Lot Essay
Alors que son prédécesseur Antonio Canaletto avait représenté Venise "cristallisée dans sa beauté et sa grandeur", Francesco Guardi "misa, d'emblée, sur l'effet atmosphérique" ; durant ses années de maturité, "Guardi sublima les exigences du rococo ; il atteignit une liberté de génie et d'imagination qui se manifeste dans sa formulation des espaces, de plus en plus illusoires, dans sa luminosité, tantôt argentée, tantôt plutôt chaude, et dans sa touche de plus en plus synthétique, vibrante et rapide" (B. A. Kowalczyk, Canaletto-Guardi, les deux maîtres de Venise, cat. expo., Paris, musée Jacquemart-André, 2012-2013, pp. 34-36).
La place Saint-Marc vue depuis san Gimignano –église détruite au XIXe siècle- fut l’un des sujets favoris de Francesco Guardi. Morassi (op. cit.) ne liste pas moins de vingt-huit variantes de cette merveilleuse représentation, qui sont autant d’occasions pour lui d’étudier les effets lumineux et atmosphériques, mais aussi la vie parfois trépidante de ce lieu qui constituait déjà le cœur de la ville : citadins et leurs paniers, fonctionnaires en manteaux rouges, promeneurs nonchalants, enfants et mendiants s’y côtoient. Les femmes élégantes en crinolines et chapeaux à plumes présentes sur d'autres vues, prises l'après-midi, n'ont pas encore fait leur apparition sur la place. Les ombres et les lumières, particulièrement subtiles dans la projection des cheminées des Procuratie Nuove sur la place ainsi que dans le dialogue des deux chiens, au centre, soulignent le calme de cette matinée printanière. Des rehauts de bleu, rouge et jaune, que l’on retrouve tant dans les habits des marcheurs que sur les mosaïques de la basilique et dans les voilages des fenêtres, ont sans doute été ajoutés par Guardi simultanément à la fin de son travail et rythment la composition.
Cette vue, qui peut être stylistiquement rapprochée d’une autre conservée à la National Gallery de Londres, faisait jadis partie d’une série de quatre œuvres avec une Vue du Rialto (jadis San Diego, Timken Museum of Art), une Vue de la Salute avec la pointe de la Dogana (Paris, collection privée), un Bassin de Saint-Marc avec San Giorgio Maggiore et la Salute (id). Morassi considère notre tableau d’un niveau très élevé ("di altissimo livello") et le date de la maturité du peintre, vers 1770-80.
Les collectionneurs français les plus importants découvrirent Guardi dès la seconde moitié du XIXe siècle. Ses vedute furent prisées tant par Moïse de Camondo que Calouste Gulbenkian ou le baron de Beurnonville. Ce goût ne s'est pas démenti, comme en témoigne notre Vue de la place Saint-Marc avec la basilique et le campanile acquise par la famille des propriétaires actuels au milieu des années 1970, fleuron d'une collection constituée avec goût et passion.
La place Saint-Marc vue depuis san Gimignano –église détruite au XIXe siècle- fut l’un des sujets favoris de Francesco Guardi. Morassi (op. cit.) ne liste pas moins de vingt-huit variantes de cette merveilleuse représentation, qui sont autant d’occasions pour lui d’étudier les effets lumineux et atmosphériques, mais aussi la vie parfois trépidante de ce lieu qui constituait déjà le cœur de la ville : citadins et leurs paniers, fonctionnaires en manteaux rouges, promeneurs nonchalants, enfants et mendiants s’y côtoient. Les femmes élégantes en crinolines et chapeaux à plumes présentes sur d'autres vues, prises l'après-midi, n'ont pas encore fait leur apparition sur la place. Les ombres et les lumières, particulièrement subtiles dans la projection des cheminées des Procuratie Nuove sur la place ainsi que dans le dialogue des deux chiens, au centre, soulignent le calme de cette matinée printanière. Des rehauts de bleu, rouge et jaune, que l’on retrouve tant dans les habits des marcheurs que sur les mosaïques de la basilique et dans les voilages des fenêtres, ont sans doute été ajoutés par Guardi simultanément à la fin de son travail et rythment la composition.
Cette vue, qui peut être stylistiquement rapprochée d’une autre conservée à la National Gallery de Londres, faisait jadis partie d’une série de quatre œuvres avec une Vue du Rialto (jadis San Diego, Timken Museum of Art), une Vue de la Salute avec la pointe de la Dogana (Paris, collection privée), un Bassin de Saint-Marc avec San Giorgio Maggiore et la Salute (id). Morassi considère notre tableau d’un niveau très élevé ("di altissimo livello") et le date de la maturité du peintre, vers 1770-80.
Les collectionneurs français les plus importants découvrirent Guardi dès la seconde moitié du XIXe siècle. Ses vedute furent prisées tant par Moïse de Camondo que Calouste Gulbenkian ou le baron de Beurnonville. Ce goût ne s'est pas démenti, comme en témoigne notre Vue de la place Saint-Marc avec la basilique et le campanile acquise par la famille des propriétaires actuels au milieu des années 1970, fleuron d'une collection constituée avec goût et passion.