Lot Essay
UN SUJET GALANT
Notre tapisserie faisait probablement partie d’un ensemble de six pièces représentant un épisode issu du thème de la Vie seigneuriale. De celle-ci émane une atmosphère insouciante dans une nature idyllique propre à ce type de sujet souvent profane et consistant à égayer le cadre de vie quotidien d’une clientèle aristocratique et bourgeoise. La disposition des plantes de manière désordonnée, la densité de la couverture du fond sombre, le répertoire botanique reconnaissable ainsi que la présence de silhouettes, sont autant de caractéristiques propres à ce thème. L’origine de ce sujet reste aujourd’hui encore difficile à appréhender et la symbolique de ce thème est complexe. On pourrait notamment rapprocher notre pièce de la Vie seigneuriale de l’Ouïe avec la présence d’un instrument de musique - la flûte - et du perroquet. Ces deux éléments peuvent également faire référence à l’Air.
Notre tapisserie est illustrée dans l’ouvrage de Jacqueline Boccara Âmes de laine et de soie. Elle est alors présentée comme provenant d’ateliers du Val de Loire. Cependant, un doute persiste et, considérant la mobilité des ateliers et la diffusion des modèles, on peut également envisager une production du nord de la France ou des Flandres. Les personnages aux attitudes statiques dans des costumes amples aux plis cassés pourraient en effet indiquer une production flamande du premier quart du XVIème siècle.
Le remploi de ces silhouettes dans d’autres séries voisines y est nombreux et habituel pour ce type de production. Ainsi, nous retrouvons aujourd’hui conservée au musée du Louvre une tapisserie intitulée Le Concert champêtre (inv. OA 7355) dont la composition ainsi que le style sont comparables. Nous retrouvons au Frick Art Museum de Pittsburg ce modèle (inv. 1970.53) appartenant au registre dit de la « courtoisie » où la vie quotidienne est représentée de manière poétique.
LES MILLEFLEURS
C’est entre les années 1450-1460 que les millefleurs font leur apparition, répondant à une demande plus large orientée vers un style beaucoup plus décoratif. Les pièces se composent de personnages représentés sur un fond recouvert de fleurettes et d’animaux suivant des schémas iconographiques ou formels plus ou moins recherchés. Le rôle de ces décors muraux était de mettre en valeur les figures empruntées à des sources diverses. Le recours au cadre végétal est constant dans l’art de la tapisserie médiévale prenant une part toujours plus grande dans les compositions et notamment dans le cadre d’une production en série. L’un des premiers exemples entièrement pensés sous cette forme est sans doute la tapisserie aux millefleurs conçue pour Philippe Le Bon à Bruxelles en 1466 et aujourd’hui exposée au musée historique de Berne. Ce type de tapisserie restera populaire jusqu’au milieu du XVIème siècle. La grande diversité de leur qualité, la courte période de production ainsi que la quantité de pièces aujourd’hui connues indiquent que de nombreux ateliers ont produit ce type de modèles.
Dans un style comparable à notre présent lot, est aujourd’hui conservé au musée de Cluny (inv. Cl. 2178 à 2183) un ensemble de six tapisseries à fond de millefleurs animé d’oiseaux dépeignant la vie en plein air d’une élite aristocratique ainsi que de leurs serviteurs. Les scènes galantes représentent des activités telles que la broderie, le bain, la promenade ou la lecture.
Notre tapisserie faisait probablement partie d’un ensemble de six pièces représentant un épisode issu du thème de la Vie seigneuriale. De celle-ci émane une atmosphère insouciante dans une nature idyllique propre à ce type de sujet souvent profane et consistant à égayer le cadre de vie quotidien d’une clientèle aristocratique et bourgeoise. La disposition des plantes de manière désordonnée, la densité de la couverture du fond sombre, le répertoire botanique reconnaissable ainsi que la présence de silhouettes, sont autant de caractéristiques propres à ce thème. L’origine de ce sujet reste aujourd’hui encore difficile à appréhender et la symbolique de ce thème est complexe. On pourrait notamment rapprocher notre pièce de la Vie seigneuriale de l’Ouïe avec la présence d’un instrument de musique - la flûte - et du perroquet. Ces deux éléments peuvent également faire référence à l’Air.
Notre tapisserie est illustrée dans l’ouvrage de Jacqueline Boccara Âmes de laine et de soie. Elle est alors présentée comme provenant d’ateliers du Val de Loire. Cependant, un doute persiste et, considérant la mobilité des ateliers et la diffusion des modèles, on peut également envisager une production du nord de la France ou des Flandres. Les personnages aux attitudes statiques dans des costumes amples aux plis cassés pourraient en effet indiquer une production flamande du premier quart du XVIème siècle.
Le remploi de ces silhouettes dans d’autres séries voisines y est nombreux et habituel pour ce type de production. Ainsi, nous retrouvons aujourd’hui conservée au musée du Louvre une tapisserie intitulée Le Concert champêtre (inv. OA 7355) dont la composition ainsi que le style sont comparables. Nous retrouvons au Frick Art Museum de Pittsburg ce modèle (inv. 1970.53) appartenant au registre dit de la « courtoisie » où la vie quotidienne est représentée de manière poétique.
LES MILLEFLEURS
C’est entre les années 1450-1460 que les millefleurs font leur apparition, répondant à une demande plus large orientée vers un style beaucoup plus décoratif. Les pièces se composent de personnages représentés sur un fond recouvert de fleurettes et d’animaux suivant des schémas iconographiques ou formels plus ou moins recherchés. Le rôle de ces décors muraux était de mettre en valeur les figures empruntées à des sources diverses. Le recours au cadre végétal est constant dans l’art de la tapisserie médiévale prenant une part toujours plus grande dans les compositions et notamment dans le cadre d’une production en série. L’un des premiers exemples entièrement pensés sous cette forme est sans doute la tapisserie aux millefleurs conçue pour Philippe Le Bon à Bruxelles en 1466 et aujourd’hui exposée au musée historique de Berne. Ce type de tapisserie restera populaire jusqu’au milieu du XVIème siècle. La grande diversité de leur qualité, la courte période de production ainsi que la quantité de pièces aujourd’hui connues indiquent que de nombreux ateliers ont produit ce type de modèles.
Dans un style comparable à notre présent lot, est aujourd’hui conservé au musée de Cluny (inv. Cl. 2178 à 2183) un ensemble de six tapisseries à fond de millefleurs animé d’oiseaux dépeignant la vie en plein air d’une élite aristocratique ainsi que de leurs serviteurs. Les scènes galantes représentent des activités telles que la broderie, le bain, la promenade ou la lecture.