Armand Guillaumin (1841-1927)
Armand Guillaumin (1841-1927)

Chemin à Damiette

Details
Armand Guillaumin (1841-1927)
Chemin à Damiette
signé et daté 'Guillaumin 85' (en bas à droite)
huile sur toile
82 x 169.5 cm. (32¼ x 66¾ in.)
Peint en 1885
Provenance
Raphaël Gérard, Paris.
Galerie Serret-Fauveau, Paris.
Collection Rann, Michigan.
Collection particulière, Paris.
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
G. Serret et D. Fabiani, Armand Guillaumin, Catalogue raisonné de l'oeuvre peint, Paris, 1971, no. 128 (illustré et illustré en couleurs).
Exhibited
Paris, Galerie Raphaël Gérard, Selection d'oeuvres de Guillaumin, novembre 1938, no. 55 (titré 'Damiette').
Paris, Galerie Raphaël Gérard, Centenaire de A. Guillaumin, mai-juin 1941, no. 67 (titré 'Village de Damiette').
Paris, Galerie Jean de Ruaz, Exposition Guillaumin, mai 1951.
Further Details
'Chemin à Damiette'; signed and dated lower right; oil on canvas; painted in 1885.

Lot Essay

Peut-être le moins connu des grands peintres impressionnistes, Armand Guillaumin n'en demeure pas moins l'un des membres fondateurs du mouvement, dont il fut le dernier survivant. Dès 1866, il s'inscrit à l'académie Suisse où il fait la rencontre de Paul Cézanne et de Camille Pissarro, avec lesquels il développe de forts liens d'amitié. Il travaille en plein air à leur cotés dès le début des années 1870, hébergé par Pissarro à Pontoise, puis par le Docteur Gachet à Auvers-sur-Oise à partir de 1973. Bien qu'influencé par ses pairs, il développe alors un art du paysage qui lui est propre, souvent caractérisé par des perspectives ouvertes par des chemins tournants.
Guillaumin expose au sein du groupe impressionniste dès la première exposition de 1974. En 1880, à l'occasion de la 5eme édition, il présente plus de vingt paysages ayant pour motifs Paris et sa région. Zola souligne dans son article "Le Naturalisme au Salon" paru à cette occasion : "Les véritables révolutionnaires de la forme apparaissent avec M. Édouard Manet, avec les impressionnistes, MM. Claude Monet, Renoir, Pissarro, Guillaumin, d'autres encore. Ceux-ci se proposent de sortir de l'atelier où les peintres se sont claquemurés depuis tant de siècles, et d'aller peindre en plein air, simple fait dont les conséquences sont considérables. En plein air, la lumière n'est plus unique, et ce sont dès lors des effets multiples qui diversifient et transforment radicalement les aspects des choses et des êtres. Cette étude de la lumière [...] est ce qu'on a appelé plus ou moins proprement l'impressionnisme, parce qu'un tableau devient dès lors l'impression d'un moment éprouvée devant la nature [...] MM. Pissarro, Sisley, Guillaumin ont marché à la suite de M. Claude Monet[...] et ils se sont appliqués à rendre des coins de nature autour de Paris, sous la vraie lumière du soleil, sans reculer devant les effets de coloration les plus imprévus " (cité in D. Riout, Les écrivains devant l'impressionnisme, Paris, 1989, pp. 172-174).
C'est ainsi que travaille effectivement Guillaumin, alors qu'en 1883 il découvre le village de Damiette, dans la vallée de Chevreuse. Le lieu lui inspire une série d'oeuvres particulièrement lumineuses, à l'image du présent tableau. Exceptionnel par son format autant que par la qualité de son exécution, ce dernier illustre parfaitement les propos de Fénéon au sujet du peintre, prononcés un an seulement après sa réalisation: " M. Armand Guillaumin. Des ciels immenses : des ciels surchauffés où se bousculent des nuages dans la bataille des verts, des pourpres, des mauves et des jaunes ; d'autres, crépusculaires alors, où de l'horizon se lève l'énorme masse amorphe de nuées basses que des vents obliques strient. Sous ces ciels lourdement somptueux, se bossuent, peintes par brutaux empâtements, des campagnes violettes alternant labours et pacages ; des arbres se crispent à des pentes fuyant vers des maisons qu'enceignent des potagers, vers des cours de fermes où se dressent les bras des charrettes. Implantés dans des prés herbus, des hommes, des femmes pêchent [...] Et ce coloriste forcené, ce beau peintre de paysages gorgés de sèves et haletants, a restitué à toutes ses figures humaines une robuste et placide animalité" (Oeuvres plus que complètes, Paris, 1970, p. 33).

Armand Guillaumin may be one of the less well known of the major impressionist painters, but he was nonetheless one of the founding members of the movement, of which he was one of the last survivors. In 1886, he joined the Académie Suisse, where he met Paul Cézanne and Camille Pissarro, who became close friends. He worked side by side en plein air, from the beginning of the 1870s, living with Pissarro in Pontoise, then with Docteur Gachet in Auvers-sur-Oise after 1873. Although he was influenced by his peers, he developed a personal landscape style, often characterised by perspectives opened up by winding roads.
Guillaumin exhibited with the impressionist group at their first exhibition in 1874. In 1880 at the 5th edition, he presented more than twenty landscapes depicting Paris and its region. Zola underlined in his article "Naturalism at the Salon", published on this occasion: "The true revolutionaries of form appear with Mr. Edouard Manet, with the impressionists Messrs. Claude Monet, Renoir, Pissarro, Guillaumin and others still. They propose to leave the atelier where painters have shut themselves up for so many centuries and to go and paint in open air, a simple fact with considerable consequences. In open air, light is not fixed, but rather multiple effects change and transform radically the appearance of things and beings. This study of light [...] is what has been more or less appropriately called impressionism, because the painting then becomes the impression of a moment perceived before nature [...] Messrs. Pissarro, Sisley, Guillaumin have followed Mr. Claude Monet's steps [...] they have applied themselves to representing the pockets of nature around Paris, under true sunlight, without balking at the most improbable effects of colour." (quoted in D. Riout,
Les écrivains devant l'impressionnisme, Paris, 1989, p. 172-174).
It was in this manner that Guillaumin was working when he discovered the village of Damiette in the valley of Chevreuse in 1883. The site inspired him to produce a particularly luminous series of works, as with the present painting. Of exceptional format and quality of execution, it illustrates perfectly Fénéon's words about the painter, only one year after the painting was completed: "Mr. Armand Guillaumin. Immense skies: overheated skies where clouds jostle in the battle of greens, purples, mauves and yellows; other crepuscular ones, where the unshaped mass of low clouds rises above the horizon, streaked by oblique winds. Under heavy, glorious skies, in the purple countryside, fields and pastures alternate, painted in strong impastos; trees cling to slopes, leading to houses surrounded by orchards, to farmyards where farm carts stand. Men and women fish in grassy fields [...]. This passionate colourist, this fine painter of landscapes throbbing with life and sap, has given to all his human figures a robust and placid animality." (
Oeuvres plus que complètes, Paris, 1970, p. 33).

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