Lot Essay
Un certificat d'authenticité de Madame Françoise Guiter sera remis à l'acquéreur.
Cette oeuvre figurera dans le Catalogue raisonné Vie et OEuvre de Germaine Richier, actuellement en préparation et dont Françoise Guiter est l'auteur.
« Ma nature ne me permet pas le calme ; on est comme on est, et l’âge ne me rend pas douce et sereine, non pas que je bataille, mais c’est en moi, avec moi. Plus je vais, plus je suis certaine que seul l’humain compte. »
Germaine Richier, Lettre au sculpteur Bänninger
La silhouette élancée, gracieuse, le corps légèrement désaxée de son centre de gravité vers la gauche, La Jeune fille à l’oiseau semble tenir dans sa main gauche une pomme qui agit comme un balancier pour rééquilibrer les tensions. A l’opposé, un oiseau est venu se poser délicatement dans sa main droite, attirant son regard énigmatique. Réalisée en 1954, cette sculpture rare de Germaine Richier et fondue de son vivant prend naissance dans les formes de La Feuille (1948) mais s’en émancipe trouvant dans cette pose le bras droit relevé une pose plus féminine. Cette jeune fille est en effet une des œuvres de l’artiste les plus délicates, les plus empreintes d’une profonde humanité. Un an plus tard avec Le Grain (1955), elle reprendra cette pose si spécifique à sa sculpture en effaçant, sous l’assaut d’un vocabulaire tiré du monde végétal, les traits de son visage. La nature est cependant présente de manière beaucoup plus subtile dans cette Jeune fille à l’oiseau. Discrètement, afin de nous obliger à en explorer les moindres aspects, l’artiste a délicatement apposer à certains endroits de sa surface l’empreinte de feuilles d’arbre comme pour inscrire cette question du végétal au cœur même de la chaire de sa sculpture. Poétique, sensorielle, cette approche fusionnelle de la nature et de la féminité est une constante chez Richier. Il est ainsi passionnant de voir combien – partant d’une ligne commune – Richier explore des voies différentes de celles auquel elle est souvent rapprochée, Alberto Giacometti, notamment lorsqu’on compare, par exemple, son Annette d’après nature et La Jeune fille à l’oiseau toutes deux créées la même année.
Présentée en 1956, lors de la première exposition personnelle d’envergure qui lui est consacrée au Musée national d’Art Moderne de la Ville de Paris, La Jeune fille à l’oiseau témoigne de l’importance de l’œuvre de Richier et de son apport à la sculpture de la seconde moitié du XXème siècle, comme l’expliquait César lors d’un entretien : « Germaine n’avait pas plus besoin de Bourdelle que de n’importe qui, pour dégager d’elle cette présence, cette tension terribles. Cela existait chez Alberto Giacometti, cela existait chez Picasso, cela existait chez Germaine» (César, entretien avec Alain Jouffroy, « Germaine Richier », Connaissance des Arts, No. 320, Paris, octobre 1978, pp. 94-95).
“My nature doesn’t let me be calm; we are what we are, and age isn’t making me gentler and more serene, not that I’m fighting it: it’s with me, a part of me. The longer I’m around, the surer I am that only humans count.”
Germaine Richier in a letter to the sculptor Bänninger
The slender, graceful silhouette, the body leaning slightly to the left of its centre of gravity, La Jeune fille à l’oiseau seems to be holding an apple in her left hand that is acting as a counterweight to rebalance the tension. Opposite, a bird has gently set down on her right hand, drawing the girl’s enigmatic gaze. Executed in 1954, this rare sculpture by Germaine Richier cast during her lifetime, was first born in the lines seen in La Feuille (1948), before finding freedom in this more feminine pose with the right arm raised. This young girl is indeed one of the artist’s most delicate pieces, and one that most clearly bears the imprint of a profound humanity. One year later with Le Grain (1955), she would return to this pose so specific to her sculptures by wiping clear the lines of the face in an assault of language taken from the plant world. However, nature’s presence is far more subtle in this Jeune fille à l’oiseau. Discretely, so that we have to explore its smallest features, the artist delicately places the imprint of leaves from trees in certain areas of the sculpture’s surface, as if inscribing the question of vegetation at the very heart of her sculpture’s flesh. Poetic and sensory, this approach to melding nature and femininity is a through Richier’s work. This makes it fascinating to see how – building upon a shared root – Richier explores avenues that are different to those to which she is usually compared, such as those of Alberto Giacometti in particular, when we compare his Annette d’après nature and La jeune fille à l’oiseau, both created in the same year.
Unveiled in 1956, at her first major solo exhibition at the National Modern Art Museum in Paris, La Jeune fille à l’oiseau stands testament to the importance of Richier’s work and her contribution to the sculpture of the second half of the 20th century, as César explained in an interview: “Germaine no more needed Bourdelle or anyone else to release this presence, this terrific tension within her. It was in Alberto Giacometti, it was in Picasso, and it was in Germaine” (César, interview with Alain Jouffroy, “Germaine Richier”, Connaissance des Arts, Issue 320, Paris, October 1978, pp. 94-95).
Cette oeuvre figurera dans le Catalogue raisonné Vie et OEuvre de Germaine Richier, actuellement en préparation et dont Françoise Guiter est l'auteur.
« Ma nature ne me permet pas le calme ; on est comme on est, et l’âge ne me rend pas douce et sereine, non pas que je bataille, mais c’est en moi, avec moi. Plus je vais, plus je suis certaine que seul l’humain compte. »
Germaine Richier, Lettre au sculpteur Bänninger
La silhouette élancée, gracieuse, le corps légèrement désaxée de son centre de gravité vers la gauche, La Jeune fille à l’oiseau semble tenir dans sa main gauche une pomme qui agit comme un balancier pour rééquilibrer les tensions. A l’opposé, un oiseau est venu se poser délicatement dans sa main droite, attirant son regard énigmatique. Réalisée en 1954, cette sculpture rare de Germaine Richier et fondue de son vivant prend naissance dans les formes de La Feuille (1948) mais s’en émancipe trouvant dans cette pose le bras droit relevé une pose plus féminine. Cette jeune fille est en effet une des œuvres de l’artiste les plus délicates, les plus empreintes d’une profonde humanité. Un an plus tard avec Le Grain (1955), elle reprendra cette pose si spécifique à sa sculpture en effaçant, sous l’assaut d’un vocabulaire tiré du monde végétal, les traits de son visage. La nature est cependant présente de manière beaucoup plus subtile dans cette Jeune fille à l’oiseau. Discrètement, afin de nous obliger à en explorer les moindres aspects, l’artiste a délicatement apposer à certains endroits de sa surface l’empreinte de feuilles d’arbre comme pour inscrire cette question du végétal au cœur même de la chaire de sa sculpture. Poétique, sensorielle, cette approche fusionnelle de la nature et de la féminité est une constante chez Richier. Il est ainsi passionnant de voir combien – partant d’une ligne commune – Richier explore des voies différentes de celles auquel elle est souvent rapprochée, Alberto Giacometti, notamment lorsqu’on compare, par exemple, son Annette d’après nature et La Jeune fille à l’oiseau toutes deux créées la même année.
Présentée en 1956, lors de la première exposition personnelle d’envergure qui lui est consacrée au Musée national d’Art Moderne de la Ville de Paris, La Jeune fille à l’oiseau témoigne de l’importance de l’œuvre de Richier et de son apport à la sculpture de la seconde moitié du XXème siècle, comme l’expliquait César lors d’un entretien : « Germaine n’avait pas plus besoin de Bourdelle que de n’importe qui, pour dégager d’elle cette présence, cette tension terribles. Cela existait chez Alberto Giacometti, cela existait chez Picasso, cela existait chez Germaine» (César, entretien avec Alain Jouffroy, « Germaine Richier », Connaissance des Arts, No. 320, Paris, octobre 1978, pp. 94-95).
“My nature doesn’t let me be calm; we are what we are, and age isn’t making me gentler and more serene, not that I’m fighting it: it’s with me, a part of me. The longer I’m around, the surer I am that only humans count.”
Germaine Richier in a letter to the sculptor Bänninger
The slender, graceful silhouette, the body leaning slightly to the left of its centre of gravity, La Jeune fille à l’oiseau seems to be holding an apple in her left hand that is acting as a counterweight to rebalance the tension. Opposite, a bird has gently set down on her right hand, drawing the girl’s enigmatic gaze. Executed in 1954, this rare sculpture by Germaine Richier cast during her lifetime, was first born in the lines seen in La Feuille (1948), before finding freedom in this more feminine pose with the right arm raised. This young girl is indeed one of the artist’s most delicate pieces, and one that most clearly bears the imprint of a profound humanity. One year later with Le Grain (1955), she would return to this pose so specific to her sculptures by wiping clear the lines of the face in an assault of language taken from the plant world. However, nature’s presence is far more subtle in this Jeune fille à l’oiseau. Discretely, so that we have to explore its smallest features, the artist delicately places the imprint of leaves from trees in certain areas of the sculpture’s surface, as if inscribing the question of vegetation at the very heart of her sculpture’s flesh. Poetic and sensory, this approach to melding nature and femininity is a through Richier’s work. This makes it fascinating to see how – building upon a shared root – Richier explores avenues that are different to those to which she is usually compared, such as those of Alberto Giacometti in particular, when we compare his Annette d’après nature and La jeune fille à l’oiseau, both created in the same year.
Unveiled in 1956, at her first major solo exhibition at the National Modern Art Museum in Paris, La Jeune fille à l’oiseau stands testament to the importance of Richier’s work and her contribution to the sculpture of the second half of the 20th century, as César explained in an interview: “Germaine no more needed Bourdelle or anyone else to release this presence, this terrific tension within her. It was in Alberto Giacometti, it was in Picasso, and it was in Germaine” (César, interview with Alain Jouffroy, “Germaine Richier”, Connaissance des Arts, Issue 320, Paris, October 1978, pp. 94-95).