Lot Essay
Un dimanche à Deauville représente l’un des sujets de prédilection de Raoul Dufy durant les années 1930 : les vues de mer et les régates de voiliers. Il produit à cette époque de nombreuses scènes de bateaux affrontant le tumulte des vagues, à voiles déployées, ou navigant dans les ports du Havre et de Deauville. Alors que ses contemporains, tels que Picasso, Gleizes et Soutine, retranscrivent l’angoisse de la montée du nazisme en Europe dans des oeuvres plus torturées, Raoul Dufy se démarque en louant la beauté de son pays, et en particulier sa Normandie natale. A travers Un dimanche à Deauville, l’artiste montre ainsi les rites de la grande bourgeoisie française profitant des promenades le long des ports animés, des fêtes nautiques et du spectacle permanent des bateaux de plaisance. Passionné de ces nouveaux sports, il s’amuse à les retranscrire sur la toile, répondant aussi à la demande de son public privilégié. Dans cette composition maîtrisée, l’artiste oppose la verticalité des mâts, les aplats des barques et les courbes dansantes d’un ciel nuageux, attirant ainsi l’oeil sur différentes petites scènes et détails. Cette impression d’effervescence est notamment renforcée par le format allongé de la toile, favorisant une vision panoramique du petit port. Les maisons et les barques esquissées
encerclent par des petites touches dynamiques et joyeuses le bâtiment des Thermes et du Casino de Trouville, incarnation des loisirs de la côte. Le mouvement spontané de l’artiste se retrouve de même dans ses célèbres vagues vibrantes et ses
finitions cloisonnistes noires. L’artiste nous offre ainsi dans Un dimanche à Deauville une palette lumineuse dotée de confettis colorés, et privilégie le bleu – omniprésent - qui lui est cher. Bien que banale dans un paysage maritime, Dufy explique plus en profondeur cette attirance particulière pour cette couleur lors d’un entretien qu’il accorde à Pierre Courthion en 1951 : «Le bleu est la seule couleur qui, à tous ses degrés, conserve sa propre individualité. Prenez le bleu avec ses diverses nuances, de la
plus foncée à la plus claire; ce sera toujours du bleu, alors que le jaune noircit dans les ombres et s’éteint dans les clairs, que le rouge foncé devient brun et que dilué dans le blanc, ce n’est plus du rouge, mais une autre couleur : le rose» (cité in P. Courthion, Raoul Dufy, Genève, 1951, p. 52). Dans cette préférence chromatique, symbole de la nation française, peut-être faut-il voir également l’attachement profond à son pays d’un peintre qui illustrait de grands drapeaux arborés aux fenêtres des rues françaises lors de
sa période fauve et qui, ici, dote son oeuvre d’une petite bannière tricolore.
Un dimanche à Deauville depicts one of Raoul Dufy’s favourite subjects during the 1930s: the joyful and dynamic atmosphere of seascapes and regattas. He produced numerous depictions of boats racing across the tumbling waves, their sails unfurled, or of boats sailing into the harbours of Le Havre or Deauville. While his contemporaries reflected the anxiety of the rise of Nazism in Europe through more tortured works, Raoul Dufy stands out with his depictions of the beauties of his country and especially of Normandy
where he was born. In the present painting, the artist shows the passtimes of the French upper classes, enjoying walks in lively harbours, boating festivals and the permanent distraction of leisure boats. In this masterful composition, the artist opposes the
vertical masts, the solid colours of the rowing boats and the dancing curves of a cloudy sky, guiding the viewer’s eye to small scenes and details. The impression of high-spiritedness is reinforced by the wide format of the canvas, which gives a panoramic view of the small harbour. The sketched houses and rowing boats circle the building of the Trouville Casino and Spa, which embodies the pleasures of the Normandy coast. With small dynamic and cheerful brushstrokes, the artist’s gestural movement is also found in his celebrated vibrant waves and black contours. In Un dimanche à Deauville the artist uses a luminous palette with coloured confetti and a strong sense of Prussian blue – a characteristic choice of the artist. Although commonplace in a seascape, Dufy gives a deeper explanation for his preference for this colour, in an interview with Pierre Courthion in 1951: “Blue is the only colour which keeps its own individuality across the spectrum. Take blue with its different nuances, from the darkest to the lightest; it will always be blue, whereas yellow darkens in shadow and fades out in lighter parts, dark red becomes brown and when diluted with white, it isn’t red any more, but another colour: pink” (cited in P. Courthion, Raoul Dufy, Genève, 1951, p.52). One can see in this preference for blue, also a symbol of France, the deep attachment to his country of a painter who decorated windows in French streets with large flags during his Fauve period, and who adorns this work with a small French tricolour.
encerclent par des petites touches dynamiques et joyeuses le bâtiment des Thermes et du Casino de Trouville, incarnation des loisirs de la côte. Le mouvement spontané de l’artiste se retrouve de même dans ses célèbres vagues vibrantes et ses
finitions cloisonnistes noires. L’artiste nous offre ainsi dans Un dimanche à Deauville une palette lumineuse dotée de confettis colorés, et privilégie le bleu – omniprésent - qui lui est cher. Bien que banale dans un paysage maritime, Dufy explique plus en profondeur cette attirance particulière pour cette couleur lors d’un entretien qu’il accorde à Pierre Courthion en 1951 : «Le bleu est la seule couleur qui, à tous ses degrés, conserve sa propre individualité. Prenez le bleu avec ses diverses nuances, de la
plus foncée à la plus claire; ce sera toujours du bleu, alors que le jaune noircit dans les ombres et s’éteint dans les clairs, que le rouge foncé devient brun et que dilué dans le blanc, ce n’est plus du rouge, mais une autre couleur : le rose» (cité in P. Courthion, Raoul Dufy, Genève, 1951, p. 52). Dans cette préférence chromatique, symbole de la nation française, peut-être faut-il voir également l’attachement profond à son pays d’un peintre qui illustrait de grands drapeaux arborés aux fenêtres des rues françaises lors de
sa période fauve et qui, ici, dote son oeuvre d’une petite bannière tricolore.
Un dimanche à Deauville depicts one of Raoul Dufy’s favourite subjects during the 1930s: the joyful and dynamic atmosphere of seascapes and regattas. He produced numerous depictions of boats racing across the tumbling waves, their sails unfurled, or of boats sailing into the harbours of Le Havre or Deauville. While his contemporaries reflected the anxiety of the rise of Nazism in Europe through more tortured works, Raoul Dufy stands out with his depictions of the beauties of his country and especially of Normandy
where he was born. In the present painting, the artist shows the passtimes of the French upper classes, enjoying walks in lively harbours, boating festivals and the permanent distraction of leisure boats. In this masterful composition, the artist opposes the
vertical masts, the solid colours of the rowing boats and the dancing curves of a cloudy sky, guiding the viewer’s eye to small scenes and details. The impression of high-spiritedness is reinforced by the wide format of the canvas, which gives a panoramic view of the small harbour. The sketched houses and rowing boats circle the building of the Trouville Casino and Spa, which embodies the pleasures of the Normandy coast. With small dynamic and cheerful brushstrokes, the artist’s gestural movement is also found in his celebrated vibrant waves and black contours. In Un dimanche à Deauville the artist uses a luminous palette with coloured confetti and a strong sense of Prussian blue – a characteristic choice of the artist. Although commonplace in a seascape, Dufy gives a deeper explanation for his preference for this colour, in an interview with Pierre Courthion in 1951: “Blue is the only colour which keeps its own individuality across the spectrum. Take blue with its different nuances, from the darkest to the lightest; it will always be blue, whereas yellow darkens in shadow and fades out in lighter parts, dark red becomes brown and when diluted with white, it isn’t red any more, but another colour: pink” (cited in P. Courthion, Raoul Dufy, Genève, 1951, p.52). One can see in this preference for blue, also a symbol of France, the deep attachment to his country of a painter who decorated windows in French streets with large flags during his Fauve period, and who adorns this work with a small French tricolour.