Lot Essay
Cette oeuvre figurera dans le Catalogue raisonné Vie et Oeuvre de Germaine Richier, actuellement en préparation et dont Françoise Guiter est l'auteur.
En 1952, année où Germaine Richier participe pour la troisième fois consécutive à la Biennale de Venise, confirmant ainsi sa reconnaissance internationale grandissante, l’artiste réalise l’une des sculptures les plus emblématiques de son œuvre : Le Griffu. Corps sec, lignes nerveuses, tension extrême de la posture, abdomen en creux, griffes et visage aux traits zoomorphes - cette étrange bête est le produit d’un étonnant mélange entre le monde des hommes et celui du règne animal. En effet, l’aspect hybride est l’une des expressions essentielles de la sculpture de Richier : ne pouvant plus se contenter de représenter seulement ce qu’elle percevait, elle fait surgir, à partir du Crapaud (1940), des formes qui mêlent l’humain, le végétal et l’animal et qui semblent plus à même de donner à voir l’étrangeté de la vie.
L’origine autobiographique de cet imaginaire hybride a été souvent soulignée et liée aux souvenirs de la campagne de son enfance provençale. Ainsi la créature mythique du Griffu, autrement baptisé Le Diable, s’inspire directement de la Tarasque d’Arles. Le dragon fabuleux, censé tout détruire sur son passage avant d’être dompté par Sainte-Marthe, incarne pour Richier un être hybride par excellence selon sa description folklorique. Elle traite par ailleurs ce thème à deux reprises, la première sculpture de 1946 ayant été détruite.
A l’origine conçu pour être suspendu au plafond, Le Griffu contrebalance sa silhouette nerveuse grâce aux fils tendus depuis les serres d’aigle qui lui servent de doigts. L’œuvre s’insère ainsi dans l’incessante et exigeante quête d’équilibre qui a amené Richier à faire usage de fils de bronze dans plusieurs de ses réalisations. Elle les introduit ainsi pour la première fois – et tout naturellement - dans L’Araignée I (1946), à la fois en tant que matérialisation des lignes de force et et réseau structurant la figure ; et ils deviennent alors rapidement emblématiques de sa personnalité artistique. Ainsi, malgré la position instable et le déhanchement accentué du Griffu, les lignes captent avec vivacité l’espace et le géométrisent, délimitant un vide dans un volume virtuel. Les fils de bronze, qui jouent un rôle constructif dans plusieurs des sculptures de Richier, évoqueraient également dans ce cas précis les liens qui réduisent le monstre à l’impuissance, toujours en référence au mythe de la Tarasque d’Arles.
Chez Richier, la technique s’exhibe, et cela n’est qu’un signe supplémentaire de sa modernité. L’artiste inclassable, seule élève particulière de Bourdelle, détourne la tradition académique qu’elle maîtrise parfaitement en multipliant les inventions techniques et en trouvant un équivalent à l’assemblage de Rodin ou des Surréalistes dans sa recherche de formes hybrides. L’art rompt ici avec les conventions; l’être humain en métamorphose est renvoyé à ses origines. S'arrêtant sur le caractère singulier de son œuvre, Richier soulignait-elle d'ailleurs : « Mes personnages sont des êtres à part. A part, indépendante, telle doit être pour moi la sculpture. »
En 1952, année où Germaine Richier participe pour la troisième fois consécutive à la Biennale de Venise, confirmant ainsi sa reconnaissance internationale grandissante, l’artiste réalise l’une des sculptures les plus emblématiques de son œuvre : Le Griffu. Corps sec, lignes nerveuses, tension extrême de la posture, abdomen en creux, griffes et visage aux traits zoomorphes - cette étrange bête est le produit d’un étonnant mélange entre le monde des hommes et celui du règne animal. En effet, l’aspect hybride est l’une des expressions essentielles de la sculpture de Richier : ne pouvant plus se contenter de représenter seulement ce qu’elle percevait, elle fait surgir, à partir du Crapaud (1940), des formes qui mêlent l’humain, le végétal et l’animal et qui semblent plus à même de donner à voir l’étrangeté de la vie.
L’origine autobiographique de cet imaginaire hybride a été souvent soulignée et liée aux souvenirs de la campagne de son enfance provençale. Ainsi la créature mythique du Griffu, autrement baptisé Le Diable, s’inspire directement de la Tarasque d’Arles. Le dragon fabuleux, censé tout détruire sur son passage avant d’être dompté par Sainte-Marthe, incarne pour Richier un être hybride par excellence selon sa description folklorique. Elle traite par ailleurs ce thème à deux reprises, la première sculpture de 1946 ayant été détruite.
A l’origine conçu pour être suspendu au plafond, Le Griffu contrebalance sa silhouette nerveuse grâce aux fils tendus depuis les serres d’aigle qui lui servent de doigts. L’œuvre s’insère ainsi dans l’incessante et exigeante quête d’équilibre qui a amené Richier à faire usage de fils de bronze dans plusieurs de ses réalisations. Elle les introduit ainsi pour la première fois – et tout naturellement - dans L’Araignée I (1946), à la fois en tant que matérialisation des lignes de force et et réseau structurant la figure ; et ils deviennent alors rapidement emblématiques de sa personnalité artistique. Ainsi, malgré la position instable et le déhanchement accentué du Griffu, les lignes captent avec vivacité l’espace et le géométrisent, délimitant un vide dans un volume virtuel. Les fils de bronze, qui jouent un rôle constructif dans plusieurs des sculptures de Richier, évoqueraient également dans ce cas précis les liens qui réduisent le monstre à l’impuissance, toujours en référence au mythe de la Tarasque d’Arles.
Chez Richier, la technique s’exhibe, et cela n’est qu’un signe supplémentaire de sa modernité. L’artiste inclassable, seule élève particulière de Bourdelle, détourne la tradition académique qu’elle maîtrise parfaitement en multipliant les inventions techniques et en trouvant un équivalent à l’assemblage de Rodin ou des Surréalistes dans sa recherche de formes hybrides. L’art rompt ici avec les conventions; l’être humain en métamorphose est renvoyé à ses origines. S'arrêtant sur le caractère singulier de son œuvre, Richier soulignait-elle d'ailleurs : « Mes personnages sont des êtres à part. A part, indépendante, telle doit être pour moi la sculpture. »