JEAN-ETIENNE LIOTARD (GENÈVE 1702- 1789)
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Propriété d'une collection privée
JEAN-ETIENNE LIOTARD (GENÈVE 1702- 1789)

Portrait du philosophe et naturaliste Charles Bonnet

Details
JEAN-ETIENNE LIOTARD (GENÈVE 1702- 1789)
Portrait du philosophe et naturaliste Charles Bonnet
signé avec le monogramme et daté 'J.E.L : 1765' (recto) et avec inscription ‘Bennel Pasteur/ J. E. Liotard’
pierre noire, sanguine et craie blanche (recto) sur une feuille qui a été pliée, le verso teinté de manière sélective de sanguine, pastel noire et rouge, craie orange, filigrane à trois fleurs de lys dans un cercle
24.2 x 38.7 (la feuille entière) ; 24.2 x 19.4 cm. (le recto, plié)
Provenance
Christoph Bernoulli, Bâle, d'où acquis, le 22 mai 1944, par
Dr. Tobias Christ, Bâle, puis par descendance ; Sotheby’s, Londres, 4 juillet 2007, lot 83.
Jean-Luc Baroni, Londres, Catalogue, 2008, n° 27, d'où acquis par le propriétaire actuel.
Literature
P.-E. Schazmann, 'Un dessin inédit de J.-E. Liotard, le Portrait du Pasteur Jacob Bennelle', in Pro Arte, n°45, janvier 1946, reproduit pp. 17-19.
A. de Herdt, Dessins de Liotard, cat. exp., Genève, Musée d'art et d'histoire et Paris, Musée du Louvre, 1992, p. 192, illustré sous le n°105.
M. Roethlisberger, R. Loche, Liotard : Catalogue, sources et correspondance, Doornspijk, 2008, I, n° 582, II, ills. 787-88, p. 676.

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Fiona Braslau
Fiona Braslau

Lot Essay

Le modèle de ce portrait intime est Charles Bonnet (1720-1789), le philosophe genevois et homme de science qui avait un intérêt particulier pour les sciences naturelles et l’évolution des espèces. Philosophe et fin observateur, Bonnet faisait partie d’une élite éclairée de penseurs et de scientifiques et membre de diverses académies européennes. Il a publié de nombreux travaux philosophiques parmi lesquels Méditations sur l’origine des sensations en 1754 (dans lequel il émet l’hypothèse selon laquelle les plantes seraient dotées de sensations et de discernement) et Essai analytique sur les facultés de l’âme en 1780 (voir L. Anderson, Charles Bonnet and the Order of the Known, Dordrecht, Boston et Londres, 1982).

Lorsque ce dessin fut publié pour la première fois par Schazmann en 1946, le modèle était décrit comme Jacob Bennelle (1725-1794), erreur probablement due à la présence d’une ancienne inscription sur le verso (Schazmann, op. cit., pp. 17-19). La bonne identification du modèle revient à Anne de Herdt. Elle a comparé le dessin avec un autre portrait du même modèle conservé à la Bibliothèque Publique et Universitaire de Genève (op. cit., p. 192). Bien que de Herdt ait accepté l’attribution dudit dessin à Liotard, celle-ci a été rejetée par Roethlisberger et Loche qui le considèrent comme une copie d’après le premier dessin (op. cit., sous le n°582). Situé auparavant vers 1760, la découverte du monogramme et de l'année (au centre à droite) permet maintenant de dater le dessin en 1765.

Ce dessin fait partie d’un petit groupe de portraits anonymes montrant une image ‘en négatif’ du modèle au verso. Tout en maintenant le dessin à la lumière, Liotard a tracé les contours de la figure à la craie rouge et a ensuite comblé les espaces à la craie et au pastel. La finesse du papier a permis à la craie et au pastel du verso de venir renforcer et apporter des nuances à l’image du recto. Pour Roethlisberger et Loche ‘la démonstration la plus éloquente apparaît dans le portrait de Charles Bonnet […] (op. cit., p. 676). Étonnamment, la perruque n’est pas dessinée avec de la craie ou du pastel. Roethlisberger et Loche ont émis l’hypothèse que Liotard aurait pu utiliser un liquide blanchissant (probablement des deux côtés) qu’il a ensuite retravaillé à la craie noire.

Cette technique d’image ‘en négatif’ n’était pas inhabituelle pour les miniatures sur ivoire et sur papier. Liotard, qui a commencé comme miniaturiste, a probablement adopté ce procédé pour ensuite le transposer de manière innovante et expérimentale dans ses dessins. Seules quelques feuilles utilisant cette technique sont connues aujourd'hui, beaucoup n'ayant jamais été décadrées ou étant contrecollées sur un support secondaire (pour plus d'informations sur les images ‘en négatif’, voir Roethlisberger et Loche, op. cit., pp. 676-79 et M. Roethlisberger, ‘The Unseen Faces of Jean-Etienne Liotard’s Drawings’, Drawing, XI, 1990, n° 5, pp.97-100).

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