Lot Essay
Willem de Kooning's experiments with sculpture were limited to a remarkably short period of five years - from 1969 to 1974 - and to twenty-five works. Seated woman dates from the very beginning of this adventure and belongs to a small group of thirteen sculptures that the artist produced during his stay in Italy in the summer of 1969. It comes as no surprise that de Kooning's stay in this country, rich in artistic and especially statuary heritage, encouraged his foray into sculpture. In Rome, he also met the sculptor Emanuel Herzl, an old friend of his since the 1930's when both artists worked for the Works in Progress Administration. Herzl invited him to visit his recently bought foundry, where de Kooning would model in clay for the first time and create his first group of clay figures.
De Kooning's interest in sculpture was also influenced by Henri Matisse's relationship to this medium. The latter, who played an important role in de Kooning's development as an artist, used sculpture primarly to clarify his thoughts about painting, to find a solution to his pictorial problems. For both, sculpture was a way to enhance their painting, an ideal stepping stone between fleshy three-dimensionality and the flat representation of the figure on canvas.
The idea of grasping the painting in his hands and constructing it concretely allowed de Kooning to assure the precision and immediacy of expression. To set aside all instruments, to manipulate the clay directly by hand, to knead it, to play with it with his eyes closed - this resembled a magical or ritual dance in order to liberate a sort of vital energy embedded in the raw material. De Kooning relished confronting his own body with sculpture which, he believed, enhanced its organic quality. Working in clay also meant that de Kooning could cease to work on a sculpture, cover it with a wet cloth, and come back to it later. He enjoyed this freedom immensely since he applied a similar technique to his thicky pigmented canvases, which he used to cover with paper to prevent them from drying so that he could work and re-work the image until it satisfied him.
In sculpture de Kooning continued his investigation of the female figure, dating from its early paintings. Thus Seated Woman displays the same visceral, fleshy sense of the figure as that of de Kooning's greatest Woman paintings. He seeks to convey a sense of the human body rather than to make a copy of it and explores his ongoing interest in reconciling the figurative subject with the pictorial concerns of abstraction.
Rising from the chaos, limbs splayed, its torso mottled and squeezed, Seated Woman has a crude appearance. Non-representational par excellence, it seems to have neither muscles, nor bones, nor skin. The figure's contours overflow the core of the pictorial scene, its human shapes appear as if buried in a heap of flesh. The exaggerated forms, flat and hollow, restore the sense of violence of de Kooning's sculptural process: the pressure of the finger digging large paths, tracks, or crevices in the clay.
Upon his return to New York, de Kooning was encouraged by Xavier Fourcade to enlarge some of his sculptures. Henry Moore, when asked for his opinion, remplied: "It had such strength, such nervous energy, that it could be enlarged to any size". Seated Woman was the first sculpture to be chosen for casting on a monumental scale, made in collaboration with the Modern Art Foundry in Queens, New York, in 1970. Pleased with the result, in 1980 de Kooning had the work cast in two sizes - a mid-size and a new, monumental scale - in collaboration with the Tallix Foundry in Peerkskill, New York.
Endowing his Seated woman with a sensitive surface, de Kooning questioned the rejection of the body in the sculpture of the 1970's, marked by a linearity of minimalist forms. In spite of his radical expressionism, the artist approached in this work the sculptural tradition in its privileged representation of the human figure. Seated Woman evokes the same sense of realism conveyed by sculptures by Rodin, Giacometti or Matisse. As William Tucker wrote, "De Kooning is the latest and I suppose the last of the series of great painters whose occasional work in three dimensions has enriched and even transformed the sculpture of the modern period. As with Daumier, Degas, and Picasso, de Kooning's talent is essentially linear: the figure imaged in painting calls our for its embodiment in sculpture" (W. Tucker, quoted in Willem de Kooning: Sculpture, New York, 1996, p. 45).
Les expérimentations en sculpture de Willem de Kooning se limitent à une période particulièrement brève de cinq ans, de 1969 à 1974, et à vingt-cinq oeuvres. Seated Woman date du tout début de cette nouvelle recherche artistique. Elle fait partie d'un ensemble restreint de treize sculptures, produites par l'artiste pendant un séjour en Italie, l'été 1969.
Il n'est guère surprenant que le séjour de De Kooning dans ce pays à l'héritage artistique riche, tout particulièrement en matière de statues, ait encouragé son incursion dans l'univers de la sculpture. En outre, il rencontre à Rome le sculpteur Emanuel Herzl, un ami qu'il connaît depuis les années 1930, lorsque tous deux travaillaient pour la WPA (Works in Progress Administration) aux États-Unis. Herzl l'invite à visiter la fonderie dont il vient de faire l'acquisition, où De Kooning s'essaie à l'argile pour la première fois et façonne son premier groupe de figurines.
L'intérêt voué par De Kooning à la sculpture est également influencé par la relation d'Henri Matisse avec cette technique. Ce dernier, qui a joué un rôle important dans l'essor artistique de De Kooning, se servait avant tout de la sculpture pour clarifier ses pensées à propos de la peinture et trouver une solution à ses problèmes picturaux. Pour tous deux, la sculpture est un moyen de perfectionner leurs tableaux, le tremplin idéal entre un modèle tridimensionnel, en chair et en os, et la représentation unidimensionnelle du personnage sur la toile.
L'idée de saisir, d'agripper la peinture entre ses mains pour pouvoir la modeler concrètement permet à De Kooning d'en garantir la précision et la spontanéité d'expression. Mettre de côté tout instrument, manipuler l'argile directement avec les doigts, la pé trir, jouer avec, les yeux clos, s'apparente à une danse magique ou rituelle, destinée à libérer une sorte d'énergie vitale prisonnière de la matière brute. De Kooning prenait grand plaisir à confronter son propre corps à la sculpture afin, il en était convaincu, d'en améliorer la qualité intrinsèque. Travailler l'argile offre également la liberté d'interrompre son travail, de recouvrir la sculpture d'un drap humide pour y revenir plus tard. Une liberté qui a tout pour le séduire; en effet, il appliquait une technique similaire à ses toiles recouvertes de couches épaisses de pigments, qu'il recouvrait de papier pour éviter qu'elles ne sè chent et pouvoir retravailler l'image à l'envi, jusqu'à être satisfait du résultat.
En sculpture, de Kooning poursuit ses recherches sur la figure féminine, qui remontent à ses premières peintures. Ainsi, Seated Woman donne la même impression viscérale et charnelle que les silhouettes de ses meilleures Woman Paintings. De Kooning cherche à exprimer le corps humain, plutôt que d'en faire une copie. Il se livre à sa quête éternelle : réconcilier le sujet figuratif et les impératifs de l'abstraction en peinture.
Émergeant du chaos, membres écartés, torse moucheté et comprimé, Seated Woman s'apparente à une ébauche brute. N'étant pas réellement figurative, elle semble n'avoir ni muscles, ni ossature, ni peau. Ses contours débordent du centre de la scène picturale, ses formes humaines paraissent ensevelies dans une montagne de chair. Les formes exagérées, toutes en plats et en creux, reflètent le sentiment de violence qui régit le processus créatif de De Kooning en sculpture : la pression des doigts, creusant de larges chemins, des pistes ou des crevasses dans l'argile. À son retour à New York, De Kooning est encouragé par Xavier Fourcade à agrandir certaines de ses sculptures. Questionné à ce sujet, Henry Moore donne son avis : "Elles dégagent tant de puissance, d'énergie nerveuse, qu'elles pourraient être agrandies dans n'importe quelle dimension". Seated Woman est la première sculpture choisie pour être coulée à une échelle monumentale, en collaboration avec la fonderie Modern Art dans le Queens, à New York, en 1970. Satisfait du résultat, De Kooning commande deux nouveaux agrandissements en 1980 : une taille moyenne et une autre réplique monumentale, en collaboration avec la fonderie Tallix Peekskill, dans l'État de New York.
En dotant sa Seated Woman d'une surface sensorielle, De Kooning remet en question le rejet du corps dans la sculpture des années 1970, marquées par des formes toutes plus minimalistes les unes que les autres. Malgré son expressionnisme radical, l'artiste s'approche, dans cette oeuvre, de la tradition sculpturale dans sa représentation privilgiée de la silhouette humaine. Seated Woman évoque le même sens du réalisme que les sculptures de Rodin, Giacometti ou Matisse. Comme l'écrit William Tucker, "De Kooning est le plus récent et, je suppose, le dernier d'une série de grands peintres dont le travail ponctuel en trois dimensions a enrichi, voire transformé la sculpture de l'époque moderne. À l'instar de Daumier, Degas et Picasso, le talent de De Kooning est essentiellement linéaire : la silhouette représentée dans le tableau exige d'être incarnée dans une sculpture" (W. Tucker, citation extraite de Willem de Kooning: Sculpture, New York, 1996, p. 45).
De Kooning's interest in sculpture was also influenced by Henri Matisse's relationship to this medium. The latter, who played an important role in de Kooning's development as an artist, used sculpture primarly to clarify his thoughts about painting, to find a solution to his pictorial problems. For both, sculpture was a way to enhance their painting, an ideal stepping stone between fleshy three-dimensionality and the flat representation of the figure on canvas.
The idea of grasping the painting in his hands and constructing it concretely allowed de Kooning to assure the precision and immediacy of expression. To set aside all instruments, to manipulate the clay directly by hand, to knead it, to play with it with his eyes closed - this resembled a magical or ritual dance in order to liberate a sort of vital energy embedded in the raw material. De Kooning relished confronting his own body with sculpture which, he believed, enhanced its organic quality. Working in clay also meant that de Kooning could cease to work on a sculpture, cover it with a wet cloth, and come back to it later. He enjoyed this freedom immensely since he applied a similar technique to his thicky pigmented canvases, which he used to cover with paper to prevent them from drying so that he could work and re-work the image until it satisfied him.
In sculpture de Kooning continued his investigation of the female figure, dating from its early paintings. Thus Seated Woman displays the same visceral, fleshy sense of the figure as that of de Kooning's greatest Woman paintings. He seeks to convey a sense of the human body rather than to make a copy of it and explores his ongoing interest in reconciling the figurative subject with the pictorial concerns of abstraction.
Rising from the chaos, limbs splayed, its torso mottled and squeezed, Seated Woman has a crude appearance. Non-representational par excellence, it seems to have neither muscles, nor bones, nor skin. The figure's contours overflow the core of the pictorial scene, its human shapes appear as if buried in a heap of flesh. The exaggerated forms, flat and hollow, restore the sense of violence of de Kooning's sculptural process: the pressure of the finger digging large paths, tracks, or crevices in the clay.
Upon his return to New York, de Kooning was encouraged by Xavier Fourcade to enlarge some of his sculptures. Henry Moore, when asked for his opinion, remplied: "It had such strength, such nervous energy, that it could be enlarged to any size". Seated Woman was the first sculpture to be chosen for casting on a monumental scale, made in collaboration with the Modern Art Foundry in Queens, New York, in 1970. Pleased with the result, in 1980 de Kooning had the work cast in two sizes - a mid-size and a new, monumental scale - in collaboration with the Tallix Foundry in Peerkskill, New York.
Endowing his Seated woman with a sensitive surface, de Kooning questioned the rejection of the body in the sculpture of the 1970's, marked by a linearity of minimalist forms. In spite of his radical expressionism, the artist approached in this work the sculptural tradition in its privileged representation of the human figure. Seated Woman evokes the same sense of realism conveyed by sculptures by Rodin, Giacometti or Matisse. As William Tucker wrote, "De Kooning is the latest and I suppose the last of the series of great painters whose occasional work in three dimensions has enriched and even transformed the sculpture of the modern period. As with Daumier, Degas, and Picasso, de Kooning's talent is essentially linear: the figure imaged in painting calls our for its embodiment in sculpture" (W. Tucker, quoted in Willem de Kooning: Sculpture, New York, 1996, p. 45).
Les expérimentations en sculpture de Willem de Kooning se limitent à une période particulièrement brève de cinq ans, de 1969 à 1974, et à vingt-cinq oeuvres. Seated Woman date du tout début de cette nouvelle recherche artistique. Elle fait partie d'un ensemble restreint de treize sculptures, produites par l'artiste pendant un séjour en Italie, l'été 1969.
Il n'est guère surprenant que le séjour de De Kooning dans ce pays à l'héritage artistique riche, tout particulièrement en matière de statues, ait encouragé son incursion dans l'univers de la sculpture. En outre, il rencontre à Rome le sculpteur Emanuel Herzl, un ami qu'il connaît depuis les années 1930, lorsque tous deux travaillaient pour la WPA (Works in Progress Administration) aux États-Unis. Herzl l'invite à visiter la fonderie dont il vient de faire l'acquisition, où De Kooning s'essaie à l'argile pour la première fois et façonne son premier groupe de figurines.
L'intérêt voué par De Kooning à la sculpture est également influencé par la relation d'Henri Matisse avec cette technique. Ce dernier, qui a joué un rôle important dans l'essor artistique de De Kooning, se servait avant tout de la sculpture pour clarifier ses pensées à propos de la peinture et trouver une solution à ses problèmes picturaux. Pour tous deux, la sculpture est un moyen de perfectionner leurs tableaux, le tremplin idéal entre un modèle tridimensionnel, en chair et en os, et la représentation unidimensionnelle du personnage sur la toile.
L'idée de saisir, d'agripper la peinture entre ses mains pour pouvoir la modeler concrètement permet à De Kooning d'en garantir la précision et la spontanéité d'expression. Mettre de côté tout instrument, manipuler l'argile directement avec les doigts, la pé trir, jouer avec, les yeux clos, s'apparente à une danse magique ou rituelle, destinée à libérer une sorte d'énergie vitale prisonnière de la matière brute. De Kooning prenait grand plaisir à confronter son propre corps à la sculpture afin, il en était convaincu, d'en améliorer la qualité intrinsèque. Travailler l'argile offre également la liberté d'interrompre son travail, de recouvrir la sculpture d'un drap humide pour y revenir plus tard. Une liberté qui a tout pour le séduire; en effet, il appliquait une technique similaire à ses toiles recouvertes de couches épaisses de pigments, qu'il recouvrait de papier pour éviter qu'elles ne sè chent et pouvoir retravailler l'image à l'envi, jusqu'à être satisfait du résultat.
En sculpture, de Kooning poursuit ses recherches sur la figure féminine, qui remontent à ses premières peintures. Ainsi, Seated Woman donne la même impression viscérale et charnelle que les silhouettes de ses meilleures Woman Paintings. De Kooning cherche à exprimer le corps humain, plutôt que d'en faire une copie. Il se livre à sa quête éternelle : réconcilier le sujet figuratif et les impératifs de l'abstraction en peinture.
Émergeant du chaos, membres écartés, torse moucheté et comprimé, Seated Woman s'apparente à une ébauche brute. N'étant pas réellement figurative, elle semble n'avoir ni muscles, ni ossature, ni peau. Ses contours débordent du centre de la scène picturale, ses formes humaines paraissent ensevelies dans une montagne de chair. Les formes exagérées, toutes en plats et en creux, reflètent le sentiment de violence qui régit le processus créatif de De Kooning en sculpture : la pression des doigts, creusant de larges chemins, des pistes ou des crevasses dans l'argile. À son retour à New York, De Kooning est encouragé par Xavier Fourcade à agrandir certaines de ses sculptures. Questionné à ce sujet, Henry Moore donne son avis : "Elles dégagent tant de puissance, d'énergie nerveuse, qu'elles pourraient être agrandies dans n'importe quelle dimension". Seated Woman est la première sculpture choisie pour être coulée à une échelle monumentale, en collaboration avec la fonderie Modern Art dans le Queens, à New York, en 1970. Satisfait du résultat, De Kooning commande deux nouveaux agrandissements en 1980 : une taille moyenne et une autre réplique monumentale, en collaboration avec la fonderie Tallix Peekskill, dans l'État de New York.
En dotant sa Seated Woman d'une surface sensorielle, De Kooning remet en question le rejet du corps dans la sculpture des années 1970, marquées par des formes toutes plus minimalistes les unes que les autres. Malgré son expressionnisme radical, l'artiste s'approche, dans cette oeuvre, de la tradition sculpturale dans sa représentation privilgiée de la silhouette humaine. Seated Woman évoque le même sens du réalisme que les sculptures de Rodin, Giacometti ou Matisse. Comme l'écrit William Tucker, "De Kooning est le plus récent et, je suppose, le dernier d'une série de grands peintres dont le travail ponctuel en trois dimensions a enrichi, voire transformé la sculpture de l'époque moderne. À l'instar de Daumier, Degas et Picasso, le talent de De Kooning est essentiellement linéaire : la silhouette représentée dans le tableau exige d'être incarnée dans une sculpture" (W. Tucker, citation extraite de Willem de Kooning: Sculpture, New York, 1996, p. 45).