Details
FRANK STELLA (NÉ EN 1936)
Untitled (Rainbow Type)
signé et daté 'Stella '68' (sur le revers)
acrylique sur toile
139.8 x 139.8 cm. (55 x 55 in.)
Peint en 1968.
Provenance
Lawrence Rubin Gallery, New York
Vente anonyme, Christie's New York, 6 novembre 1985, lot 24
Collection Jane et Gerald Katcher, États-Unis
Greenberg Van Doren Gallery, St. Louis
Artemis Greenberg Van Doren Gallery, New York
Jacobson Howard Gallery, New York
Galerie Marwan Hoss, Paris
Acquis auprès de celle-ci en 2005
Exhibited
Miami, Miami Art Museum, Dream Collection: Gifts and just a few Hidden Desires...part one, octobre 1996 - avril 1997.
New York, Artemis Greenberg Van Doren Gallery, All American Part II, octobre-novembre 2002.
Further Details
'UNTITLED (RAINBOW TYPE)'; SIGNED AND DATED ON THE OVERLAP; ACRYLIC ON CANVAS.

Brought to you by

Paul Nyzam
Paul Nyzam

Lot Essay

« Tout ce que je veux que les autres tirent de ma peinture, et tout ce que je cherche à en tirer moi-même, est le fait de pouvoir voir toute l’idée sans confusion… Ce que vous voyez c’est ce qu’il y a à voir »

‘’All I want anyone to get out of my paintings, and all I ever get out of them, is the fact that you can see the whole idea without any confusion... What you see is what you see”

— FRANK STELLA


« Je me dispute toujours avec les gens qui en reviennent constamment aux « vieilles valeurs » de la peinture - les valeurs « humanistes » qu’ils trouvent sur la toile. Si on les pousse dans leurs retranchements, ils finissent toujours par affirmer qu’il y a quelque chose au-delà de peinture sur la toile. Ma peinture est fondée sur le fait que tout ce qu’il y a à voir, c’est ce qui s’y trouve. Si le tableau était assez fin, assez exact ou assez précis, on pourrait juste le regarder. Tout ce que je veux que les autres tirent de ma peinture, et tout ce je cherche à en tirer moi-même, est le fait de pouvoir voir toute l’idée sans confusion… Ce que vous voyez c’est ce qu’il y a à voir » — Frank Stella

(F. Stella, cité in W.S. Rubin, Frank Stella, New York, 1970, pp. 41-42).

Peinte en 1968, cette oeuvre fait partie de l’une des séries de toiles les plus célèbres de Frank Stella, les mythiques Protactor qu’il commence à l’été 1967. Après le succès critique de sa série de tableaux minimalistes – de grandes oeuvres monochromes en shaped canvases – Stella commence, lors de l’été 1966, à explorer les possibilités chromatiques de la couleur pure. Inspiré en partie par le format semi-circulaire de la fresque d’Henri Matisse La Danse, peinte pour la maison d’Albert Barnes à Marion en Pennsylvanie, Stella poursuit son entreprise de réinventer radicalement le médium de la peinture en abandonnant ses tableaux monochromes dans une explosion de couleurs vives. Ici, les deux formes arrondies qui encadrent la composition sont constituées de multiples bandes de pigment coloré qui irradient depuis les angles opposés. Malgré leurs tonalités intenses, ces couleurs éclatantes cohabitent harmonieusement, par suite en partie de la décision de Stella de laisser une fine ligne de toile peinte de façon neutre entre chaque segment - soulignant ainsi son éclat et mettant en valeur l’intégrité de chaque zone individuelle de couleur.

Dans l’oeuvre de Stella, des formes comme celles-ci semblent au premier abord surgir au premier plan de la composition ; pourtant un examen plus approfondi parait les faire reculer et faire avancer les formes de l’arrière-plan vers l’avant. Tout aussi vite cependant, le jeu s’inverse, dans ce que les critiques considèrent comme la réussite particulière de cette série de tableaux : produire une conversation intense et constamment renouvelée, alors que les diverses formes qui constituent Untitled (Rainbow type) glissent de l’arrière vers l’avant, évoluant incessamment et luttant pour dominer la composition. La superposition des bandes de couleurs semble dans un premier temps suggérer une tridimensionnalité, mais quand le spectateur poursuit sa contemplation, elles paraissent se fondre rapidement avec les autres formes et couleurs de l’espace de la composition, abandonnant leur profondeur pour engendrer une dimension picturale parfaitement plane. Pour les critiques, l’une des principales qualités de ces oeuvres emblématiques réside dans la capacité de l’artiste à atteindre des résultats aussi complexes à partir d’un vocabulaire plastique d’une grande simplicité.


La précision inhérente aux toiles de Stella et l’intérêt de l’artiste pour la nature objective des tableaux plutôt que pour la représentation en fait un précurseur d’artistes tels que Donald Judd et Carl Andre. À l’opposé de ses prédécesseurs de l’expressionisme abstrait, l’absence revendiquée de spiritualité et la négation de toute dimension physique dans les oeuvres de ses débuts trouve écho dans le courant minimaliste. De fait, Carl Andre, l’un des fondateurs du mouvement, identifie des points communs entre le travail de Stella et le leur, déclarant que « Frank Stella ne s’intéresse pas à l’expression ou à la sensibilité. Il s’intéresse à la nécessité de peindre … Ses rayures sont les chemins du pinceau sur la toile » (C. Andre, cité in A .D. Weinberg, « The End Depends on the Beginning », in M. Auping, Frank Stella: A Retrospective, catalogue d’exposition, Whitney Museum of American Art, New York, 2015, p. 1).

Dans une assertion célèbre prononcée peu après la réalisation de Untitled (Rainbow type) et qui résume en quelque sorte la carrière de l’artiste, l’historien d’art Robert Rosenblum dit que « les qualités uniques qui font de Stella un artiste exceptionnel [comprennent sa] capacité à investir la peinture abstraite d’un sentiment d’énergie et de vélocité urgent et à lui faire porter des émotions qui vont de la sobriété puritaine à la jubilation la plus intense ; sa capacité à dynamiser simultanément l’oeil et l’esprit à l’aide d’images à la fois immédiatement frappantes par leur caractère direct et sensuel et graduellement irréfutables dans leur logique inéluctable ; et de plus, son pouvoir rare, à une période de l’histoire du XXe siècle où les vies d’artistes peuvent être tristement brèves, à soutenir une inventivité prodigieusement fertile » (R. Rosenblum, Frank Stella, New York, 1971, p. 51).

Untitled (Rainbow Type) est une toile emblématique de l’une des périodes les plus importantes dans l’oeuvre de Stella, où il rejette parfaitement l’illusion de profondeur ou d’espace. Il refuse d’adopter les « vieilles valeurs » de l’art et affirme la planéité et l’objectivité de la toile. Il ne rejette cependant pas les coups de pinceaux énergiques de l’expressionisme abstrait, comme le suggèrent souvent les critiques, mais insiste plutôt sur le déploiement de la surface complète, sans s’appuyer sur l’illusionnisme né de coups de pinceaux visuels ou de la profondeur impliquée par la couleur. La présente oeuvre est une contribution importante à ce dialogue. Alors que le mouvement Pop est la forme artistique prédominante, Stella pose déjà les jalons qui vont constituer les fondations de nouveaux horizons pour l’art.


“I always get into arguments with people who want to retain the ‘old values’ in painting - the ‘humanistic’ values that they always find on the canvas. If you pin them down, they always end up asserting that there is something there besides the paint on the canvas. My painting is based on the fact that only what can be seen there is there. If the painting were lean enough, accurate enough or right enough, you would just be able to look at it. All I want anyone to get out of my paintings, and all I ever get out of them, is the fact that you can see the whole idea without any confusion...What you see is what you see”— Frank Stella

(F. Stella, quoted in W.S. Rubin, Frank Stella, New York, 1970, pp. 41-42).

Painted in 1968, this work is related to one of Frank Stella’s most famous series of canvases; his iconic Protractor paintings which he began in the summer 1967. Having achieved critical acclaim with his series of ‘Minimalist’ style paintings—large monochromatic paintings distinguished by their distinctive shaped canvases—in the summer of 1966 Stella began to investigate the chromatic possibilities of vibrant color. Inspired in part by the semi-circular format of Henri Matisse’s mural The Dance, which the French master painted for Albert Barnes’ house in Merion, Pennsylvania, Stella continued with his radical reinvention of the painterly medium by abandoning his single color paintings in a riot of vibrant hues. Here, the two rounded forms that bookend the composition are comprised of a multiple bands of colorful pigment that radiate out from opposing corners. Despite their high-keyed values, these vibrant colors happily coexist, a result in part of Stella’s inspired decision to leave thin sliver of neutrally painted canvas between each segment—not only enhancing its vibrancy but also highlighting the integrity of each individual passage of color.
In Stella’s work, shapes such as these seem initially to be the dominant foreground imagery within the composition, yet prolonged study seems to make them recede and the background shapes move forward. Just as quickly, however, the play of movement reverses itself in what critics describe as a particularly notable accomplishment of this series and related paintings: producing a highly charged, restless interchange, as the various forms that make up the present work shift back and forth, constantly evolving, vying for dominance within the composition. The overlaying of the various bands of color seem at first to suggest three dimensionality, but as the viewer continues to look, they appear to quickly merge with the other shapes and colors in the compositional space, relinquishing their depth and uniting into an all-over flat picture plane. Critics have observed that one of the great accomplishments of works such as this is the artist’s remarkable ability to achieve such complex results from a vocabulary of such clear, seemingly simple components.

The precision that is inherent in Stella’s canvases and the artist’s interest in the objecthood of paintings rather than representation, has led to him being regarded as an precursor to artists like Donald Judd and Carl Andre. In stark contrast to his Abstract Expressionist forefathers, Stella’s purposeful lack of spirituality, individuality, and physicality in his early work finds kinship with the nascent stages of Minimalism. Indeed Andre, one of the founding fathers of the movement, identified Stella’s work as having much in common with theirs, saying “Frank Stella is not interested in expression or sensitivity. He is interested in the necessities of painting….His stripes are the paths of brush on canvas” (C. Andre, quoted in A. D. Weinberg, “The End Depends Upon the Beginning,” in M. Auping, Frank Stella: A Retrospective, exh. cat., Whitney Museum of American Art, New York, 2015, p. 1).

Writing not long after this work was painted, and summing up the artist’s career after his first decade of accomplishment, the influential art historian and curator Robert Rosenblum observed that, the “unique qualities that make Stella exceptional [include his] capacity to invest abstract painting with a sense of urgent energies and velocities and to make it convey emotions that range from puritan sobriety to delirious jubilation; his ability to revitalize simultaneously the eye and the mind with images both immediately arresting in their sensuous directness and slowly compelling in their logical inevitability; and not least, his rare power, in a period of twentieth-century history where artistic life-spans can be depressingly brief, to sustain a prodigious fertility of invention” (R. Rosenblum, Frank Stella, New York, 1971, p. 51).

Untitled (Rainbow Type) illustrates one of Stella’s most important periods in which he perfectly denied the illusion of depth or space. He refused to adopt traditional art’s “old values” and asserted the canvas’s flatness and objectivity. However, he was not rejecting Abstract Expressionism’s energetic brushstrokes, as critics often suggested, but insisting on the development of the overall surface, without relying on the illusionism that comes from the visual brushstrokes or the depth that color implies. This work is an important contribution to this dialogue. Just as Pop was the pre-dominant art form, Stella was already laying the foundations for art’s new horizons.

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