Lot Essay
Nicolas et Olivier Descharnes ont confirmé l'authenticité de cette œuvre.
L' allégorie de l’âme, alliant la qualité d’exécution la plus extrême au rafinement intellectuel qui fit de Salvador Dalí l’un des artistes
les plus subversifs du XXe siècle, témoigne de son attachement à une certaine dualité. A la fois profondément mystique, dérangeante,
époustoufante de beauté et méticuleusement détaillée, l’image proposée par la maître surréaliste éveille chez le spectateur des émotions résolument ambivalentes. Si elle représente la métamorphose du papillon sortant de sa chrysalide, elle cherche aussi à montrer la dématérialisation d’une sensation physique. Le titre, inscrit par l’artiste sous l’image, confrme que cette duplicité est intimement liée à la nature de l’âme humaine.
Sainte Thérèse d’Avilá, figure espagnole majeure du catholicisme à laquelle fait également référence l’annotation de Dalí, fut canonisée pour sa réforme de l’ordre des Carmélites. Elle révolutionna notamment l’enseignement théologique par son ouvrage Le Château intérieur, décrivant en sept étapes le cheminement spirituel du chrétien jusqu'à l'union mystique. L’envol du papillon de Dalí illustre sans aucun doute la dernière phase, dites des épousailles, au cours de laquelle la conscience physique s’évanouit et l’âme s’élève vers l’union divine.
Le mystique est omniprésent dans l’oeuvre du peintre catalan après la guerre. En rupture ouverte avec les préoccupations psychiques et psychanalytiques du surréalisme, il se penche sur les thèmes de la mythologie, de la théologie et des sciences, afirmant que, pour lui, le physicien Heisenberg a désormais remplacé Freud (Anti-Matter Manifesto, catalogue d’exposition, Carstairs Gallery, New York, 1958, p. 247). Malgré ce nouveau contexte, il s’interesse toujours en premier lieu au caractère changeant de la vie, mis en regard des croyances passées ou contemporaines. A l’époque où L’allégorie de l’âme est exécuté, Dalí se fascine pour les progrès de la science en matière de nucléaire, et réalise une série de tableaux où le sujet est représenté fragementé, comme en arrêt sur image au cours d’une explosion (fig.1). La présente oeuvre trouve quant à elle son origine dans des sources plus mythologiques, et vise à mettre en lumière les mécanismes intellectuels fondamenteux qui régissent l’avenir et les désirs de l’Homme, sous forme d’allégorie.
Explorant plusieurs concepts, et abordant à la fois les thèmes du mysticisme, de la spiritualité et de la mythologie, le présent dessin est également un véritable tour de force technique. Les détails minutieux des éléments de collage de la chrysalide et du papillon ofrent un superbe contrepoint au dégradé délicat du torse et du paysage. L’allégorie de l’âme illustre ainsi à la perfection les propos tenus par Dalí dans son Manifeste Mystique : «En mil neuf cente cinquante et un les choses les plus subversives qui peuvent arriver à un ex-surréaliste sont deux: première, devenir mystique et seconde, savoir dessiner: ces deux formes de vigueur viennent de m’arriver ensemble et en même temps à moi [sic]» (cité in D. Ades, Salvador Dalí, Paris, 2004, p. 563).
At once mystical, disturbing, meticulously intimate and beautiful, L’Allégorie de l’âme possesses the combination of supreme technical
accomplishment and the intellectual complexity which made Salvador Dalí one of the most original artistic minds of the twentieth century. The image is characteristic of Dalí’s proclivity for double imagery; here we see the moment of metamorphosis of the chrysalis into butterfy, but it is also a vision of the transformation of physical sensation into immaterial consciousness. The title, inscribed by the artist below the image, confrms that the double meaning relates to the nature of the human soul. Saint Teresa of Ávila, the inspiration for this allegory according to the artist’s inscription, played an important historical role defning the function of the soul. A prominent Spanish Catholic mystic canonized for her work in reforming the Carmelite order, her outstanding contribution to theological teaching was her definition of the seven stages of the ascent of the soul. Dalí’s image of the unleashed butterfy draws a direct parallel to the Saint’s fourth chapter, the Devotion of Ecstasy, whereby the consciousness of being in the body disappears, to be replaced by an ecstatic fight upward towards a union with God. Such overtly mystical subject matter typifed Dalí’s post-war creativity. Proclaiming a defnitive break from the surrealist preoccupations with psychology and psychoanalysis, Dalí shifted his interests to the world of mythology, theology and the realm of science, claiming that his previous ‘father’ Freud had been replaced by the physicist Dr. Heisenberg. (Salvador Dalí, Anti-Matter Manifesto, Carstairs Gallery, New York, December 1958 – January 1959, p. 247.). In his new direction for painting, Dalí’s interest continued to center on the depiction of the discontinuous nature of life, which he would explore in relation to a range of historic or current beliefs systems. Around the same time of his execution of L’Allégorie de l’âme, Dalí developed a fascination with prevailing scientifc advances into nuclear physics which would lead to a celebrated series of works where the subject was depicted exploding into its component fragmented parts (fg. 1). L’Allegorie de l’âme, in contrast, takes its lead from the mythological spectrum, and endeavors, as minds of the past had done, to illustrate the intellectual processes which govern human destiny and desires through visual allegory.
As well as possessing Dalí’s characteristic complex layering of concepts, drawing on these various sources and themes of mysticism, spirituality and mythology, the present work is also quite simply a tour de force of technical drawing. The exquisite intricate detail of the collaged elements of the chrysalis and the butterfy perfectly balance the beautifully worked tonal gradations of the bust and landscape beyond. As such, L’Allégorie de l’âme embodies the artist’s own statement made the year the present drawing was executed: ‘In nineteen fifty one the most subversive things which can happen to an ex-surrealist aretwofold : frstly, become a mystic and secondly, know how to draw: these two things have just both happened to me at the same time’ (S. Dalí, Manifeste Mystique, quoted in D. Ades, Salvador Dalí, Paris, 2004, p. 563).
L' allégorie de l’âme, alliant la qualité d’exécution la plus extrême au rafinement intellectuel qui fit de Salvador Dalí l’un des artistes
les plus subversifs du XXe siècle, témoigne de son attachement à une certaine dualité. A la fois profondément mystique, dérangeante,
époustoufante de beauté et méticuleusement détaillée, l’image proposée par la maître surréaliste éveille chez le spectateur des émotions résolument ambivalentes. Si elle représente la métamorphose du papillon sortant de sa chrysalide, elle cherche aussi à montrer la dématérialisation d’une sensation physique. Le titre, inscrit par l’artiste sous l’image, confrme que cette duplicité est intimement liée à la nature de l’âme humaine.
Sainte Thérèse d’Avilá, figure espagnole majeure du catholicisme à laquelle fait également référence l’annotation de Dalí, fut canonisée pour sa réforme de l’ordre des Carmélites. Elle révolutionna notamment l’enseignement théologique par son ouvrage Le Château intérieur, décrivant en sept étapes le cheminement spirituel du chrétien jusqu'à l'union mystique. L’envol du papillon de Dalí illustre sans aucun doute la dernière phase, dites des épousailles, au cours de laquelle la conscience physique s’évanouit et l’âme s’élève vers l’union divine.
Le mystique est omniprésent dans l’oeuvre du peintre catalan après la guerre. En rupture ouverte avec les préoccupations psychiques et psychanalytiques du surréalisme, il se penche sur les thèmes de la mythologie, de la théologie et des sciences, afirmant que, pour lui, le physicien Heisenberg a désormais remplacé Freud (Anti-Matter Manifesto, catalogue d’exposition, Carstairs Gallery, New York, 1958, p. 247). Malgré ce nouveau contexte, il s’interesse toujours en premier lieu au caractère changeant de la vie, mis en regard des croyances passées ou contemporaines. A l’époque où L’allégorie de l’âme est exécuté, Dalí se fascine pour les progrès de la science en matière de nucléaire, et réalise une série de tableaux où le sujet est représenté fragementé, comme en arrêt sur image au cours d’une explosion (fig.1). La présente oeuvre trouve quant à elle son origine dans des sources plus mythologiques, et vise à mettre en lumière les mécanismes intellectuels fondamenteux qui régissent l’avenir et les désirs de l’Homme, sous forme d’allégorie.
Explorant plusieurs concepts, et abordant à la fois les thèmes du mysticisme, de la spiritualité et de la mythologie, le présent dessin est également un véritable tour de force technique. Les détails minutieux des éléments de collage de la chrysalide et du papillon ofrent un superbe contrepoint au dégradé délicat du torse et du paysage. L’allégorie de l’âme illustre ainsi à la perfection les propos tenus par Dalí dans son Manifeste Mystique : «En mil neuf cente cinquante et un les choses les plus subversives qui peuvent arriver à un ex-surréaliste sont deux: première, devenir mystique et seconde, savoir dessiner: ces deux formes de vigueur viennent de m’arriver ensemble et en même temps à moi [sic]» (cité in D. Ades, Salvador Dalí, Paris, 2004, p. 563).
At once mystical, disturbing, meticulously intimate and beautiful, L’Allégorie de l’âme possesses the combination of supreme technical
accomplishment and the intellectual complexity which made Salvador Dalí one of the most original artistic minds of the twentieth century. The image is characteristic of Dalí’s proclivity for double imagery; here we see the moment of metamorphosis of the chrysalis into butterfy, but it is also a vision of the transformation of physical sensation into immaterial consciousness. The title, inscribed by the artist below the image, confrms that the double meaning relates to the nature of the human soul. Saint Teresa of Ávila, the inspiration for this allegory according to the artist’s inscription, played an important historical role defning the function of the soul. A prominent Spanish Catholic mystic canonized for her work in reforming the Carmelite order, her outstanding contribution to theological teaching was her definition of the seven stages of the ascent of the soul. Dalí’s image of the unleashed butterfy draws a direct parallel to the Saint’s fourth chapter, the Devotion of Ecstasy, whereby the consciousness of being in the body disappears, to be replaced by an ecstatic fight upward towards a union with God. Such overtly mystical subject matter typifed Dalí’s post-war creativity. Proclaiming a defnitive break from the surrealist preoccupations with psychology and psychoanalysis, Dalí shifted his interests to the world of mythology, theology and the realm of science, claiming that his previous ‘father’ Freud had been replaced by the physicist Dr. Heisenberg. (Salvador Dalí, Anti-Matter Manifesto, Carstairs Gallery, New York, December 1958 – January 1959, p. 247.). In his new direction for painting, Dalí’s interest continued to center on the depiction of the discontinuous nature of life, which he would explore in relation to a range of historic or current beliefs systems. Around the same time of his execution of L’Allégorie de l’âme, Dalí developed a fascination with prevailing scientifc advances into nuclear physics which would lead to a celebrated series of works where the subject was depicted exploding into its component fragmented parts (fg. 1). L’Allegorie de l’âme, in contrast, takes its lead from the mythological spectrum, and endeavors, as minds of the past had done, to illustrate the intellectual processes which govern human destiny and desires through visual allegory.
As well as possessing Dalí’s characteristic complex layering of concepts, drawing on these various sources and themes of mysticism, spirituality and mythology, the present work is also quite simply a tour de force of technical drawing. The exquisite intricate detail of the collaged elements of the chrysalis and the butterfy perfectly balance the beautifully worked tonal gradations of the bust and landscape beyond. As such, L’Allégorie de l’âme embodies the artist’s own statement made the year the present drawing was executed: ‘In nineteen fifty one the most subversive things which can happen to an ex-surrealist aretwofold : frstly, become a mystic and secondly, know how to draw: these two things have just both happened to me at the same time’ (S. Dalí, Manifeste Mystique, quoted in D. Ades, Salvador Dalí, Paris, 2004, p. 563).