Lot Essay
Giovanni Maria Butteri fut l’élève d’Agnolo Bronzino (1503-1572) avec lequel il collabora, entre autres, sur les décorations exécutées pour le mariage de Francesco I de Medici avec Jeanne d’Autriche en 1565 puis à la réalisation du Studiolo de Francesco, en 1570-1573. Il travailla également avec l’élève le plus célèbre de Bronzino, Alessandro Allori (1535-1607) dans les décennies 1570-1580.
Ce portrait est un exemple caractéristique des œuvres exécutées par Butteri dans lesquelles se reflètent le style de Bronzino et Allori. Le modèle y est habillé à la mode de l’époque, avec une robe verte sur le corset et les manches de laquelle d’étroites bandes de velours créent un motif en « V ». Le col exagérément rehaussé et plongeant sur le devant était particulièrement populaire dans les années 1570 et 1580. Il est constitué de deux couches de tissu, l’un de la couleur de la robe, l’autre en soie ornée d’une broderie de dentelle blanche à glands, peinte de façon particulièrement exquise.
La jeune femme ne porte pas de boucle d’oreille, mais un diadème de perle dans les cheveux, ainsi qu’un collier alternant perles et billes d’or ajourées qui contenaient probablement du parfum. La richesse de cet ensemble indique une origine sociale élevée du modèle, mais le fait qu’elle ne porte qu’un rang de collier au lieu de plusieurs empêche d’y voir un membre de la famille Médicis. Elle est plutôt représentée de manière moins ostentatoire, à la mode des femmes d’esprit de l’époque comme Vittoria Colonna ou Laura Battiferri.
Cette idée se confirme par la présence du médaillon inscrit qu'elle présente au spectateur. Alors que la phrase exacte n'a pas encore été identifiée dans la poésie du Cinquecento, l'allusion au "cammino" rappelle la Divine Comédie de Dante. Des phrases telles que "questa humana spoglia" et "al ciel salio" se retrouvent dans la poésie de Tommaso Baldinotti de Pistoia et Luigi Alammani. L'image qui figure dans le médaillon illustre le concept du chemin de vertu juste mais difficile (le "cammino" ou la route à suivre). La déesse de la sagesse, Minerve, ayant posé sa lance brisée, indique le sentier montagneux escarpé à ce qui semble être une âme. Deux figures similaires sont visibles à mi-hauteur de la montagne. Le chemin escarpé pourrait également symboliser la quête de l'inspiration poétique, puisque des ruisseaux semblent couler dans la montagne. Celle-ci serait donc le Mont Hélicon.
Le visage de la jeune fille est particulièrement proche de celui de la Madeleine dans la Déposition de croix avec des saints peinte par Butteri en 1583. Elles partagent une même disposition des yeux, légèrement rapprochés, une petite bouche sensuelle et un nez droit. D’autres détails, comme le traitement des étoffes des manches du modèle, sont à rapprocher d’éléments du linceul du Christ.
Nous remercions le Professeur Elizabeth Pilliod pour l'attribution de cette œuvre après examen photographique et pour son aide à la rédaction de cette notice.
Le dos du panneau présente de nombreuses étiquettes anciennes rapportant l’œuvre à la Galerie de Florence et – au-delà – à la famille Médicis, dont on retrouve les armes au sein du blason du Grand Duché de Toscane, figurant au centre. Le modèle y est identifié soit comme Paolina de Médicis, soit comme Catherine de Médicis jeune.
Nous remercions le Professeur Elizabeth Pilliod pour les informations transmises ci-dessous / We are grateful to Dr. Elizabeth Pilliod for the information below :
'Giovanni Maria Butteri was a pupil of Agnolo Bronzino (1503-72). Vasari states that he worked on the team supervised by Bronzino for making the decorated arches for the wedding festivities of Francesco I de’ Medici with Giovanna d’Austria in 1565. He contributed two pictures to the Studiolo of Francesco in 1570-73. Butteri collaborated with Bronzino’s star pupil, Alessandro Allori (1535-1607) throughout the 1570s and 1580s.
The present work is a characteristic example of Butteri’s portraits, which were based in style on those of both Bronzino and Allori. This is reflected in the previous attributions of the portrait to those artists. Butteri's sitter is dressed in the fashion of the era, with a bluish dress over a slightly green under gown, which is visible through the stylish slashes of the over garment. Narrow velvet bands sewn on the sleeves and bodice create the "V" patterning of the lines of the dress. At the top of the shoulder are bits of puffy white fabric that are pulled though the outer garment (these exaggerated shoulder decorations are called "baragoni"). The collar is the fashionably high ruff with a deep plunge at the front which was popular in the 1570s and 80s. Only a tiny glimpse is given of gold-embroidered fabric on her bosom. The collar consists of two layers, of which the outer one is part of the bluish dress, while the inner one is yellow, and decorated with embroidery and minute white tassels that are exquisitely painted.
She wears no earrings, but has a pearl diadem and net in her hair. The sitter is wearing a necklace of alternating pearls and pierced gold balls which most probably held a perfumed paste. The richness of the Lady's dress and jewelry establishes her as a member of the elites, but the fact that she does not wear multiple necklaces rules out any identification with a member of the Medici family. Instead she seems to be painted in the mode reserved for intellectual women such as Vittoria Colonna or Laura Battiferri. She is expensively attired but does not display the enormous jewels worn to signal power.
That is suggested as well by the inscribed medallion she presents to the viewer. While the exact phrase has yet to be identified in the poetry of the Cinquecento, the allusion to the "cammino" recalls Dante's Divine Comedy. Phrases such as "questa humana spoglia" and "al ciel salio" can be found in the poetry of Tommaso Baldinotti of Pistoia, and Luigi Alammani, respectively. The image in the medallion illustrates the concept of the righteous but difficult path of virtue ( the "cammino" or road one should follow). The goddess of wisdom, Minerva, having laid down her broken lance, points out the steep mountainous path to what appears to be a soul. Two similar figures are visible halfway up the mountain. The steep path may also be the quest for poetic inspiration, as rivulets of water appear to flow down the mountain. Thus the location could be Helicon.
The face of the sitter corresponds closely to that of the Magdalene in Butteri's Deposition with Saints of 1583. The women share characteristics such as having their eyes set slightly close together, a short, pouty mouth, straight nose, and similar hairlines. Details, such as the soft-focus with which the white tufts of fabric of the baragoni are painted, and the delicacy of the tassels at the end of Christ's shroud, are very similar'.
We are grateful to Dr. Elizabeth Pilliod for confirming the attribution on the basis of photographs and for her assistance in cataloguing this lot.
Ce portrait est un exemple caractéristique des œuvres exécutées par Butteri dans lesquelles se reflètent le style de Bronzino et Allori. Le modèle y est habillé à la mode de l’époque, avec une robe verte sur le corset et les manches de laquelle d’étroites bandes de velours créent un motif en « V ». Le col exagérément rehaussé et plongeant sur le devant était particulièrement populaire dans les années 1570 et 1580. Il est constitué de deux couches de tissu, l’un de la couleur de la robe, l’autre en soie ornée d’une broderie de dentelle blanche à glands, peinte de façon particulièrement exquise.
La jeune femme ne porte pas de boucle d’oreille, mais un diadème de perle dans les cheveux, ainsi qu’un collier alternant perles et billes d’or ajourées qui contenaient probablement du parfum. La richesse de cet ensemble indique une origine sociale élevée du modèle, mais le fait qu’elle ne porte qu’un rang de collier au lieu de plusieurs empêche d’y voir un membre de la famille Médicis. Elle est plutôt représentée de manière moins ostentatoire, à la mode des femmes d’esprit de l’époque comme Vittoria Colonna ou Laura Battiferri.
Cette idée se confirme par la présence du médaillon inscrit qu'elle présente au spectateur. Alors que la phrase exacte n'a pas encore été identifiée dans la poésie du Cinquecento, l'allusion au "cammino" rappelle la Divine Comédie de Dante. Des phrases telles que "questa humana spoglia" et "al ciel salio" se retrouvent dans la poésie de Tommaso Baldinotti de Pistoia et Luigi Alammani. L'image qui figure dans le médaillon illustre le concept du chemin de vertu juste mais difficile (le "cammino" ou la route à suivre). La déesse de la sagesse, Minerve, ayant posé sa lance brisée, indique le sentier montagneux escarpé à ce qui semble être une âme. Deux figures similaires sont visibles à mi-hauteur de la montagne. Le chemin escarpé pourrait également symboliser la quête de l'inspiration poétique, puisque des ruisseaux semblent couler dans la montagne. Celle-ci serait donc le Mont Hélicon.
Le visage de la jeune fille est particulièrement proche de celui de la Madeleine dans la Déposition de croix avec des saints peinte par Butteri en 1583. Elles partagent une même disposition des yeux, légèrement rapprochés, une petite bouche sensuelle et un nez droit. D’autres détails, comme le traitement des étoffes des manches du modèle, sont à rapprocher d’éléments du linceul du Christ.
Nous remercions le Professeur Elizabeth Pilliod pour l'attribution de cette œuvre après examen photographique et pour son aide à la rédaction de cette notice.
Le dos du panneau présente de nombreuses étiquettes anciennes rapportant l’œuvre à la Galerie de Florence et – au-delà – à la famille Médicis, dont on retrouve les armes au sein du blason du Grand Duché de Toscane, figurant au centre. Le modèle y est identifié soit comme Paolina de Médicis, soit comme Catherine de Médicis jeune.
Nous remercions le Professeur Elizabeth Pilliod pour les informations transmises ci-dessous / We are grateful to Dr. Elizabeth Pilliod for the information below :
'Giovanni Maria Butteri was a pupil of Agnolo Bronzino (1503-72). Vasari states that he worked on the team supervised by Bronzino for making the decorated arches for the wedding festivities of Francesco I de’ Medici with Giovanna d’Austria in 1565. He contributed two pictures to the Studiolo of Francesco in 1570-73. Butteri collaborated with Bronzino’s star pupil, Alessandro Allori (1535-1607) throughout the 1570s and 1580s.
The present work is a characteristic example of Butteri’s portraits, which were based in style on those of both Bronzino and Allori. This is reflected in the previous attributions of the portrait to those artists. Butteri's sitter is dressed in the fashion of the era, with a bluish dress over a slightly green under gown, which is visible through the stylish slashes of the over garment. Narrow velvet bands sewn on the sleeves and bodice create the "V" patterning of the lines of the dress. At the top of the shoulder are bits of puffy white fabric that are pulled though the outer garment (these exaggerated shoulder decorations are called "baragoni"). The collar is the fashionably high ruff with a deep plunge at the front which was popular in the 1570s and 80s. Only a tiny glimpse is given of gold-embroidered fabric on her bosom. The collar consists of two layers, of which the outer one is part of the bluish dress, while the inner one is yellow, and decorated with embroidery and minute white tassels that are exquisitely painted.
She wears no earrings, but has a pearl diadem and net in her hair. The sitter is wearing a necklace of alternating pearls and pierced gold balls which most probably held a perfumed paste. The richness of the Lady's dress and jewelry establishes her as a member of the elites, but the fact that she does not wear multiple necklaces rules out any identification with a member of the Medici family. Instead she seems to be painted in the mode reserved for intellectual women such as Vittoria Colonna or Laura Battiferri. She is expensively attired but does not display the enormous jewels worn to signal power.
That is suggested as well by the inscribed medallion she presents to the viewer. While the exact phrase has yet to be identified in the poetry of the Cinquecento, the allusion to the "cammino" recalls Dante's Divine Comedy. Phrases such as "questa humana spoglia" and "al ciel salio" can be found in the poetry of Tommaso Baldinotti of Pistoia, and Luigi Alammani, respectively. The image in the medallion illustrates the concept of the righteous but difficult path of virtue ( the "cammino" or road one should follow). The goddess of wisdom, Minerva, having laid down her broken lance, points out the steep mountainous path to what appears to be a soul. Two similar figures are visible halfway up the mountain. The steep path may also be the quest for poetic inspiration, as rivulets of water appear to flow down the mountain. Thus the location could be Helicon.
The face of the sitter corresponds closely to that of the Magdalene in Butteri's Deposition with Saints of 1583. The women share characteristics such as having their eyes set slightly close together, a short, pouty mouth, straight nose, and similar hairlines. Details, such as the soft-focus with which the white tufts of fabric of the baragoni are painted, and the delicacy of the tassels at the end of Christ's shroud, are very similar'.
We are grateful to Dr. Elizabeth Pilliod for confirming the attribution on the basis of photographs and for her assistance in cataloguing this lot.