Lot Essay
En s'installant dans sa nouvelle maison à Vétheuil en 1968, Joan Mitchell s'immergea pour ainsi dire dans le paysage. La beauté bucolique de ce terrain d'à peine un hectare dominant la Seine ne pouvait qu'inciter Mitchell à emprunter dans son oeuvre de nouveaux chemins. De toute évidence, la nature a toujours été une constante dans son art, mais à partir de cette date, elle a acquis une présence et une signification particulières. Ainsi, la sensation de paysage pénètre immanquablement l'esprit de tout observateur de son tableau monumental They Never Appeared with the White réalisé en 1973 en pleine période d'intense création dans la carrière de l'artiste. Mitchell plonge l'observateur dans la lumière et l'atmosphère éblouissantes de Vétheuil en appliquant des teintes sursaturées et contrastées - vert, bleu et orange irisés, sur des zones de couleur pâle légèrement délavées.
Son nouvel atelier de Vétheuil était beaucoup plus spacieux que celui de la rue Frémincourt à Paris, ce qui lui permit de travailler sur des toiles plus imposantes. Elle adopta dans ces années le polyptyque dont elle appréciait l'ampleur, reflet aussi de sa préoccupation pour la réalité physique et l'orientation dans l'espace, en lien avec son environnement natal du Midwest américain. Dans They Never Appeared with the White, caractéristique de cette nouvelle structure architecturale de ses oeuvres du début des années 1970, les lavis rectilignes du panneau de droite du diptyque apaisent la frénésie des coups de pinceau appliqués en dessous par leur esprit de méditation, immobilisant ainsi l'ensemble en faisant écho au rectangle bleu sur le panneau de gauche.
Ces formes colorées semblent flotter au milieu d'un vaste espace de toile blanche d'où l'oeuvre tire son nom. Comme c'est souvent le cas chez Joan Mitchell, le titre renvoie aux impressions et expériences de la vie quotidienne que l'artiste a intériorisées dans ses toiles. Le titre peut sembler un peu désinvolte, mais pour Mitchell, le blanc était l'ingrédient essentiel depuis les années 1950, comme il l'était incontestablement chez tous les artistes depuis le début du XXe siècle et comme il continue à l'être chez les contemporains. Dans cette oeuvre, comme dans ses imposantes séries Territories et Fields, Mitchell intègre le blanc de manière constructive en laissant simplement la toile à nu en certains endroits ou en accumulant un empâtement lourd en certains autres. Comme Jane Livingstone l'a écrit : "or elle utilisait le fond blanc comme une partie intensément animée de l'espace pictural, pas comme un arrière-plan, mais comme faisant partie d'un berceau, ou d'un récipient, pour laisser passer des couleurs brillamment élaborées. Les évocations de la lumière du soleil sur les arbres en fleurs, ou les feuillages qui se reflètent dans les eaux miroitantes, élèvent ces toiles au niveau du lyrisme le plus intense." (J. Livingstone, The Paintings of Joan Mitchell, New York, 2002, p. 34).
Cette domination progressive du blanc reflète aussi l'importance de la vie privée et de la solitude qu'appréciait Mitchell à Vétheuil, bien loin de ce qu'elle vivait dans son atelier de la rue Frémincourt, où elle était constamment dérangée par des visites inopportunes. Ce diptyque monumental de blanc chatoyant saisit l'esprit de la campagne bucolique de Vétheuil et offre aux spectateurs une harmonie baignée de quiétude et d'apaisement. Produit de l'union de Mitchell avec la nature, They Never Appeared with the White apparaît comme le symbole poétique de l'indépendance et de la liberté et l'ode ultime à la puissance d'expression du silence.
Moving to her new home in Vétheuil in 1968, Joan Mitchell literally immersed herself within the landscape. The pastoral beauty of this two-acre stretch of land overlooking the Seine could not help to take Mitchell's work in the new directions. Undoubtedly, nature has always been present in her art, but from this point onwards it became particularly significant and invasive. Thus invariably the notion of landscape enters the mind when one views the monumental They Never Appeared with the White, painted in 1973 during this intensely fertile period of Mitchell's career. The artist plunges the viewer into the dazzling light and atmosphere of Vétheuil as she poses highly saturated, opposing hues - iridescent green, blue and orange, against the areas of pale, thinly washed pastel colour.
The new studio in Vétheuil provided considerably more space than Mitchell's previous studio on the Rue Frémincourt in Paris and thus allowed her to work on large-scale canvases. Consequently, polyptych became her most characteristic format of these years, having vastness as one of its constant qualities, which also reflected her preoccupation with physicality and spatial orientation, associated with her native environment of American Midwest. In They Never Appeared with the White, exemplary of this new architectonic structure of her early 1970's works, rectilinear washes of the right panel of the diptych restrain the excitement of the nervous brushstroke below by their meditative quality and thus stabilize the whole by echoing the blue rectangle on the left panel of the diptych.
These colourful forms seem to float within an airy expanse of white canvas that gives the name to the painting. As it is often the case with Joan Mitchell, the title offers a clue to the impressions and experiences of the daily life, internalized in her works. The title might sound flippant, but for Mitchell, white has been the key ingredient since the 1950's, as it undeniably was for any artist since the beginning of the XXth century and as it insistently continues to be for the contemporary ones. In the present work, as in her prominent Territories and Fields series, Mitchell constructively integrates the white by simply leaving the canvas bare in some areas or building up heavy impasto in others. As Jane Livingstone described: "now she used the white ground as an intensely enlivened part of the picture space, not as background, but as part of a cradle, or receptacle, for the passages of brilliantly worked colour. Evocations of sunlight on flowering trees, or foliage reflected in shimmering water, elevate these paintings to a level of the most intense lyricism." (J. Livingstone, The Paintings of Joan Mitchell, New York, 2002, p. 34).
This growing dominance of white also reflects the extent of privacy and solitude that Mitchell enjoyed in Vétheuil, in comparison with her Frémincourt studio, where she was permanently invaded with unwanted visitors. Thus this monumental diptych of shimmering white captures the spirit of the vast bucolic environs of Vétheuil and offers its spectators a calm and peaceful harmony. Being the product of Mitchell's reunion with nature, They Never Appeared with the White appears as a poetic symbol of freedom and liberty and as an ultimate ode to the expressive power of silence.
Son nouvel atelier de Vétheuil était beaucoup plus spacieux que celui de la rue Frémincourt à Paris, ce qui lui permit de travailler sur des toiles plus imposantes. Elle adopta dans ces années le polyptyque dont elle appréciait l'ampleur, reflet aussi de sa préoccupation pour la réalité physique et l'orientation dans l'espace, en lien avec son environnement natal du Midwest américain. Dans They Never Appeared with the White, caractéristique de cette nouvelle structure architecturale de ses oeuvres du début des années 1970, les lavis rectilignes du panneau de droite du diptyque apaisent la frénésie des coups de pinceau appliqués en dessous par leur esprit de méditation, immobilisant ainsi l'ensemble en faisant écho au rectangle bleu sur le panneau de gauche.
Ces formes colorées semblent flotter au milieu d'un vaste espace de toile blanche d'où l'oeuvre tire son nom. Comme c'est souvent le cas chez Joan Mitchell, le titre renvoie aux impressions et expériences de la vie quotidienne que l'artiste a intériorisées dans ses toiles. Le titre peut sembler un peu désinvolte, mais pour Mitchell, le blanc était l'ingrédient essentiel depuis les années 1950, comme il l'était incontestablement chez tous les artistes depuis le début du XXe siècle et comme il continue à l'être chez les contemporains. Dans cette oeuvre, comme dans ses imposantes séries Territories et Fields, Mitchell intègre le blanc de manière constructive en laissant simplement la toile à nu en certains endroits ou en accumulant un empâtement lourd en certains autres. Comme Jane Livingstone l'a écrit : "or elle utilisait le fond blanc comme une partie intensément animée de l'espace pictural, pas comme un arrière-plan, mais comme faisant partie d'un berceau, ou d'un récipient, pour laisser passer des couleurs brillamment élaborées. Les évocations de la lumière du soleil sur les arbres en fleurs, ou les feuillages qui se reflètent dans les eaux miroitantes, élèvent ces toiles au niveau du lyrisme le plus intense." (J. Livingstone, The Paintings of Joan Mitchell, New York, 2002, p. 34).
Cette domination progressive du blanc reflète aussi l'importance de la vie privée et de la solitude qu'appréciait Mitchell à Vétheuil, bien loin de ce qu'elle vivait dans son atelier de la rue Frémincourt, où elle était constamment dérangée par des visites inopportunes. Ce diptyque monumental de blanc chatoyant saisit l'esprit de la campagne bucolique de Vétheuil et offre aux spectateurs une harmonie baignée de quiétude et d'apaisement. Produit de l'union de Mitchell avec la nature, They Never Appeared with the White apparaît comme le symbole poétique de l'indépendance et de la liberté et l'ode ultime à la puissance d'expression du silence.
Moving to her new home in Vétheuil in 1968, Joan Mitchell literally immersed herself within the landscape. The pastoral beauty of this two-acre stretch of land overlooking the Seine could not help to take Mitchell's work in the new directions. Undoubtedly, nature has always been present in her art, but from this point onwards it became particularly significant and invasive. Thus invariably the notion of landscape enters the mind when one views the monumental They Never Appeared with the White, painted in 1973 during this intensely fertile period of Mitchell's career. The artist plunges the viewer into the dazzling light and atmosphere of Vétheuil as she poses highly saturated, opposing hues - iridescent green, blue and orange, against the areas of pale, thinly washed pastel colour.
The new studio in Vétheuil provided considerably more space than Mitchell's previous studio on the Rue Frémincourt in Paris and thus allowed her to work on large-scale canvases. Consequently, polyptych became her most characteristic format of these years, having vastness as one of its constant qualities, which also reflected her preoccupation with physicality and spatial orientation, associated with her native environment of American Midwest. In They Never Appeared with the White, exemplary of this new architectonic structure of her early 1970's works, rectilinear washes of the right panel of the diptych restrain the excitement of the nervous brushstroke below by their meditative quality and thus stabilize the whole by echoing the blue rectangle on the left panel of the diptych.
These colourful forms seem to float within an airy expanse of white canvas that gives the name to the painting. As it is often the case with Joan Mitchell, the title offers a clue to the impressions and experiences of the daily life, internalized in her works. The title might sound flippant, but for Mitchell, white has been the key ingredient since the 1950's, as it undeniably was for any artist since the beginning of the XXth century and as it insistently continues to be for the contemporary ones. In the present work, as in her prominent Territories and Fields series, Mitchell constructively integrates the white by simply leaving the canvas bare in some areas or building up heavy impasto in others. As Jane Livingstone described: "now she used the white ground as an intensely enlivened part of the picture space, not as background, but as part of a cradle, or receptacle, for the passages of brilliantly worked colour. Evocations of sunlight on flowering trees, or foliage reflected in shimmering water, elevate these paintings to a level of the most intense lyricism." (J. Livingstone, The Paintings of Joan Mitchell, New York, 2002, p. 34).
This growing dominance of white also reflects the extent of privacy and solitude that Mitchell enjoyed in Vétheuil, in comparison with her Frémincourt studio, where she was permanently invaded with unwanted visitors. Thus this monumental diptych of shimmering white captures the spirit of the vast bucolic environs of Vétheuil and offers its spectators a calm and peaceful harmony. Being the product of Mitchell's reunion with nature, They Never Appeared with the White appears as a poetic symbol of freedom and liberty and as an ultimate ode to the expressive power of silence.