Lot Essay
Cette oeuvre est enregistrée dans les archives de la Fondation Calder, New York, sous le No. A02111.
Suspendu dans l’éther, The red crescent déploie ses formes élégantes sur plus de deux mètres d’envergure. D’un côté, un vaste arrondi blanc, immaculé, virginal ; de l’autre, en contrepoint, une constellation de pétales noirs et jaunes comme ballotés au vent, et ce croissant rouge, élancé, qui donnera son nom à l’œuvre. Entre les deux, une simple barre métallique, rouge elle aussi, comme un pont reliant entre eux ces deux mondes flottants. Accrochées les unes aux autres par un mince fil de fer, imitant les ramifications d’un végétal imaginaire, chacune des feuilles de métal s’animent et tournoient au gré du souffle de l’air qui les entoure, créant une chorégraphie sans cesse renouvelée, d’une hypnotique poésie.
La délicatesse des œuvres de Calder tranche avec l’envergure de l’homme : d’un côté l’allure massive de l’artiste, sa robustesse, sa taille immense ; de l’autre son art aérien, l’élégance et la grâce de ses créations. Un paradoxe dont s’amusait d’ailleurs Fernand Léger « On ne peut pas trouver plus ‘contraste’ que Calder, l’homme de cent kilos, et son œuvre mince, transparente et mobile. C’est quelque chose comme un tronc d’arbre en marche. Il déplace beaucoup d’air, il arrête le vent, il ne passe jamais inaperçu. C’est un élément de la nature qui se balance souriant et curieux. » (Fernand Léger in Calder, catalogue d’exposition, Vence, Fondation Maeght, avril-mai 1969, p. 39).
Conservée dans la même collection privée depuis près de quatre décennies, The red crescent est réalisée en 1969 et donne à voir un artiste au faîte de sa trajectoire artistique, s’adonnant tout entier au plaisir enfantin de créer, de découper des formes et des couleurs dans l’espace et de les regarder bouger. L’idée des mobiles avait surgi chez l’artiste une trentaine d’années plus tôt, à la suite d’une visite qu’il effectuait à l’atelier parisien de Piet Mondrian. Ce fut pour Calder une révélation : « Je suis allé voir Mondrian. J’ai été bouleversé par son atelier, si grand, de toute beauté […] avec ses murs peints en blanc et divisés par des lignes noires et des rectangles de couleur vive, comme ses peintures. C’était très beau, avec une lumière croisée (il y avait des fenêtres sur les deux côtés) et j’ai pensé à ce moment-là : ‘Comme se serait bien si tout cela bougeait.’ » (Myfanwy Evans, The Painter’s Object, Londres, Gerald Howe, 1937, p. 62-67 (traduit de l’américain par Arnauld Pierre), cité in Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Alexander Calder 1898-1976, Paris, 1996, p. 165). C’est ainsi que naissent les premiers mobiles ; et, pour la première fois dans l’histoire de la sculpture, qu’un artiste parvient à créer le mouvement plutôt qu’à le suggérer. Voilà la leçon principale que nous propose Calder. Une leçon délivrée avec une simplicité virtuose et une jubilation enchanteresse.
Suspendu dans l’éther, The red crescent déploie ses formes élégantes sur plus de deux mètres d’envergure. D’un côté, un vaste arrondi blanc, immaculé, virginal ; de l’autre, en contrepoint, une constellation de pétales noirs et jaunes comme ballotés au vent, et ce croissant rouge, élancé, qui donnera son nom à l’œuvre. Entre les deux, une simple barre métallique, rouge elle aussi, comme un pont reliant entre eux ces deux mondes flottants. Accrochées les unes aux autres par un mince fil de fer, imitant les ramifications d’un végétal imaginaire, chacune des feuilles de métal s’animent et tournoient au gré du souffle de l’air qui les entoure, créant une chorégraphie sans cesse renouvelée, d’une hypnotique poésie.
La délicatesse des œuvres de Calder tranche avec l’envergure de l’homme : d’un côté l’allure massive de l’artiste, sa robustesse, sa taille immense ; de l’autre son art aérien, l’élégance et la grâce de ses créations. Un paradoxe dont s’amusait d’ailleurs Fernand Léger « On ne peut pas trouver plus ‘contraste’ que Calder, l’homme de cent kilos, et son œuvre mince, transparente et mobile. C’est quelque chose comme un tronc d’arbre en marche. Il déplace beaucoup d’air, il arrête le vent, il ne passe jamais inaperçu. C’est un élément de la nature qui se balance souriant et curieux. » (Fernand Léger in Calder, catalogue d’exposition, Vence, Fondation Maeght, avril-mai 1969, p. 39).
Conservée dans la même collection privée depuis près de quatre décennies, The red crescent est réalisée en 1969 et donne à voir un artiste au faîte de sa trajectoire artistique, s’adonnant tout entier au plaisir enfantin de créer, de découper des formes et des couleurs dans l’espace et de les regarder bouger. L’idée des mobiles avait surgi chez l’artiste une trentaine d’années plus tôt, à la suite d’une visite qu’il effectuait à l’atelier parisien de Piet Mondrian. Ce fut pour Calder une révélation : « Je suis allé voir Mondrian. J’ai été bouleversé par son atelier, si grand, de toute beauté […] avec ses murs peints en blanc et divisés par des lignes noires et des rectangles de couleur vive, comme ses peintures. C’était très beau, avec une lumière croisée (il y avait des fenêtres sur les deux côtés) et j’ai pensé à ce moment-là : ‘Comme se serait bien si tout cela bougeait.’ » (Myfanwy Evans, The Painter’s Object, Londres, Gerald Howe, 1937, p. 62-67 (traduit de l’américain par Arnauld Pierre), cité in Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Alexander Calder 1898-1976, Paris, 1996, p. 165). C’est ainsi que naissent les premiers mobiles ; et, pour la première fois dans l’histoire de la sculpture, qu’un artiste parvient à créer le mouvement plutôt qu’à le suggérer. Voilà la leçon principale que nous propose Calder. Une leçon délivrée avec une simplicité virtuose et une jubilation enchanteresse.