YVES KLEIN (1928-1962)
YVES KLEIN (1928-1962)

Monochrome bleu sans titre, (IKB 163) 

Details
YVES KLEIN (1928-1962)
Monochrome bleu sans titre, (IKB 163) 
signé, daté, dédicacé et situé 'pour Stella avec l'amitié de - Yves Klein le monochrome New York 1961' (au dos)
pigment pur et résine synthétique sur gaze montée sur panneau 
60 x 47.8 cm. (23 5/8 x 18 7/8 in.)
Réalisé en 1961.
Provenance
Collection Frank Stella, États-Unis (don de l'artiste)
Vente L'Art pour La Vie: œuvres du XXè siècle au profit de la Fondation Claude Pompidou, Cornette de Saint-Cyr, Paris, 26 mai 1998, lot 115
Acquis lors de cette vente
Literature
P. Wember, Yves Klein, Cologne, 1969, No. IKB 163 (p. 74).
P. Witten, R. et R. Klein-Moquay, Yves Klein USA, Paris, 2009 (p. 109).
Exhibited
Pasadena, Pasadena Art Museum, Serial Imagery, septembre-octobre 1968.
Further Details
'IKB 163'; SIGNED, DATED, DEDICATED AND LOCATED ON THE REVERSE; PIGMENT AND SYNTHETIC RESIN ON GAUZE MOUNTED ON BOARD.

Brought to you by

Paul Nyzam
Paul Nyzam

Lot Essay

« D’abord, il n’y a rien, ensuite il y a un rien profond, puis une profondeur bleue »

“First there is nothing, then a deep nothingness, and then a blue depth”

— YVES KLEIN CITANT GASTON BACHELARD

« On pourrait dire qu’Yves Klein était évidemment un performeur, mais il me semble qu’il était plus naïf que n’importe qui d’autre… C’était vraiment un bon artiste, capable à la fois d’inspiration et de perspicacité »

“You could say that obviously Yves Klein was a performer…, but it seems to me he was more naive than anybody else... He was a pretty good artist, capable of both inspiration and insight”

— FRANK STELLA



Saisissant par l’intensité de l’International Klein Blue emblématique de l’oeuvre d’Yves Klein, Monochrome bleu sans titre, (IKB 163) se révèle une oeuvre majeure, non seulement en raison de sa surface particulièrement riche et texturée, qui la place parmi les monochromes les plus séduisants de l’artiste, mais également du fait que Klein en fit cadeau à son ami Frank Stella, qui la conserva dans sa collection personnelle pendant plus de trois décennies.

En 1961, après avoir connu un grand succès en Europe, Klein émit le désir d’une plus grande reconnaissance aux États-Unis. Jean Larcade, le propriétaire de la prestigieuse galerie Rive Droite, que Klein rejoignit plus tôt dans l’année, avait de solides liens avec la scène artistique américaine. C’est ainsi qu’en mars, Klein et son épouse Rotraut embarquent à bord d’un transatlantique à destination de New York pour la première exposition consacrée exclusivement à Klein aux États-Unis, Yves Klein le monochrome, à la galerie de Leo Castelli. Débuter dans cette galerie, où des artistes comme Robert Rauschenberg, Jasper Johns et Frank Stella venaient d’exposer quelques-unes des oeuvres les plus avant-gardistes de leur temps, était un vrai coup. Rotraut se souvient d’avoir assisté à des soirées dans des ateliers d’artistes presque chaque nuit, d’avoir eu d’intenses discussions avec Kelly, Kline, de Kooning, Newman, Rauschenberg, et Johns. Conformément à une certaine tradition d’échanges entre artistes, Klein fit cadeau d’oeuvres à Rauschenberg, Duchamp, et donc Stella.

Pourtant, une rivalité féroce faisait rage entre New York et Paris pour l’hégémonie culturelle de l’époque. C’est pourquoi Klein demeura longtemps assez controversé outre-Atlantique. « New York n’était probablement pas vraiment prête pour Yves. Ce n’était pas vraiment le bon moment. Sa spiritualité et sa qualité esthétique ne furent pas comprises au début de l’ère consumériste » (R. Klein, cité dans Yves Klein : a career survey, catalogue de l’exposition, L Arts, New York, 2005). L’exposition chez Castelli présentait exclusivement les monochromes grand-format et, même si les critiques américains devaient par la suite reconnaître en Klein la préfiguration des mouvements d’avant-garde des années 60 et 70 – art minimal, conceptuel, environnemental, corporel, voire peut-être le Pop art – ils furent, à l’époque, tentés de percevoir ses expériences avec le monochrome comme des influences des toiles de Mark Rothko, Clifford Still et Barnett Newman.

Monochrome bleu sans titre, (IKB 163) est un exemple emblématique de l’utilisation par Klein du monochrome comme méthode idéale pour amener les regardeurs au concept de ce qu’il nomma la « zone d’immatérialité », qui réside en dehors des domaines terrestres de l’espace et du temps. Tandis que d’autres artistes explorèrent eux aussi les voies du monochrome, les toiles de Klein se démarquent singulièrement en raison de leur intention. Ayant entamé sa réflexion sur le monochrome dès 1947, Klein fut totalement absorbé par les propriétés des pigments et la surface de l’oeuvre qui en résultait, particulièrement l’impact qu’elles auraient sur le spectateur. Son exploration de la couleur se concentra sur le but ultime de création d’une expérience d’engloutissement. Ainsi, dans la surface vibrante de Monochrome bleu sans titre, (IKB 163) et ses coins doucement arrondis, le vide se fait physique, lorsqu’il semble suspendu devant nous, offrant une ouverture fascinante sur un monde inconnu. « Je cherche à mettre le spectateur devant le fait que la couleur est un individu, un personnage, une personnalité. Je sollicite une réceptivité chez l’observateur qui fait face à mes oeuvres. Cela lui permet de considérer tout ce qui entoure effectivement le monochrome. De la sorte, il peut s’imprégner lui-même de la couleur et la couleur s’imprègne en lui. Ainsi, peut-être, est-il capable d’entrer dans un monde de couleur. » (Y. Klein cité par S. Stich dans Yves Klein, dans le catalogue de l’exposition à la Hayward Gallery, Londres, 1994).


Dazzling with the intensity of Yves Klein’s signature International Klein Blue, Untitled blue monochrome, (IKB 163) is an important painting, not only because of its particularly grainy luxurious surface that places it among Klein’s most seductive monochromes, but also because it was given by Klein to his friend and contemporary, Frank Stella, who kept it in his personal collection for over three decades.

In 1961, having already made a name for himself as a triumphant talent in Europe, Klein coveted American recognition. Jean Larcade, the owner of the prestigious Galerie Rive Droite in Paris, that Klein joined earlier that year, had strong connections with the American art scene. And thus, in March, Klein and his wife Rotraut embark on board of a transatlantic liner to New York for his first solo show in the US at the Leo Castelli Gallery Yves Klein le monochrome. Debuting in the same gallery where the artists like Robert Rauschenberg, Jasper Johns and Frank Stella has recently exhibited some of the most advanced work of the time was quite a coup. Rotraut recalls attending studio parties almost every night, having intense discussions with Kelly, Kline, de Kooning, Newman, Rauschenberg, Johns. As part of the exchange of artworks between the artists, Klein gives his monochromes to Rauschenberg, Duchamp and the present Untitled blue monochrome, (IKB 163) to Stella.

However, a fierce rivalry between New York and Paris for cultural hegemony at that time made Klein’s stay in New York quite controversial. “New York was probably not really ready for Yves. It was not really the right time for it.
His spirituality and aesthetic quality didn’t click at the beginning of the consumerist era” (R. Klein, quoted in Yves Klein: a career survey, exh. cat., L Arts, New York, 2005). Castelli’s exhibition featured exclusively Klein’s large-format monochrome paintings and even though the US critics would later recognize Klein as a prefiguration of the avant-garde movements of the 60s and 70s – minimal, conceptual, environmental, body and perhaps even Pop art – they were tempted at that point to perceive his experiments with monochrome as influenced by the canvases of Mark Rothko, Clifford Still and Barnett Newman.

Untitled blue monochrome, (IKB 163) serves as an exquisite testimony to Klein using the monochrome as an ideal method to bring people into the concept of what he termed the “zone of immateriality”, residing outside the earthly realms of prescribed time and space. While other artists, too, were inspired to create monochrome works, Klein’s intense canvases stand out uniquely from others’ compositions in their intention. Beginning his reflection on the monochrome as early as 1947, Klein was fully engrossed in the properties of the pigments and the resultant surface of the work, particularly the impact that these properties would have on the viewer. His exploration of color centered on the ultimate goal of creating an engulfing experience for the viewer. Thus, in Untitled blue monochrome, (IKB 163)’s vibrant surface and gently rounded corners, the void becomes physical, as it appears to hover before us offering an enticing aperture into an unknown world. “I seek to put the spectator in front of the fact that color is an individual, a character, a personality. I solicit a receptivity from the observer placed before my works. This permits him to consider everything that effectively surrounds the monochrome painting. Thus he can impregnate himself with color and color impregnates itself in him. Thus, perhaps, can he enter into a world of color” (Y. Klein quoted in S. Stich, Yves Klein, exh. cat., Hayward Gallery, London, 1994).

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