personnalité artistique de Matisse: sa capacité d'appropriation des leçons assimilées avant lui par ses illustres prédécesseurs.
La maisonnette (ou La cabane comme ce tableau a également été appelé) est un témoignage évident de cette aptitude. Au cours de ses conversations avec Renoir, Matisse voit renaître son admiration pour les grands fondateurs de la peinture française de la fin du XIXe siècle : Jean-Auguste-Dominique Ingres, Gustave Courbet et particulièrement Edouard Manet. Plusieurs oeuvres peintes autour de 1919 révèlent clairement l'influence de ce dernier sur la palette de Matisse. Il emploie alors des couleurs auparavant largement absentes, introduisant des noirs et des ocres, ainsi qu'une gamme plus subtile et plus délayée de verts complémentaires et de violets clairs. La présente oeuvre est librement inspirée du maître, avec une palette clairement adaptée au sujet. La maisonnette témoigne également de l'influence de Gauguin, avec ces arbres aux silhouettes marquées et ses contours à la fois forts et irréguliers. Les surfaces piquetées de soleil en premier plan et les feuillages se découpant sur le ciel confèrent enfin à cette toile un air cézannien mais, comme l'écrit Matisse, sont aussi le fruit de son admiration pour Corot, qu'il considère comme le plus grand des paysagistes du XIXe siècle. Bien que généralement moins connus du grand public que ses tableaux d'atelier, les paysages tels que La maisonnette ont constitué un terrain d'expérimentation capital pour l'artiste, essentiel à l'élaboration du style qu'il développera au cours des trois décennies suivantes.
The present painting was executed during the summer of 1919 in the woods of Meudon, not far from Henri Matisse's family home at Issy-Les-Moulineaux, to the south west of Paris. Matisse had established a pattern of spending the spring months in Nice and returning to Issy for the summer where he would explore the local surroundings. As he noted to his friend Charles Camoin, "I can travel around the neighborhood thanks to a small car I have purchased and that allows me to easily transport myself and my materials into the forest" (quoted in S. D'Alessandro et J. Elderfield, Matisse, Radical invention, 1913-1917, Chicago, 2010, p. 316). Against the backdrop of the last years of the Great War, Matisse also appeared to find solace through the execution of small-scale landscapes: the fact that he could complete them within a day, and often en plein air, provided him with a an achievable task and a chance to find solitude within an intimate natural setting unspoiled by the ravages of the war. Matisse's reinvigorated interest in Landscape was also an expression of his renewed interest in the work of the Impressionists. Following the heady days of Fauvism and the exploration into abstraction which followed, Matisse had begun to feel caught between his instinct to explore new frontiers and the accompanying doubts this raised as to where he would end up.
As he sought to take stock of his position Matisse entered into several relationships with artists of the proceeding generation in an effort to gauge their opinion. From November 1916 he began to correspond with Claude Monet ; 1917 saw the start of a 30-year correspondence with Pierre Bonnard ; and throughout the spring of 1919 he began regular visits to Pierre-Auguste Renoir at his villa 'Les Collettes' at Cagnes-sur-Mer. Through these various exchanges would grow an important aspect of Matisse's subsequent artistic persona: his willingness to absorb and utilise the lessons learned by his artistic predecessors.
La maisonnette (or La cabanne as it has also been known) is an unambiguous demonstration of this quality. Though his discussions with Renoir, Matisse had renewed his admiration for the great founders of late 19th century French painting: Ingres, Courbet and particularly Manet. Several works from the period around 1919 clearly show Manet's influence on Matisse's palette which began to take on colours which had previously been mostly absent : the introduction of blacks and ochres, as well as a more faded and thinned-out selection of complementary greens and light purples. The present work is very much in the Manet style, with a pallet also clearly adapted to the subject. In La maisonnette we also witness Matisse's debt to Gauguin with the use of strong silhouettes for the trees and heavy but broken contours for the trees and the house. The dappled surfaces of the foreground and the foliage against the sky lend the canvas a Cézannian air, but according to Matisse's own writing are also due to his admiration for Corot whom he saw as the greatest of the 19th Century landscape painters. Matisse referred to his landscape works from this period as less significant than his more considered studio pictures. Whilst works such as La maisonnette no doubt served to provide the artist with respite from his troubles, they also served as a testing ground where he worked out important elements of the style he would go on to develop over the next thirty years.
Ce tableau a été peint au cours de l'été 1919, dans les bois de Meudon, non loin de la maison familiale d'Henri Matisse à Issy-les-Moulineaux, au sud-ouest de Paris. Matisse a pris l'habitude de passer le printemps à Nice et de retourner à Issy pour l'été, où il explore les environs. Comme il l'écrit à son ami Charles Camoin: "Je peux me déplacer aux alentours, grâce à la petite voiture que j'ai achetée et qui me permet de me transporter avec mon matériel, jusque dans la forêt" (cité in S. D'Alessandro et J. Elderfield, Matisse, Radical invention, 1913-1917, Chicago, 2010, p. 316). Dans l'ombre des dernières années de la Grande Guerre, Matisse semble trouver un certain apaisement dans la réalisation de paysages de petit format : le fait de pouvoir les achever en une journée, et souvent en plein air, lui fixe un objectif accessible et lui accorde des moments de solitude dans un environnement naturel intime, indemne des ravages de la guerre.
Le retour de Matisse au paysage s'explique également par son intérêt renouvelé pour le travail des Impressionnistes. Après l'enivrante période du Fauvisme et le développement de l'abstraction, Matisse est partagé entre le désir instinctif d'explorer de nouveaux horizons et ses doutes sur les conséquences possibles de cette recherche. Pour s'aider dans sa réflexion, il entre en relation avec plusieurs artistes de la génération précédente, avide de leurs conseils. A partir de novembre 1916, il échange régulièrement avec Claude Monet; en 1917, il initie avec Pierre Bonnard une correspondance qui se poursuivra durant trente ans; et tout au long du printemps 1919, il rend régulièrement visite à Pierre-Auguste Renoir dans sa villa Les Collettes, à Cagnes-sur-Mer. C'est au cours de ces échanges que point une dimension essentielle de la personnalité artistique de Matisse: sa capacité d'appropriation des leçons assimilées avant lui par ses illustres prédécesseurs.
La maisonnette (ou La cabane comme ce tableau a également été appelé) est un témoignage évident de cette aptitude. Au cours de ses conversations avec Renoir, Matisse voit renaître son admiration pour les grands fondateurs de la peinture française de la fin du XIXe siècle : Jean-Auguste-Dominique Ingres, Gustave Courbet et particulièrement Edouard Manet. Plusieurs oeuvres peintes autour de 1919 révèlent clairement l'influence de ce dernier sur la palette de Matisse. Il emploie alors des couleurs auparavant largement absentes, introduisant des noirs et des ocres, ainsi qu'une gamme plus subtile et plus délayée de verts complémentaires et de violets clairs. La présente oeuvre est librement inspirée du maître, avec une palette clairement adaptée au sujet. La maisonnette témoigne également de l'influence de Gauguin, avec ces arbres aux silhouettes marquées et ses contours à la fois forts et irréguliers. Les surfaces piquetées de soleil en premier plan et les feuillages se découpant sur le ciel confèrent enfin à cette toile un air cézannien mais, comme l'écrit Matisse, sont aussi le fruit de son admiration pour Corot, qu'il considère comme le plus grand des paysagistes du XIXe siècle. Bien que généralement moins connus du grand public que ses tableaux d'atelier, les paysages tels que La maisonnette ont constitué un terrain d'expérimentation capital pour l'artiste, essentiel à l'élaboration du style qu'il développera au cours des trois décennies suivantes.
The present painting was executed during the summer of 1919 in the woods of Meudon, not far from Henri Matisse's family home at Issy-Les-Moulineaux, to the south west of Paris. Matisse had established a pattern of spending the spring months in Nice and returning to Issy for the summer where he would explore the local surroundings. As he noted to his friend Charles Camoin, "I can travel around the neighborhood thanks to a small car I have purchased and that allows me to easily transport myself and my materials into the forest" (quoted in S. D'Alessandro et J. Elderfield, Matisse, Radical invention, 1913-1917, Chicago, 2010, p. 316). Against the backdrop of the last years of the Great War, Matisse also appeared to find solace through the execution of small-scale landscapes: the fact that he could complete them within a day, and often en plein air, provided him with a an achievable task and a chance to find solitude within an intimate natural setting unspoiled by the ravages of the war. Matisse's reinvigorated interest in Landscape was also an expression of his renewed interest in the work of the Impressionists. Following the heady days of Fauvism and the exploration into abstraction which followed, Matisse had begun to feel caught between his instinct to explore new frontiers and the accompanying doubts this raised as to where he would end up.
As he sought to take stock of his position Matisse entered into several relationships with artists of the proceeding generation in an effort to gauge their opinion. From November 1916 he began to correspond with Claude Monet ; 1917 saw the start of a 30-year correspondence with Pierre Bonnard ; and throughout the spring of 1919 he began regular visits to Pierre-Auguste Renoir at his villa 'Les Collettes' at Cagnes-sur-Mer. Through these various exchanges would grow an important aspect of Matisse's subsequent artistic persona: his willingness to absorb and utilise the lessons learned by his artistic predecessors.
La maisonnette (or La cabanne as it has also been known) is an unambiguous demonstration of this quality. Though his discussions with Renoir, Matisse had renewed his admiration for the great founders of late 19th century French painting: Ingres, Courbet and particularly Manet. Several works from the period around 1919 clearly show Manet's influence on Matisse's palette which began to take on colours which had previously been mostly absent : the introduction of blacks and ochres, as well as a more faded and thinned-out selection of complementary greens and light purples. The present work is very much in the Manet style, with a pallet also clearly adapted to the subject. In La maisonnette we also witness Matisse's debt to Gauguin with the use of strong silhouettes for the trees and heavy but broken contours for the trees and the house. The dappled surfaces of the foreground and the foliage against the sky lend the canvas a Cézannian air, but according to Matisse's own writing are also due to his admiration for Corot whom he saw as the greatest of the 19th Century landscape painters. Matisse referred to his landscape works from this period as less significant than his more considered studio pictures. Whilst works such as La maisonnette no doubt served to provide the artist with respite from his troubles, they also served as a testing ground where he worked out important elements of the style he would go on to develop over the next thirty years.