Lot Essay
Cette œuvre sera incluse au catalogue raisonné de l’œuvre de Van Rysselberghe actuellement en préparation par Pascal de Sadeleer et Olivier Bertrand.
Gilles Genty, historien de l’art, février 2016
Situé à Bormes-les-Mimosas, le Cap Bénat fait face aux îles d’Hyères et du Levant que l’on voit justement se découper ici en silhouette à l’arrière plan. Théo Van Rysselberghe arpente depuis de nombreuses années, en compagnie de son ami le peintre Henri-Edmond Cross, la côte entre Cavalaire, Le Lavandou et le Cap Bénat. A la mort de Cross en 1910, il se fera construire une maison à Saint-Clair, sans cesser de représenter les lieux de ses anciennes villégiatures heureuses. Il en rapporte de nombreuses vues dont la technique témoigne du processus de création ; à l’exemple de Signac, il commence à travailler sur le motif et note ses impressions les plus immédiates par une série de petites touches dont la volumétrie, bien visible sur notre tableau, accroche idéalement la lumière. Les papiers forts qu’il utilise, mieux à même d’absorber la matière picturale, seront ensuite aisément transportés par le peintre. De retour à l’atelier, il élaborera de grandes compositions à la destination souvent décorative. Certaines huiles furent par la suite maroufées sur toile (la nôtre), d’autres sur bois, comme Pin au bord de la mer ou Le Cap Bénat (1915) (Gand, musée des Beaux-Arts), très proche de notre tableau.
Comme dans cette dernière version, Van Rysselberghe adopte ici un point de vue plongeant, détachant ainsi nettement le pin sur un fond de mer clair. Si cette mise en page évoque celles des estampes japonaises, qu’affectionnait également Cross, elle permet aussi un magnifque efet de contrejour ; l’oeil du spectateur glisse sans accroc depuis les bleus et les violets profonds, vers les blancs rompus de rose, d’une clarté intense, fruit d’un soleil dont on ne voit que les effets. Ce second néo-impressionnisme des années 1905-15, aux touches plus larges et à la gamme de tons plus harmonique, impressionnera beaucoup le Nabi Georges Lacombe qui travailla à Cavalière aux côtés de Van Rysselberghe.
Cap Bénat is located in Bormes-les-Mimosas, opposite the Hyères and Levant islands we can see outlined in the background of the present work. For many years Théo Van Rysselberghe and his friend the painter Henri-Edmond Cross travelled along the coast between Cavalaire, Le Lavandou and Cap Bénat. After Cross died in 1910, Van Rysselberghe had a house built in Saint-Clair in order that he continued working on depicting the places where he had been happy in the past. He produced many views in a technique that reveals his creative process; like Signac, he started to work from nature and noted his most direct impressions in a series of small strokes with a volume that ideally catches the light, as can be easily seen in Cap Bénat, pin sur la côte. The strong sheets he used, best suited to absorbing paint, could easily be transported by the painter. Back in his atelier, he created large compositions, often for decorative purposes. Some oils were then mounted on canvas (as is the case for ours), others on wood, like Pin au bord de la mer or Le Cap Bénat (1915) (Ghent, Museum of Fine Arts), which closely resembles to our painting. As in this last version, Van Rysselberghe adopted a higher point of view outlining the pine more strongly against the background of the sea. If this layout recalls those of Japanes prints that Cross also liked, it also creates a magnifcent backlit effect; the eye of the spectator moves seamlessly from the deep blues and purples, to the intensely clear whites touched with pink, the effect of an unseen sun. The second phase of Neo-Impressionism dated 1905-15 is typifed by the use of broader strokes and a more harmonic scale of tones. It would greatly impress the Nabi painter Georges Lacombe who worked in Cavalière alongside Van Rysselberghe.
Gilles Genty, historien de l’art, février 2016
Situé à Bormes-les-Mimosas, le Cap Bénat fait face aux îles d’Hyères et du Levant que l’on voit justement se découper ici en silhouette à l’arrière plan. Théo Van Rysselberghe arpente depuis de nombreuses années, en compagnie de son ami le peintre Henri-Edmond Cross, la côte entre Cavalaire, Le Lavandou et le Cap Bénat. A la mort de Cross en 1910, il se fera construire une maison à Saint-Clair, sans cesser de représenter les lieux de ses anciennes villégiatures heureuses. Il en rapporte de nombreuses vues dont la technique témoigne du processus de création ; à l’exemple de Signac, il commence à travailler sur le motif et note ses impressions les plus immédiates par une série de petites touches dont la volumétrie, bien visible sur notre tableau, accroche idéalement la lumière. Les papiers forts qu’il utilise, mieux à même d’absorber la matière picturale, seront ensuite aisément transportés par le peintre. De retour à l’atelier, il élaborera de grandes compositions à la destination souvent décorative. Certaines huiles furent par la suite maroufées sur toile (la nôtre), d’autres sur bois, comme Pin au bord de la mer ou Le Cap Bénat (1915) (Gand, musée des Beaux-Arts), très proche de notre tableau.
Comme dans cette dernière version, Van Rysselberghe adopte ici un point de vue plongeant, détachant ainsi nettement le pin sur un fond de mer clair. Si cette mise en page évoque celles des estampes japonaises, qu’affectionnait également Cross, elle permet aussi un magnifque efet de contrejour ; l’oeil du spectateur glisse sans accroc depuis les bleus et les violets profonds, vers les blancs rompus de rose, d’une clarté intense, fruit d’un soleil dont on ne voit que les effets. Ce second néo-impressionnisme des années 1905-15, aux touches plus larges et à la gamme de tons plus harmonique, impressionnera beaucoup le Nabi Georges Lacombe qui travailla à Cavalière aux côtés de Van Rysselberghe.
Cap Bénat is located in Bormes-les-Mimosas, opposite the Hyères and Levant islands we can see outlined in the background of the present work. For many years Théo Van Rysselberghe and his friend the painter Henri-Edmond Cross travelled along the coast between Cavalaire, Le Lavandou and Cap Bénat. After Cross died in 1910, Van Rysselberghe had a house built in Saint-Clair in order that he continued working on depicting the places where he had been happy in the past. He produced many views in a technique that reveals his creative process; like Signac, he started to work from nature and noted his most direct impressions in a series of small strokes with a volume that ideally catches the light, as can be easily seen in Cap Bénat, pin sur la côte. The strong sheets he used, best suited to absorbing paint, could easily be transported by the painter. Back in his atelier, he created large compositions, often for decorative purposes. Some oils were then mounted on canvas (as is the case for ours), others on wood, like Pin au bord de la mer or Le Cap Bénat (1915) (Ghent, Museum of Fine Arts), which closely resembles to our painting. As in this last version, Van Rysselberghe adopted a higher point of view outlining the pine more strongly against the background of the sea. If this layout recalls those of Japanes prints that Cross also liked, it also creates a magnifcent backlit effect; the eye of the spectator moves seamlessly from the deep blues and purples, to the intensely clear whites touched with pink, the effect of an unseen sun. The second phase of Neo-Impressionism dated 1905-15 is typifed by the use of broader strokes and a more harmonic scale of tones. It would greatly impress the Nabi painter Georges Lacombe who worked in Cavalière alongside Van Rysselberghe.