Lot Essay
Exécuté avec une impressionnante économie de moyens, Fillette est un délicat portrait par Pablo Picasso représentant la fille du premier propriétaire de ce dessin, Anne Boncenne. Il constitue l’aboutissement de deux autres études de la petite fille réalisées par l’artiste (Zervos, vol. XXX, nos. 345 et 347). Avant de portraiturer l’enfant de plain-pied, Picasso a d’abord esquissé
son visage à plusieurs reprises sur une feuille et l’a représentée assise sur une autre. Adoptant une pose plus formelle et réalisée de façon plus détaillée, Fillette illustre le rendu final du sujet par Picasso. Dans toute sa simplicité, le dessin capture
néanmoins cette curiosité hésitante qui saisit parfois les jeunes enfants face à un adulte inconnu, suspendant un instant leur mouvement perpetuel. Avec un air sérieux et le bras à moitié replié, la fillette semble avoir interrompu ses pensées, peutêtre
afin de considérer la présence de l’artiste face à elle. Trois ans plus tard, Picasso explore cette même idée avec le célèbre portrait de son fils Paulo, dans lequel le petit garçon est représenté dans un état similaire d’observation candide. Les formes rondes et linéaires employées par Picasso dans Fillette sont cohérentes avec le style classique et monumental adopté par l’artiste au début des années 1920. Dans ses peintures, Picasso introduit en effet des silhouettes colossales, dotées de profils nets et de corps sculpturaux : l’antithèse de son vocabulaire cubiste radical, fracturé et fragmenté. Cette esthétique trouve son écho dans les dessins de Picasso, avec un style précis et graphique que lui inspire le grand maître français Ingres. Une des expressions les plus remarquables de ce style se retrouve dans une série de portraits d’intellectuels, amis et connaissances de l’artiste, que Picasso exécute en 1922 : André Derain, Pierre-Auguste Renoir et Igor Stravinsky, entre autres. Avec une grande sagacité et précision, ces portraits sont exécutés quelques mois seulement après Fillette. Constituant un sujet plus attachant et spontané, Fillette affiche un style similaire, moins retenu, offrant un pendant plus dynamique à l’immobilité autoritaire de ces portraits à la rigueur méticuleuse. Cette même année, la naissance du premier fils de Picasso lui inspire une célèbre série de portraits le représentant parfois avec sa mère, Olga, caractérisés par la même tendresse et la fascination qui émanent de Fillette.
Executed with an impressive economy of means, Fillette is a delicate portrait by Pablo Picasso depicting the young daughter of its first owner, Anne Boncenne. The drawing marks the culmination of two other studies the artist executed of the same small girl (Zervos, vol. XXX, nos. 345 and 347). Before portraying the child in full length, Picasso sketched her face multiple times on a single sheet and on another depicted her seated. Adopting a more formal pose and executed in more detail, Fillette illustrates Picasso’s final rendition
of the subject. In all its simplicity, the drawing nevertheless captures that hesitating curiosity that sometimes seizes small children in front of an unknown adult, halting for a moment their relentless movement. With a serious look and an arm halfwithdrawn,
the small girl seems to have paused in her wondering, perhaps to consider the presence of the artist himself in front of her. Three years later, Picasso explored a similar idea in the famous portrait of his son Paulo, in which the small boy is portrayed caught in a similar state of candid scrutiny. The round and linear forms employed by Picasso in Fillette are consistent with the classical and monumental style the artist had adopted in the early 1920s. In his paintings, Picasso had indeed introduced colossal figures, endowed with clear profiles and sculptural bodies. This aesthetic was reflected, in Picasso’s drawings by a precise, singleline graphic style of ‘Ingresian’ inspiration. One of the most remarkable expressions of this style is found in a series of portraits of several of his
friends and acquaintances that Picasso executed in 1922: André Derain, Pierre-Auguste Renoir and Igor Stravinsky among others. Of great acumen and precision, those portraits were executed only a few months following Fillette. Depicting a more endearing and spontaneous subject, Fillette displays a similar, yet less restrained graphic style, offering a more vibrant counterpart to those portraits’ authoritative stillness and meticulous rigour. During the same year, the birth of Picasso’s first son Paulo inspired him to undertake a celebrated series of portraits, where he is sometimes depicted with his mother Olga, and which share the same sense of terderness and fascination seen in Fillette.
son visage à plusieurs reprises sur une feuille et l’a représentée assise sur une autre. Adoptant une pose plus formelle et réalisée de façon plus détaillée, Fillette illustre le rendu final du sujet par Picasso. Dans toute sa simplicité, le dessin capture
néanmoins cette curiosité hésitante qui saisit parfois les jeunes enfants face à un adulte inconnu, suspendant un instant leur mouvement perpetuel. Avec un air sérieux et le bras à moitié replié, la fillette semble avoir interrompu ses pensées, peutêtre
afin de considérer la présence de l’artiste face à elle. Trois ans plus tard, Picasso explore cette même idée avec le célèbre portrait de son fils Paulo, dans lequel le petit garçon est représenté dans un état similaire d’observation candide. Les formes rondes et linéaires employées par Picasso dans Fillette sont cohérentes avec le style classique et monumental adopté par l’artiste au début des années 1920. Dans ses peintures, Picasso introduit en effet des silhouettes colossales, dotées de profils nets et de corps sculpturaux : l’antithèse de son vocabulaire cubiste radical, fracturé et fragmenté. Cette esthétique trouve son écho dans les dessins de Picasso, avec un style précis et graphique que lui inspire le grand maître français Ingres. Une des expressions les plus remarquables de ce style se retrouve dans une série de portraits d’intellectuels, amis et connaissances de l’artiste, que Picasso exécute en 1922 : André Derain, Pierre-Auguste Renoir et Igor Stravinsky, entre autres. Avec une grande sagacité et précision, ces portraits sont exécutés quelques mois seulement après Fillette. Constituant un sujet plus attachant et spontané, Fillette affiche un style similaire, moins retenu, offrant un pendant plus dynamique à l’immobilité autoritaire de ces portraits à la rigueur méticuleuse. Cette même année, la naissance du premier fils de Picasso lui inspire une célèbre série de portraits le représentant parfois avec sa mère, Olga, caractérisés par la même tendresse et la fascination qui émanent de Fillette.
Executed with an impressive economy of means, Fillette is a delicate portrait by Pablo Picasso depicting the young daughter of its first owner, Anne Boncenne. The drawing marks the culmination of two other studies the artist executed of the same small girl (Zervos, vol. XXX, nos. 345 and 347). Before portraying the child in full length, Picasso sketched her face multiple times on a single sheet and on another depicted her seated. Adopting a more formal pose and executed in more detail, Fillette illustrates Picasso’s final rendition
of the subject. In all its simplicity, the drawing nevertheless captures that hesitating curiosity that sometimes seizes small children in front of an unknown adult, halting for a moment their relentless movement. With a serious look and an arm halfwithdrawn,
the small girl seems to have paused in her wondering, perhaps to consider the presence of the artist himself in front of her. Three years later, Picasso explored a similar idea in the famous portrait of his son Paulo, in which the small boy is portrayed caught in a similar state of candid scrutiny. The round and linear forms employed by Picasso in Fillette are consistent with the classical and monumental style the artist had adopted in the early 1920s. In his paintings, Picasso had indeed introduced colossal figures, endowed with clear profiles and sculptural bodies. This aesthetic was reflected, in Picasso’s drawings by a precise, singleline graphic style of ‘Ingresian’ inspiration. One of the most remarkable expressions of this style is found in a series of portraits of several of his
friends and acquaintances that Picasso executed in 1922: André Derain, Pierre-Auguste Renoir and Igor Stravinsky among others. Of great acumen and precision, those portraits were executed only a few months following Fillette. Depicting a more endearing and spontaneous subject, Fillette displays a similar, yet less restrained graphic style, offering a more vibrant counterpart to those portraits’ authoritative stillness and meticulous rigour. During the same year, the birth of Picasso’s first son Paulo inspired him to undertake a celebrated series of portraits, where he is sometimes depicted with his mother Olga, and which share the same sense of terderness and fascination seen in Fillette.