Lot Essay
En janvier 1913, Francis Picabia se rend à New York pour l’Armory Show où il expose quatre oeuvres, aux côtés de son ami Marcel Duchamp et des autres grands noms de l’avant-garde. Cette exposition aura un grand succès et provoquera aussi quelques scandales, indignations et moqueries de la part des journalistes les plus conservateurs. Néanmoins pour de nombreux artistes européens, l’Armory Show de 1913 marque le début de leur reconnaissance outre-Atlantique. Picabia y fait la rencontre d’Alfred Stieglitz, photographe et propriétaire de la galerie 291, qui l’introduit dans les cercles intellectuels et artistiques new-yorkais. Ce contexte stimulant entrainera chez lui une poussée créatrice et il se lance alors dans la réalisation d’une série d’aquarelles. Ces oeuvres, riches en allusions à la ville, ses gratte-ciels, le jazz, son mouvement perpétuel, seront exposées chez Stieglitz en mars-avril 1913.
Mechanical expression seen through our own mechanical expression exécuté à New York au même moment, ne fut pas exposé chez Stieglitz, mais est néanmoins une oeuvre radicale que l’on pourrait qualifier de prémonitoire aux célèbres «portraits-mécaniques» que l’artiste réalisera à partir de 1915 (fig. 2). En effet, nous voyons, entourés de ce qui pourrait être des gratte-ciels, le nom de l’actrice et danseuse Stacia Napierkowska. Rencontrée sur le transatlantique qui les mène à New York, elle marque Picabia et sera une source d’inspiration pour de nombreuses oeuvres en 1913 et 1914 (fig. 1). Son nom (sans le «a») est lié au mot «New York» à l’intérieur de ce qui serait, un radiomètre de Crookes. Cet appareil qui fut inventé par William Crookes en 1873 sert à mesurer les radiations magnétiques. Avec sa capacité de montrer ce qui n’est pas visible, il est, tout comme les rayons X, source de fascination pour Picabia. L’interprétation de notre oeuvre n’est pas aisée mais Willard Bohn (in The Art Bulletin, vol. 67, No. 4, décembre 1985, p. 673-677) suggère une explication intéressante. Picabia y comparerait les mouvements et l’énergie déployés par Napierkowska dans seschorégraphies aux ailettes du radiomètre qui se meuvent lorsqu’exposées aux rayons lumineux. Le radiomètre est ici représenté ouvert, ce qui est contraire à son principe de fonctionnement, car pour que les ailettes tournent il faut que le radiomètre soit clos et sous-vide. Ceci serait une allusion au spectacle et sa «danse des abeilles» donné par Napierkowska au Palace à New York et interdit par la police en mars 1913 car jugés indécents. Cet évènement a donc amené Picabia à réaliser son premier portrait «mécanomorphe» et à utiliser des découvertes scientifiques pour justifier l’abstraction en art.
Lorsque Tristan Tzara lance son ambitieux projet du Dadaglobe, sorte d’anthologie du mouvement Dada, dont la publication était prévue en 1921, Picabia choisit Mechanical expression seen through our own mechanical expression, pour y figurer. Ceci témoigne de l’importance que cette oeuvre avait aux yeux de l’artiste.
Nous remercions le Dr. Adrian Sudhalter pour sa participation à la rédaction de cette notice.
In January 1913, Francis Picabia went to New York for the Armory Show where he exhibited four of his works alongside his friend Marcel Duchamp and other leading avant-garde artists.The show was a huge success, but it also provoked scandals, indignation and mockery from the most conservative journalists. Nevertheless, for numerous European artists, the 1913 Armory Show marked the beginning of their transatlantic recognition. During his stay, Picabia met Alfred Stieglitz, a photographer and owner of Gallery 291, who introduced him to the New York intellectual and artistic scenes. This stimulating environment gave him a creative boost, and quickly led to him painting a series of watercolours. These works, full of allusions to the city, its skyscrapers, its jazz, its non-stop movement, were exhibited at Stieglitz’s gallery in March and April 1913.
Picabia’s Mechanical Expression Seen Through Our Own Mechanical Expression was also executed in New York at the same time, but was not exhibited by Stieglitz. Nevertheless, it is a radical work, and foreshadowed the famous “mechanical portraits” that he started to produce in 1915 (fig. 2). Here we can see, surrounded by what might be skyscrapers, the name of the actress and dancer Stacia Napierkowska, whom he met on the voyage to New York; she was to become a source of inspiration for many of the works he created in 1913 and 1914 (fig. 1). Her name (without the “a”)is linked to the words “New York” inside what seems to be a Crookes radiometer. This device, invented by William Crookes in 1873, measures electromagnetic radiation intensity and, just like the discovery of x-rays, with their capacity to show what is not visible, fascinated Picabia. It is not an easy artwork to interpret, but Willard Bohn (in The Art Bulletin, vol. 67, No. 4, December 1985, p. 673-677) puts forward an interesting explanation. He suggests that Picabia might be comparing the movement and energy used by Napierkowska in her dancing to the vanes of the radiometer, which move when exposed to light. Here, the radiometer is represented open – in contrast to its working principle, because, for the vanes to turn, the radiometer has to be closed and airtight. This might be an allusion to Napierkowska’s show and her “Dance of the Bee” at the Palace in New York, which was deemed indecent and banned by the police in March 1913. This event has inspired Picabia’s first “ mechanomorphic” portrait and his use of scientific discoveries to justify abstract art.
When tristan Tzara initiated his ambitious Dadaglobe project, a sort of anthology of the Dada movement, which was to be published in 1921, Picabia chose Mechanical expression seen through our own mechanical expression, to be part of it. This suggest that for Picabia it held a special status as exemplary of his Dada production.
We would like to thank Dr. Adrian Sudhalter for helping us in the editing of this text.
Mechanical expression seen through our own mechanical expression exécuté à New York au même moment, ne fut pas exposé chez Stieglitz, mais est néanmoins une oeuvre radicale que l’on pourrait qualifier de prémonitoire aux célèbres «portraits-mécaniques» que l’artiste réalisera à partir de 1915 (fig. 2). En effet, nous voyons, entourés de ce qui pourrait être des gratte-ciels, le nom de l’actrice et danseuse Stacia Napierkowska. Rencontrée sur le transatlantique qui les mène à New York, elle marque Picabia et sera une source d’inspiration pour de nombreuses oeuvres en 1913 et 1914 (fig. 1). Son nom (sans le «a») est lié au mot «New York» à l’intérieur de ce qui serait, un radiomètre de Crookes. Cet appareil qui fut inventé par William Crookes en 1873 sert à mesurer les radiations magnétiques. Avec sa capacité de montrer ce qui n’est pas visible, il est, tout comme les rayons X, source de fascination pour Picabia. L’interprétation de notre oeuvre n’est pas aisée mais Willard Bohn (in The Art Bulletin, vol. 67, No. 4, décembre 1985, p. 673-677) suggère une explication intéressante. Picabia y comparerait les mouvements et l’énergie déployés par Napierkowska dans seschorégraphies aux ailettes du radiomètre qui se meuvent lorsqu’exposées aux rayons lumineux. Le radiomètre est ici représenté ouvert, ce qui est contraire à son principe de fonctionnement, car pour que les ailettes tournent il faut que le radiomètre soit clos et sous-vide. Ceci serait une allusion au spectacle et sa «danse des abeilles» donné par Napierkowska au Palace à New York et interdit par la police en mars 1913 car jugés indécents. Cet évènement a donc amené Picabia à réaliser son premier portrait «mécanomorphe» et à utiliser des découvertes scientifiques pour justifier l’abstraction en art.
Lorsque Tristan Tzara lance son ambitieux projet du Dadaglobe, sorte d’anthologie du mouvement Dada, dont la publication était prévue en 1921, Picabia choisit Mechanical expression seen through our own mechanical expression, pour y figurer. Ceci témoigne de l’importance que cette oeuvre avait aux yeux de l’artiste.
Nous remercions le Dr. Adrian Sudhalter pour sa participation à la rédaction de cette notice.
In January 1913, Francis Picabia went to New York for the Armory Show where he exhibited four of his works alongside his friend Marcel Duchamp and other leading avant-garde artists.The show was a huge success, but it also provoked scandals, indignation and mockery from the most conservative journalists. Nevertheless, for numerous European artists, the 1913 Armory Show marked the beginning of their transatlantic recognition. During his stay, Picabia met Alfred Stieglitz, a photographer and owner of Gallery 291, who introduced him to the New York intellectual and artistic scenes. This stimulating environment gave him a creative boost, and quickly led to him painting a series of watercolours. These works, full of allusions to the city, its skyscrapers, its jazz, its non-stop movement, were exhibited at Stieglitz’s gallery in March and April 1913.
Picabia’s Mechanical Expression Seen Through Our Own Mechanical Expression was also executed in New York at the same time, but was not exhibited by Stieglitz. Nevertheless, it is a radical work, and foreshadowed the famous “mechanical portraits” that he started to produce in 1915 (fig. 2). Here we can see, surrounded by what might be skyscrapers, the name of the actress and dancer Stacia Napierkowska, whom he met on the voyage to New York; she was to become a source of inspiration for many of the works he created in 1913 and 1914 (fig. 1). Her name (without the “a”)is linked to the words “New York” inside what seems to be a Crookes radiometer. This device, invented by William Crookes in 1873, measures electromagnetic radiation intensity and, just like the discovery of x-rays, with their capacity to show what is not visible, fascinated Picabia. It is not an easy artwork to interpret, but Willard Bohn (in The Art Bulletin, vol. 67, No. 4, December 1985, p. 673-677) puts forward an interesting explanation. He suggests that Picabia might be comparing the movement and energy used by Napierkowska in her dancing to the vanes of the radiometer, which move when exposed to light. Here, the radiometer is represented open – in contrast to its working principle, because, for the vanes to turn, the radiometer has to be closed and airtight. This might be an allusion to Napierkowska’s show and her “Dance of the Bee” at the Palace in New York, which was deemed indecent and banned by the police in March 1913. This event has inspired Picabia’s first “ mechanomorphic” portrait and his use of scientific discoveries to justify abstract art.
When tristan Tzara initiated his ambitious Dadaglobe project, a sort of anthology of the Dada movement, which was to be published in 1921, Picabia chose Mechanical expression seen through our own mechanical expression, to be part of it. This suggest that for Picabia it held a special status as exemplary of his Dada production.
We would like to thank Dr. Adrian Sudhalter for helping us in the editing of this text.