Lot Essay
Les têtes perlées réalisées en l’honneur des souverains bamileké, appelées « atwontzen », sont extrêmement rares. Elles sont originaires des royaumes de la région Dschang (à l’est du pays Bamiléké), situées dans l’ancien Bangwa de l’ouest. En 1986, Pierre Harter en répertoria seulement six dont celle-ci. Les quatre autres illustrées ci-dessous font respectivement partie de la collection Frum (voir Musée Dapper, Formes et Couleurs, 1993, p.43), de l’ancienne collection Harter (op. cit, p.249, Christie’s New York), de la collection Allan Stone (une importante collection privée américaine) 12 novembre 2007, lot 632, de la Menil Collection, acquise par Philippe Guimiot (Van Dyke, 2008, n.70); et enfin de la collection du Musée du Quai Branly (73.1992.0.49), ayant également appartenu à la collection Harter.
Evoquant toujours des crânes d’ennemis, elles étaient sculptées dans une seule pièce de bois, recouverte de tissus et ornées de perles. Chaque exemplaire était une interprétation unique. La virtuosité artistique réside ici dans l’expression des traits et dans un équilibre délicat entre représentation du mouvement et abstraction.
Selon la généalogie des « têtes Kemtemelo », ces têtes perlées seraient apparues à la fin du XVIIème / début du XIXème siècle (Roi et sculpteurs de l'ouest du Cameroun "La panthère et la mygal" par Louis Perrois et Jean Paul Notué, 1997, p. 156; Harter, P., op. cit. p. 157). Cette idée se confirme ici par la qualité de ces perles anciennes fabriquées dans du verre opaque aux tons vert clair et jaune chromé. De par leur ancienneté, on peut supposer que ces têtes coexistaient avec de vrais crânes perlés et qu’elles ne seraient donc pas liées à une évolution de cette pratique, comme l’observa Harter dans Foto et Fontem parmi les Bangwa de l’ouest. (L’une était décorée avec un motif en cocarde qui se répétait sur les tempes et les pommettes). Les cauris provenaient de l’Océan Indien et les perles de Vienne et de Bohème, des marchandises exotiques et extrêmement prestigieuses.
Hautement symboliques, ces têtes perlées, ou de véritables crânes ennemis, étaient portées par le chef lors des cérémonies ainsi que durant certaines danses guerrières, comme les tso ou nzen. Ils étaient recouverts du symbole royal, un motif de diamant apposé sur le front, sans doute un signe de conquête. D’après Von Lintig (‘A Grasslands Beaded Leopard’ inTribal Arts Magazine, n.72, 2014, p. 111 et 114), plus qu’une simple association avec le léopard, ce motif symbolise la capacité du roi à se transformer grâce à la sorcellerie en un léopard qui rodait la nuit parmi ses sujets. D’après Feinboy N’Ketted (interviewé par Harter en 1977), les atwonzen étaient suspendus au cou du chef, « attachés par une lanière en cuir de bison ou par une corde en tissu wukari et pendant qu’ils les tenaient dans leur main, ils se balançaient de gauche à droite en agitant ainsi les cauris retenus dans leurs cheveux ».
Evoquant toujours des crânes d’ennemis, elles étaient sculptées dans une seule pièce de bois, recouverte de tissus et ornées de perles. Chaque exemplaire était une interprétation unique. La virtuosité artistique réside ici dans l’expression des traits et dans un équilibre délicat entre représentation du mouvement et abstraction.
Selon la généalogie des « têtes Kemtemelo », ces têtes perlées seraient apparues à la fin du XVIIème / début du XIXème siècle (Roi et sculpteurs de l'ouest du Cameroun "La panthère et la mygal" par Louis Perrois et Jean Paul Notué, 1997, p. 156; Harter, P., op. cit. p. 157). Cette idée se confirme ici par la qualité de ces perles anciennes fabriquées dans du verre opaque aux tons vert clair et jaune chromé. De par leur ancienneté, on peut supposer que ces têtes coexistaient avec de vrais crânes perlés et qu’elles ne seraient donc pas liées à une évolution de cette pratique, comme l’observa Harter dans Foto et Fontem parmi les Bangwa de l’ouest. (L’une était décorée avec un motif en cocarde qui se répétait sur les tempes et les pommettes). Les cauris provenaient de l’Océan Indien et les perles de Vienne et de Bohème, des marchandises exotiques et extrêmement prestigieuses.
Hautement symboliques, ces têtes perlées, ou de véritables crânes ennemis, étaient portées par le chef lors des cérémonies ainsi que durant certaines danses guerrières, comme les tso ou nzen. Ils étaient recouverts du symbole royal, un motif de diamant apposé sur le front, sans doute un signe de conquête. D’après Von Lintig (‘A Grasslands Beaded Leopard’ inTribal Arts Magazine, n.72, 2014, p. 111 et 114), plus qu’une simple association avec le léopard, ce motif symbolise la capacité du roi à se transformer grâce à la sorcellerie en un léopard qui rodait la nuit parmi ses sujets. D’après Feinboy N’Ketted (interviewé par Harter en 1977), les atwonzen étaient suspendus au cou du chef, « attachés par une lanière en cuir de bison ou par une corde en tissu wukari et pendant qu’ils les tenaient dans leur main, ils se balançaient de gauche à droite en agitant ainsi les cauris retenus dans leurs cheveux ».