Lot Essay
Cette oeuvre sera incluse au Catalogue Critique de l'Oeuvre Sculpté d'Auguste Rodin, actuellement en préparation à la galerie Brame & Lorenceau, sous la direction de Jérome Le Blay, sous le no. 1998-1190B.
L' Antiquité fut tout au long de la carrière d’Auguste Rodin une source d’inspiration, illimitée et lui ouvrant continuellement
de nouvelles perspectives de travail. Aux études réalisées au Louvre alors qu’il est étudiant, succède une réflexion profonde sur les
pièces du musée menée plus à maturité: «Une visite au Louvre, c’est pour moi comme une heure de belle musique, cela m’exalte, me donne envie de travailler à mon tour» (cité in J. Cladel, ‘Auguste Rodin pris sur la vie’, in Auguste Rodin et son oeuvre, Paris, 1903, p. 29). Le processus entamé avec la copie pure évolue rapidement sous l’influence des oeuvres de Michel-Ange. Par leur observation, Rodin parvient au sommet de son art, enfin empreint du sens symbolique qu’il souhaite exprimer dans ses sculptures et ses dessins. Conservés tout d’abord à Meudon puis à l’hôtel Biron à Paris (l’actuel Musée Rodin), 6.000 fragments grecs, étrusques et romains en marbre et en bronze furent amassés par Rodin au cours de sa vie (fig. 1).
Nombreuses sont les oeuvres de maître où transparaît l’influence de l’Antiquité, depuis les débuts de sa carrière avec l’Age d’airain,
conçu en 1875 (Le Normand-Romain, Paris, 2007, vol. I, p. 121-128), jusqu’au présent sujet. Avec Buste de Saint Jean-Baptiste, Rodin propose pour l’une des premières fois un modèle non figuré dans sa totalité. L’intensité de l’oeuvre est ainsi d’autant plus forte
qu’elle se concentre seulement sur une partie du corps, illustrant la phrase d’Henri Matisse selon laquelle «les détails diminuent
la pureté des lignes, ils nuisent à l’intensité émotive…» (cité in Cahiers du Musée national d'art moderne, Paris, 1998, p. 56). Rodin n’aura pas manqué de remarquer qu’au Louvre, les plus belles sculptures de Phidias, Polycleitus, Praxiteles et Lysippus sont des fragments. La tête de notre Saint Jean-Baptiste est quant à elle gracieusement inclinée, avec l’apparente simplicité d’une beauté
intemporelle.
Le présent bronze est une variante d’un buste patiné argent que Rodin réalisa en 1878 en vue de l’exposition au Salon de 1879. Celui-ci fut très apprécié du public, tant pour la qualité du modelé que de la fonte, caractérisant également notre bronze. Du vivant de
Rodin, François Rudier fondit une épreuve du sujet en 1883, succédé d’Adolphe Gruet qui en réalisa deux en 1891 et 1892 (Le Normand- Romain, Paris, 2007, vol. II, p. 641). Notre fonte est l’unique exemplaire sur lequel la base est surélevée et fixée sur un socle en marbre, la base et le buste étant solidaires sur les trois autres fontes réalisées du vivant de l’artiste (fig. 2). La qualité du présent exemplaire est remarquable, la ciselure des cheveux d’une finesse exceptionnelle et les nuances de la patine distinguant la peau des cheveux d’une subtilité magistrale. Fort du succès rencontré par son buste en 1879, Rodin développa le sujet de Saint Jean-Baptiste pour réaliser une sculpture en pied plus grande que nature, exposée au Salon de 1881.
Works from Antiquity were a continued source of inspiration in Rodin’s life - an endless source to which he could return, and
which continually offered Rodin new perspective in his work. Throughout his career, Auguste Rodin traversed the halls of the Louvre Museum, at frst making drawings based on what he saw, and later in his career, meditating upon those very same works: “A visit to the Louvre is, for me, comparable to an hour of delightful music, I’m enraptured and it motivates me to create my own work” (cited in J. Cladel, ‘Auguste Rodin pris sur la vie’, in Auguste Rodin et son oeuvre, Paris, 1903, p. 29). Initially these works that formed his eye and his creativity were copied, but throughout time he came to be infuenced by Michelangelo, at which point his work reached an apotheosis, embodying the symbolic nature he sought to capture in his sculpture and his drawings. Between Rodin’s home in Meudon and later in the Hôtel Biron (now the Musée Rodin) in Paris, Rodin would eventually come to own over 6,000 pieces of Greek, Hellenic, Etruscan and Roman fragments in marble and in bronze (fg. 1).
Upon close examination, in fact many of Rodin‘s work are greatly indebted to antiquity, from very early on in his career, beginning with the Age of Iron in 1875 (Le Normand-Romain, Paris, 2007, vol. I, pp. 121-128), and manifestly in the present work as well. Buste de Saint Jean-Baptiste is one of the earliest works where we see the introduction of a partial fgure, which was surely developed so as to
reduce the consequence of a gesture to its strict minimum. As Matisse had famously stated, “details distract from the purity of line, and
compromise the emotional intensity…” (cited in Cahiers du Musée national d'art moderne, Paris, 1998, p. 56). As Rodin would have
noted from his visits to the Louvre, the most beautiful sculptures by Phidias, Polycleitus, Praxiteles, or Lysippus arrived in broken fragments. Here the head is graciously inclined to one side, and as such, Saint Jean-Baptiste is reduced to a voluntary simplicity,
becoming resolutely timeless.
The present bronze is a variant on a silver-plated plaster bust that Rodin frst executed in 1878 for exposition at the Salon of 1879. Public reception was strong to this work, noted for its vigorous rendering of line and the fine quality of casting, qualities shared by the present bronze. During Rodin’s lifetime, François Rudier cast one bronze of this subject in 1883, and Adolphe Gruet then cast two bronzes of the same subject in 1891and 1892 (A. Le Normand-Romain, vol. II, p. 641). The present bronze is the only known variant in that the base of the bust is elevated and attached onto a distinct marble pedestal, unlike the other three lifetime casts where the base
and the bust are cast together (fg. 2). The quality of this bronze is simply exceptional; from the fine chiseling of the hair, to the extremely nuanced and subtle play of patina between the hair and the fesh. Encouraged by the success of this subject, in 1880 Rodin further elaborated Saint Jean-Baptiste in a larger-thanlife size model that he exposed at the Salon of 1881.
L' Antiquité fut tout au long de la carrière d’Auguste Rodin une source d’inspiration, illimitée et lui ouvrant continuellement
de nouvelles perspectives de travail. Aux études réalisées au Louvre alors qu’il est étudiant, succède une réflexion profonde sur les
pièces du musée menée plus à maturité: «Une visite au Louvre, c’est pour moi comme une heure de belle musique, cela m’exalte, me donne envie de travailler à mon tour» (cité in J. Cladel, ‘Auguste Rodin pris sur la vie’, in Auguste Rodin et son oeuvre, Paris, 1903, p. 29). Le processus entamé avec la copie pure évolue rapidement sous l’influence des oeuvres de Michel-Ange. Par leur observation, Rodin parvient au sommet de son art, enfin empreint du sens symbolique qu’il souhaite exprimer dans ses sculptures et ses dessins. Conservés tout d’abord à Meudon puis à l’hôtel Biron à Paris (l’actuel Musée Rodin), 6.000 fragments grecs, étrusques et romains en marbre et en bronze furent amassés par Rodin au cours de sa vie (fig. 1).
Nombreuses sont les oeuvres de maître où transparaît l’influence de l’Antiquité, depuis les débuts de sa carrière avec l’Age d’airain,
conçu en 1875 (Le Normand-Romain, Paris, 2007, vol. I, p. 121-128), jusqu’au présent sujet. Avec Buste de Saint Jean-Baptiste, Rodin propose pour l’une des premières fois un modèle non figuré dans sa totalité. L’intensité de l’oeuvre est ainsi d’autant plus forte
qu’elle se concentre seulement sur une partie du corps, illustrant la phrase d’Henri Matisse selon laquelle «les détails diminuent
la pureté des lignes, ils nuisent à l’intensité émotive…» (cité in Cahiers du Musée national d'art moderne, Paris, 1998, p. 56). Rodin n’aura pas manqué de remarquer qu’au Louvre, les plus belles sculptures de Phidias, Polycleitus, Praxiteles et Lysippus sont des fragments. La tête de notre Saint Jean-Baptiste est quant à elle gracieusement inclinée, avec l’apparente simplicité d’une beauté
intemporelle.
Le présent bronze est une variante d’un buste patiné argent que Rodin réalisa en 1878 en vue de l’exposition au Salon de 1879. Celui-ci fut très apprécié du public, tant pour la qualité du modelé que de la fonte, caractérisant également notre bronze. Du vivant de
Rodin, François Rudier fondit une épreuve du sujet en 1883, succédé d’Adolphe Gruet qui en réalisa deux en 1891 et 1892 (Le Normand- Romain, Paris, 2007, vol. II, p. 641). Notre fonte est l’unique exemplaire sur lequel la base est surélevée et fixée sur un socle en marbre, la base et le buste étant solidaires sur les trois autres fontes réalisées du vivant de l’artiste (fig. 2). La qualité du présent exemplaire est remarquable, la ciselure des cheveux d’une finesse exceptionnelle et les nuances de la patine distinguant la peau des cheveux d’une subtilité magistrale. Fort du succès rencontré par son buste en 1879, Rodin développa le sujet de Saint Jean-Baptiste pour réaliser une sculpture en pied plus grande que nature, exposée au Salon de 1881.
Works from Antiquity were a continued source of inspiration in Rodin’s life - an endless source to which he could return, and
which continually offered Rodin new perspective in his work. Throughout his career, Auguste Rodin traversed the halls of the Louvre Museum, at frst making drawings based on what he saw, and later in his career, meditating upon those very same works: “A visit to the Louvre is, for me, comparable to an hour of delightful music, I’m enraptured and it motivates me to create my own work” (cited in J. Cladel, ‘Auguste Rodin pris sur la vie’, in Auguste Rodin et son oeuvre, Paris, 1903, p. 29). Initially these works that formed his eye and his creativity were copied, but throughout time he came to be infuenced by Michelangelo, at which point his work reached an apotheosis, embodying the symbolic nature he sought to capture in his sculpture and his drawings. Between Rodin’s home in Meudon and later in the Hôtel Biron (now the Musée Rodin) in Paris, Rodin would eventually come to own over 6,000 pieces of Greek, Hellenic, Etruscan and Roman fragments in marble and in bronze (fg. 1).
Upon close examination, in fact many of Rodin‘s work are greatly indebted to antiquity, from very early on in his career, beginning with the Age of Iron in 1875 (Le Normand-Romain, Paris, 2007, vol. I, pp. 121-128), and manifestly in the present work as well. Buste de Saint Jean-Baptiste is one of the earliest works where we see the introduction of a partial fgure, which was surely developed so as to
reduce the consequence of a gesture to its strict minimum. As Matisse had famously stated, “details distract from the purity of line, and
compromise the emotional intensity…” (cited in Cahiers du Musée national d'art moderne, Paris, 1998, p. 56). As Rodin would have
noted from his visits to the Louvre, the most beautiful sculptures by Phidias, Polycleitus, Praxiteles, or Lysippus arrived in broken fragments. Here the head is graciously inclined to one side, and as such, Saint Jean-Baptiste is reduced to a voluntary simplicity,
becoming resolutely timeless.
The present bronze is a variant on a silver-plated plaster bust that Rodin frst executed in 1878 for exposition at the Salon of 1879. Public reception was strong to this work, noted for its vigorous rendering of line and the fine quality of casting, qualities shared by the present bronze. During Rodin’s lifetime, François Rudier cast one bronze of this subject in 1883, and Adolphe Gruet then cast two bronzes of the same subject in 1891and 1892 (A. Le Normand-Romain, vol. II, p. 641). The present bronze is the only known variant in that the base of the bust is elevated and attached onto a distinct marble pedestal, unlike the other three lifetime casts where the base
and the bust are cast together (fg. 2). The quality of this bronze is simply exceptional; from the fine chiseling of the hair, to the extremely nuanced and subtle play of patina between the hair and the fesh. Encouraged by the success of this subject, in 1880 Rodin further elaborated Saint Jean-Baptiste in a larger-thanlife size model that he exposed at the Salon of 1881.