Lot Essay
Cette œuvre sera incluse au catalogue raisonné de l'œuvre de Kees van Dongen actuellement en préparation par Jacques Chalom Descordes sous l'égide de l'Institut Wildenstein.
Peint en 1910 à Séville, Espagnole à la mantille date de
l'une des périodes les plus emblématiques de l'art de Kees van
Dongen. Grâce au contrat qu'il a signé avec la galerie
Bernheim-Jeune, il jouit depuis peu d'une certaine aisance financiè
re, et s'installe dans un nouvel atelier. Ses nouvelles ressources lui permettent également cette même année d'entreprendre un grand
voyage, qui l'entraine tout d'abord vers le nord à la rencontre de
ses aïeux hollandais, puis au sud, vers l'Italie, l'Espagne et
l'Afrique du nord. Cela marque un tournant radical dans la carrière
du peintre, qui fait enfin en personne l'expérience de l'exotisme
qu'il n'imaginait jusque-là qu'en atelier. En quelques mois, il
réalise une quantité impressionnante de chefs-d'oeuvre, dont nombre ornent aujourd'hui les cimaises des plus grands musées du monde.
La lumière du sud stimula de nombreux peintres affiliés au
Fauvisme, parmi lesquels Henri Matisse et André Derain. Comme
Matisse, van Dongen est à l'origine plutôt familier du nord de
l'Europe, de ses vastes plaines et de sa lumière blème. Aussi, la découverte de l'Espagne est un choc à bien des égards, et van Dongen couche sur le vif ses impressions sur quelques toiles et de nombreux carnets qu'il rapportent en France. A partir de ces études, il réalise à son retour à Paris l'une des séries les plus
importantes de sa carrière, présentée chez Bernheim-Jeune au mois de juin 1911 à l'occasion de l'exposition Hollande, Italie, Espagne, Maroc.
L'émerveillement ressenti par van Dongen au contact de la lumière et de la culture hispanique est palpable dans Espagnole à la mantille. Un second souffle est ici donné à sa manière fauve, désormais moins artificielle, plus ancrée dans la réalité nouvelle exprimentée durant son séjour. Le visage à la fois sensuel et arrogant du modèle, avec ses joues et ses lèvres fardées, son regard sombre et pénétrant, et ses pommettes saillantes aux ombres profondes, exercent une fascination sur le spectateur vraisemblablement ressentie et habilement transmise par l'artiste. A la fois extrêmement provocante par son attitude, et pudiquement protégée par son voile et son éventail, notre espagnole est profondément envoutante. C'est le sortilège exercé par cette femme que van Dongen cherche à saisir pour mieux le soumettre, car comme il le dit lui-même: "j'aime ce qui brille, les pierres précieuses qui étincellent, les étoffes qui chatoient, les belles femmes qui inspirent le désir charnel... et la peinture me donne la possession plus complète de tout cela, car ce que je peins est souvent la réalisation obsédante d'un rêve ou d'une hantise..." (cité in J.-M. Bouhours, Van Dongen, Monaco, 2008, p. 150).
Painted in 1910 in Seville, Espagnole à la mantille dates from one of the most important periods of Kees Van Dongens career. Having signed a contract with Bernheim-Jeune he was finally gaining a sufficient living and had moved into a new studio space. The newfound financial security had also given him the means to go on tour, and in 1910 he first headed North to visit his relatives in his native Holland, then turned South, initially visiting Italy, then on to Spain and North Africa. The trip marked an epiphany for the artist, who was suddenly exposed to the real-life prototypes of the colours, bright lights and exoticism which he had had to imagine and certainly exaggerate in his Parisian studio. This would result in a crucial period within Van Dongens career which saw him paint masterpiece after masterpiece, many of which now grace the walls of the worlds museums. The light of the South had acted as a lure to several of the artists associated with Fauvism, not least Matisse and Derain. Like Matisse, Van Dongen was essentially Northern European and used to the flat expanses of the Netherlands and the less intense light spectrum. For him, Spain was therefore a revelation, and Van Dongen returned from his trip there with a small group of canvases as well as a larger number of sketchbooks and other drawings. On his return to his Paris studio he then used these as the basis for a group of pictures depicting the Spanish and North African motifs to which he had been exposed during his travels, many of which would be shown in an exhibition at the Galerie Bernheim-Jeune in June 1911, entitled Hollande, Italie, Espagne, Maroc. In
Espagnole à la mantille, one witnesses the profound amazement Van Dongens felt at this contact with bright sun and intoxicating Hispanic culture. His Fauve idiom is not only renewed here, but now anchored in a new reality. The models face, at once sensual and proud with her heavily made-up cheeks and lips, her dark and penetrating stare, her prominent cheekbones casting deep shadows, exerts a strong fascination on the viewer. Both highly arousing by her appearance, yet bashfully protected by her veil and fan, his spannish dancer is intensely poignant. It is the impact she produces which typifies the effect which Van Dongen sought to reveal, as he himself noted: I love that which glitters, precious stones that sparkle, fabrics that shimmer, beautiful women who arouse carnal desire... painting lets me possess all this most fully since what I paint is often the distillation of a haunting dream or an obsession... (cited in J.-M. Bouhours, Van Dongen, Monaco, 2008, p. 150).
Peint en 1910 à Séville, Espagnole à la mantille date de
l'une des périodes les plus emblématiques de l'art de Kees van
Dongen. Grâce au contrat qu'il a signé avec la galerie
Bernheim-Jeune, il jouit depuis peu d'une certaine aisance financiè
re, et s'installe dans un nouvel atelier. Ses nouvelles ressources lui permettent également cette même année d'entreprendre un grand
voyage, qui l'entraine tout d'abord vers le nord à la rencontre de
ses aïeux hollandais, puis au sud, vers l'Italie, l'Espagne et
l'Afrique du nord. Cela marque un tournant radical dans la carrière
du peintre, qui fait enfin en personne l'expérience de l'exotisme
qu'il n'imaginait jusque-là qu'en atelier. En quelques mois, il
réalise une quantité impressionnante de chefs-d'oeuvre, dont nombre ornent aujourd'hui les cimaises des plus grands musées du monde.
La lumière du sud stimula de nombreux peintres affiliés au
Fauvisme, parmi lesquels Henri Matisse et André Derain. Comme
Matisse, van Dongen est à l'origine plutôt familier du nord de
l'Europe, de ses vastes plaines et de sa lumière blème. Aussi, la découverte de l'Espagne est un choc à bien des égards, et van Dongen couche sur le vif ses impressions sur quelques toiles et de nombreux carnets qu'il rapportent en France. A partir de ces études, il réalise à son retour à Paris l'une des séries les plus
importantes de sa carrière, présentée chez Bernheim-Jeune au mois de juin 1911 à l'occasion de l'exposition Hollande, Italie, Espagne, Maroc.
L'émerveillement ressenti par van Dongen au contact de la lumière et de la culture hispanique est palpable dans Espagnole à la mantille. Un second souffle est ici donné à sa manière fauve, désormais moins artificielle, plus ancrée dans la réalité nouvelle exprimentée durant son séjour. Le visage à la fois sensuel et arrogant du modèle, avec ses joues et ses lèvres fardées, son regard sombre et pénétrant, et ses pommettes saillantes aux ombres profondes, exercent une fascination sur le spectateur vraisemblablement ressentie et habilement transmise par l'artiste. A la fois extrêmement provocante par son attitude, et pudiquement protégée par son voile et son éventail, notre espagnole est profondément envoutante. C'est le sortilège exercé par cette femme que van Dongen cherche à saisir pour mieux le soumettre, car comme il le dit lui-même: "j'aime ce qui brille, les pierres précieuses qui étincellent, les étoffes qui chatoient, les belles femmes qui inspirent le désir charnel... et la peinture me donne la possession plus complète de tout cela, car ce que je peins est souvent la réalisation obsédante d'un rêve ou d'une hantise..." (cité in J.-M. Bouhours, Van Dongen, Monaco, 2008, p. 150).
Painted in 1910 in Seville, Espagnole à la mantille dates from one of the most important periods of Kees Van Dongens career. Having signed a contract with Bernheim-Jeune he was finally gaining a sufficient living and had moved into a new studio space. The newfound financial security had also given him the means to go on tour, and in 1910 he first headed North to visit his relatives in his native Holland, then turned South, initially visiting Italy, then on to Spain and North Africa. The trip marked an epiphany for the artist, who was suddenly exposed to the real-life prototypes of the colours, bright lights and exoticism which he had had to imagine and certainly exaggerate in his Parisian studio. This would result in a crucial period within Van Dongens career which saw him paint masterpiece after masterpiece, many of which now grace the walls of the worlds museums. The light of the South had acted as a lure to several of the artists associated with Fauvism, not least Matisse and Derain. Like Matisse, Van Dongen was essentially Northern European and used to the flat expanses of the Netherlands and the less intense light spectrum. For him, Spain was therefore a revelation, and Van Dongen returned from his trip there with a small group of canvases as well as a larger number of sketchbooks and other drawings. On his return to his Paris studio he then used these as the basis for a group of pictures depicting the Spanish and North African motifs to which he had been exposed during his travels, many of which would be shown in an exhibition at the Galerie Bernheim-Jeune in June 1911, entitled Hollande, Italie, Espagne, Maroc. In
Espagnole à la mantille, one witnesses the profound amazement Van Dongens felt at this contact with bright sun and intoxicating Hispanic culture. His Fauve idiom is not only renewed here, but now anchored in a new reality. The models face, at once sensual and proud with her heavily made-up cheeks and lips, her dark and penetrating stare, her prominent cheekbones casting deep shadows, exerts a strong fascination on the viewer. Both highly arousing by her appearance, yet bashfully protected by her veil and fan, his spannish dancer is intensely poignant. It is the impact she produces which typifies the effect which Van Dongen sought to reveal, as he himself noted: I love that which glitters, precious stones that sparkle, fabrics that shimmer, beautiful women who arouse carnal desire... painting lets me possess all this most fully since what I paint is often the distillation of a haunting dream or an obsession... (cited in J.-M. Bouhours, Van Dongen, Monaco, 2008, p. 150).