Provenance
Marie-Berthe Aurenche, Paris (don de l'artiste, jusqu'à au moins 1948).
Galerie Bignou, Paris (avant 1963).
Madeleine Castaing, Paris (avant 1990).
Vente, Sotheby's, Londres, 21 février 1990, lot 64.
Acquis au cours de cette vente par le propriétaire actuel.
Exhibited
Edinbourgh, Royal Scottish Academy et Londres, Tate Gallery, Chaïm Soutine, août-novembre 1963, p. 12 et 27, no. 57.
Munster, Westfälisches Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte; Tubingen, Kunsthalle; Londres, Hayward Gallery et Lucerne, Kunstmuseum, Chaïm Soutine, décembre 1981-octobre 1982, p. 249, no. 95 (illustré en couleurs, p. 234).
New York, Galleri Bellman, Soutine, 1893-1943, décembre 1983-janvier 1984 (illustré, pl. 37).
Further Details
Tout au long de la carrière de Chaïm Soutine – à l’exception de la période entre 1925 et le début des années trente – la présence des arbres est récurrente. À travers leur facture, on suit le déroulement de son œuvre: arbres aux violentes torsions du Midi, arbres immenses d’harmonie et d’équilibre peints dans la région de Chartres, arbres plus romantiques peints à Civry au début de la guerre, ou ceux enfin des derniers mois de sa vie, dont la présente œuvre fait partie, et desquels émane une profonde poésie. Depuis 1941, grâce à une fausse carte d’identité, Soutine trouve refuge pendant l’occupation dans un petit village de Touraine, Champigny-sur-Veuldre.
Caractérisé par une touche vive et puissante, Paysage à Champigny peint en 1943, année de la mort de l’artiste, incarne le potentiel expressif de Soutine dans ses paysages tardifs. À la fin de sa vie, seuls deux artistes semblent l’influencer: Gustave Courbet – en particulier – et Jean-Baptiste-Camille Corot. L’importance de Courbet sera à fortiori plus importante que celle de Rembrandt dans les dix dernières années de sa vie. La sérénité du naturalisme qui émane de cette œuvre est ici rompue par l’utilisation d’une touche brève, hâtive et saccadée de hachures qui torturent les troncs, conférant au paysage un esprit nervalien, caractéristique de l’œuvre de l’artiste. Dans la présente œuvre, le feuillage et la verticalité des troncs dominent et animent la toile dans une composition où la nature semble dépasser l’Homme. En cela que les arbres semblent ne former qu’un seul ensemble et que les canards se confondent presque avec le ruisseau, l’artiste transforme cette composition en une métaphore qui lui est très personnelle: l’œuvre illustre «l’inévitable fusion entre les formes et les sujets, la personnification des formes, de la chair et des pigments, fondamentale dans tant dans ses paysages, que dans ses natures mortes ou portraits» (Chaïm Soutine, cat. exp., Munich, 2009, p. 65).
Throughout Chaïm Soutine’s career – with the exception of the period between 1925 and early 1930s – trees make a recurring presence in his works. The gnarled contorted trees of the South of France, huge balanced and beautiful trees painted in the area of Chartres, more romantic trees painted in Civry at the beginning of the war, or, lastly those of the final months of his life, of which this work is a prime example that radiate a profound poetry. From 1941, using a false identity card, Soutine sought refuge from occupied Paris in the village of Champigny-sur-Veuldre in Touraine.
Painted in 1943, year of Chaïm Soutine’s death, and characterized by powerful strokes of bold colour, the present work exemplifies Chaïm Soutine’s expressive potential as a landscape artist. There were only two painters for whom Soutine is reputed to have felt any warmth in his mature years: Courbet in particular and Corot. Courbet’s influence on his work was probably greater than Rembrandt’s, especially during the last ten years of his life. Colour composition, the voluptuous aspect of the paint dominate the later works such as Paysage à Champigny. In the present work, as the foliage of the trees and the verticality of their trunks enliven the canvas, nature seems to gain the upper hand. The trees seem to blend together and as the ducks appear to merge with the stream, the artist transformed this visual construction into an extremely personal metaphor: “it became a way of expressing this inevitable fusion of forms and subjects, this personification of forms, flesh and pigments, fundamental in his landscapes, his still lives and portraits” (Chaïm Soutine, exh. cat., Munich, 2009, p. 65).