POULIE BAOULE / SENOUFO
Baule/senufo heddle pulley
POULIE BAOULE / SENOUFO
Baule/senufo heddle pulley
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Les poulies de métier à tisser de Côte d’Ivoire ont depuis longtemps été l’objet de collection. Ainsi d’après le site raai.library.edu, formidable base de données regroupant les publications les plus anciennes traitant de l’art africain, les premières poulies auraient été publiées en 1905 par Oldman, célèbre marchand-collectionneur ayant édité des catalogues illustrés destinés à sa clientèle de 1903 à 1913. Comme le souligne Goy (2005), les premiers amateurs d’art africain s’intéressaient à la grande statuaire sans pourtant délaisser les « petits » objets. Le catalogue de l’exposition de 1923 au Pavillon de Marsan contient en effet une planche reproduisant quatre magnifiques poulies de la collection Felix Fénéon. De nombreuses expositions postérieures comporteront également des « bobines de tissage » : à l’image des expositions de la galerie du théâtre Pigalle de 1930, de la Galerie Lefevre à Londres en 1933, ou encore d’African Negro Art à New York en 1935. Parmi les célèbres collections de poulies citons celles de Paul Guillaume (Drouot, 9 novembre 1965), de Felix Fénéon (Drouot, 11 et 13 juin 1947), de Harold Rome (voir Rome, H., Selections from the African Heddle Pulley Collection of Harold Rome, Allentown, 1971), de Madeleine Rousseau (Drouot, Paris, 23 mai 1962) de Geneviève Rodier (Drouot, 31 mai 1972), du Procureur Général Victor Liotard (Loudmer, Paris, 2 juillet 1987), et de Hubert Goldet (Ricqlès, 30 juin et 1er juillet 2001). La collection de poulie de Pierre et Claude Vérité s’inscrit dans la lignée de ces collections de référence. Les douze poulies présentées ici font partie des plus beaux exemplaires de cette collection dispersée en 2006. Le métier à tisser était horizontal et permettait de faire des bandes de tissu d’une dizaine de centimètres de largeur. Les poulies utilisées par les tisserands servaient à soulever les fils de chaîne à l’aide de deux cadres de bois. La position de ces cadres était alternée à l’aide de pédales. Les bandes de tissu étaient ensuite assemblées pour former de plus grands formats (Bastin, 1984, p.176). Alors que le filage était réservé aux femmes, le tissage était un métier d’homme. Le métier à tisser était installé à l’extérieur afin que le public puisse exprimer son avis sur la qualité du travail réalisé. N’ayant qu’à priori un rôle utilitaire, les poulies de Côte d’Ivoire sont pourtant célèbres pour leur plastique. Il semblerait pourtant que les poulies figuratives ne portent aucun sens religieux. La raison de leur présence s’est probablement perdue avec le temps et que seule est restée la volonté de «décorer» son métier à tisser. D’après Alain-Michel Boyer (1993), la sculpture des poulies pourrait être interpréter comme un « exutoire pour l’imagination » rejetant ainsi toute notion d’une signification magique ou rituelle. Figurant une tête humaine ou animale, un oiseau mythique, un masque vénéré ou une statuette de plein pied, l’incroyable richesse iconographique des bobines et leur qualité sculpturale expliquent l’engouement des amateurs d’art depuis le tout début du XXème. Par leur élégance et leur sophistication, les poulies gouro et baoulé font partie des pièces les plus recherchées.
POULIE BAOULE / SENOUFO Baule/senufo heddle pulley

CÔTE D'IVOIRE

Details
POULIE BAOULE / SENOUFO
Baule/senufo heddle pulley
Côte d'Ivoire
Hauteur: 19 cm. (7 ½ in.)
Provenance
Pierre et Claude Vérité, Paris
Enchères Rive Gauche, Collection Vérité, 17 et 18 juin 2006, lot 96
Collection privée
Literature
Fagg, W., Elisofon, E., La sculpture Africaine, Paris, 1958, p.100, fig.125

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Lot Essay

L’étrier est relativement sobre puisque formé par trois formes quadrangulaires, la partie supérieure étant gravée d’élégantes lignes parallèles. Se détachant de cette structure épurée, un couple d’oiseau, certainement des calaos, sont représentés face à face. Contrairement à l’étrier, les formes sont pleines et douces. La tendresse se dégageant de l’ensemble est accentuée par la forme de leurs becs se rejoignant. D’après la croyance sénoufo, le calao, au même titre que le caméléon, la tortue, le serpent et le crocodile, est l’une des cinq premières créatures vivantes. Ces animaux sont fréquemment représentés dans l’iconographie sénoufo.
D’une grande puissance plastique, l’iconographie de cette poulie semble unique.

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