JUAN MUÑOZ (1953-2001)
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the … Read more
JUAN MUÑOZ (1953-2001)

Walking with a pointing stick

Details
JUAN MUÑOZ (1953-2001)
Walking with a pointing stick
signé, numéroté et porte le cachet du fondeur 'JUAN MUNOZ 1/2 Schmake Düsseldorf' (à l'arrière de la jambe gauche)
bronze à la patine grise
145 x 140 x 55.4 cm. (57 1/8 x 55 1/8 x 21 ¾ in.)
Réalisée en 2001, cette oeuvre est le numéro un d'une édition de deux exemplaires et une épreuve d'artiste.
Provenance
Marian Goodman Gallery, Paris
Acquis auprès de celle-ci en 2008
Special Notice
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent. This item will be transferred to an offsite warehouse after the sale. Please refer to department for information about storage charges and collection details.
Further Details
'WALKING WITH A POINTING STICK'; SIGNED, NUMBERED AND WITH THE FOUNDRY MARK ON THE BACK OF THE LEFT LEG; BRONZE WITH GREY PATINA.

Brought to you by

Valentine Legris
Valentine Legris

Lot Essay

L’atmosphère d’aliénation et le silence absolu qui caractérisent l'œuvre de Juan Muñoz sont palpables dans le personnage de Walking with a pointing stick. Alors qu’il tient bizarrement en équilibre sur des jambes sans pieds, il semble rire aux éclats en levant sa canne, comme pour la pointer vers le spectateur. Son attitude tout entière trahit son désir de communiquer, d’entrer de plain-pied dans notre monde. Pourtant, il reste distant, emmailloté dans les vêtements froissés qui l’enveloppent, sans émettre le moindre rire. Il s’agit du monde monochrome de Juan Muñoz, où un lourd silence pèse sur la présence inquiétante de personnes représentant des allégories de communication déficiente et de solitude humaine.
 
Réalisée en 2000, année durant laquelle Muñoz a exposé au Turbine Hall de la Tate Modern à Londres, un an avant sa mort prématurée, Walking with a pointing stick appartient à la série décrite sous le nom de « personnages chinois » commencée au milieu des années 1990. Inspirée d’un buste Art nouveau en céramique d’une tête aux traits asiatiques découvert par Muñoz dans un hôtel, ces sculptures ont toutes la même physionomie; leurs traits et expressions évoquent toujours le rire ou l’émotion. Tout comme Many Time (1999), l’une de ses œuvres les plus célèbres composée de centaines de ces mêmes personnages, Walking with a pointing stick permet à l’observateur de prendre conscience de lui-même. Malgré la jovialité du personnage, qui pourrait initialement nous donner le sourire aux lèvres, l’expression à la fois tendre et figée de ce visage asiatique nous inspire un sentiment d’étrangeté. Muñoz fait ici sans doute allusion à la tradition picturale espagnole consistant à méditer sur les thèmes de l’âge et la vanité de la vie, thèmes particulièrement chers à Francisco Goya, qui a eu une influence déterminante sur lui.
 
Faisait partie d’une avant-garde artistique embrassant le retour à la figuration, Muñoz a acquis une notoriété au milieu des années 1980 grâce à sa méditation exceptionnelle sur la condition humaine, qui révèle l’existentialisme latent propre à ses œuvres. Grand amateur de théâtre et admirateur de Pirandello et Beckett, Muñoz se qualifiait lui-même de « conteur ». Dans Walking with a pointing stick, il nous invite dans un scénario ambigu échafaudé avec soin, jouant sur la distance entre l’œuvre et l’observateur, ce dernier devant se rendre à l’évidence que sa présence n’affecte pas le sens de la sculpture. « Mes personnages se comportent parfois comme des miroirs ternis. Ils sont là pour vous parler de votre aspect, mais n’y arrivent pas, parce qu’ils ne vous permettent pas de vous y contempler » (J. Muñoz in « An Interview with Juan Muñoz by Paul Schimmel», Juan Muñoz, catalogue d’exposition, Washington, Hirschhorn Museum and Sculpture Garden, 2001). Ce rebondissement dans le scénario transforme l’observateur en étranger en présence du personnage qui garde le silence avec un stoïcisme délibéré et qui est connu pour sa propre solitude et son incapacité à interagir. Il se sent littéralement plongé, tant physiquement qu’émotionnellement, dans la réflexion engagée de Juan Muñoz sur le phénomène de l’isolement dans notre société.

The atmosphere of alienation and immutable silence that characterizes Juan Muñoz’s oeuvre is palpable in the figure of a man in Walking with a pointing stick. Standing on his unshod feet in a bizarre equilibrium, he seems to laugh uproariously while he raises his stick as though pointing at the spectator, his entire attitude betraying his desire to communicate, to enter our world. Yet, he remains remote, swathed in crumpled garments, which envelop his body, and there is no sound of laughter. This is Juan Muñoz’s monochrome world, where silence hangs heavy in an uneasy and disquieting presence of people acting as allegories of the failures of communication and human solitude.

Executed in 2000, the year of Muñoz's commission for the Turbine Hall at Tate Modern, and a year before his untimely death, Walking with a pointing stick belongs to the series of so-called 'Chinese figures' he had begun creating in the mid-1990s. Modelled on an Art Nouveau ceramic bust of a head with Asian features that Muñoz discovered in a hotel, all of them have identical physiognomies with similar features and expressions suggesting laughter or emotional engagement. Like in his celebrated work Many Times (1999), comprising of a hundred of these figures, the character of Walking with a pointing stick elicits a sense of self-awareness in the viewer. In spite of its joyful character, which may initially bring smile to lips, the tender yet frozen expression of this monochrome Asian face evokes a feeling of ‘otherness’ to our eyes. Muñoz undoubtedly refers here to the Spanish pictorial tradition of pondering on the themes of age and vanity of life, in particular to Francisco Goya who had a decisive influence on him.

Part of a vanguard of artists who espoused a return the figurative form, Muñoz came to prominence in the mid-1980s with his own unique meditation upon the human condition, revealing a latent existentialism within his work. Grand connoisseur of theater and admirer of Pirandello and Beckett, Muñoz used to describe himself as a ‘story-teller’. With Walking with a pointing stick he engages us in a carefully staged ambiguous scenario that plays on the distance between the work and the viewer, the latter having to face the fact that his presence is not vital in constituting the piece’s meaning. ‘My characters sometimes behave as a mirror that cannot reflect. They are there to tell you something about your looking, but they cannot, because they don't let you see yourself' (J. Muñoz, quoted in P. Schimmel, 'An Interview with Juan Muñoz', Juan Muñoz, exh. cat., Washington, 2001). As a result of this sudden twist of scenario, the viewer turns out to be a stranger in the presence of the figure that guards its silence with studied stoicism and is referred to his own solitude and incapacity to interact. He feels literally plunged, emotionally and physically, into Muñoz's socially charged commentary on loneliness and isolation in our society.

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